Après une première question de la présidente de la commission des lois Muriel Jourda, Richard Ferrand fait face à la première salve de question des sénateurs. Il se retrouve immédiatement confronté à deux critiques formulées par certains parlementaires sur sa candidature : sa proximité avec le chef de l’Etat et son manque d’expérience juridique.
« L’actuel président du Conseil constitutionnel déclarait il y a peu que ses neuf membres doivent répondre à trois exigences : la compétence, l’expérience et l’indépendance. Pensez-vous satisfaire ces trois exigences ? », l’interroge ainsi la sénatrice socialiste Marie-Pierre de La Gontrie. « Je considère que l’expérience parlementaire constitue un apport pour le Conseil, je ne sais pas si cela vaut compétence, mais j’ai le sentiment que cela pourrait être utile », lui répond Richard Ferrand. « L’indépendance est difficile à démontrer a priori », ajoute-t-il, avant d’estimer que « le débat sur les critères de choix des membres du Conseil constitutionnel est aussi ancien que le Conseil constitutionnel ».
Enfin, Richard Ferrand a été interrogé sur un sujet particulièrement sensible pour les parlementaires : les cavaliers législatifs, régulièrement invoqués par le Conseil constitutionnel pour censurer certaines dispositions dans les textes votés par les deux chambres. Il y a un an, la majorité sénatoriale en a notamment fait les frais, avec la censure d’une large partie des mesures ajoutées au projet de loi sur l’immigration. Des mesures retoquées « pour des motifs de forme, de cavaliers législatifs, et non pour des motifs de fond sur lesquels le débat aurait été légitime », regrette le sénateur Les Républicains Marc-Philippe Daubresse, qui précise qu’une révision constitutionnelle datée de 2008 autorise le dépôt d’amendements en « lien indirect avec le texte ».
« Si vous vous étiez retrouvés à devoir donner votre position sur cette loi immigration, est-ce que vous vous en seriez tenu à l’esprit et à la lettre de la Constitution ? », lui demande le sénateur. « Comme je ne siégeais pas, je ne suis pas tenu de le dire », balaye d’abord Richard Ferrand, avant d’esquisser une réponse : « Sans doute faut-il que le Conseil constitutionnel explicite mieux les limites qu’il pose sur le lien direct ou indirect [des amendements avec un texte], et qu’un dialogue puisse être possible avec les responsables des commissions des lois pour essayer de gagner en prévisibilité. »