Préoccupation majeure des Français, selon un sondage CSA publié en avril 2024, le pouvoir d’achat est au cœur de la bataille programmatique qui se joue aujourd’hui entre les principales formations politiques, en vue des élections législatives anticipées qui se dérouleront le 30 juin et 7 juillet prochains. Ce thème incontournable constitue certainement un enjeu politique crucial, qui peut décider de l’issue du scrutin et façonner le nouveau rapport de force partisan qui en résultera. Particulièrement inventifs en la matière, les partis tentent désormais, à coups de propositions populaires, de conforter ou de conquérir leur électorat, en se mettant au diapason de leurs inquiétudes et de leurs aspirations.
Renaissance courtise les classes moyennes
Ce 15 juin, au siège de Renaissance (VIIIe arr.), Gabriel Attal a dévoilé le programme de la majorité présidentielle, qui accorde une place privilégiée à la question du pouvoir d’achat.
Première promesse de campagne, l’augmentation du montant de la « prime Macron », aujourd’hui fixée à 6 000 euros et qui pourrait atteindre 10 000 euros « sans charge, ni impôt ». Le chef du gouvernement a, en outre, promis une baisse des factures d’électricité de 15 % « dès l’hiver prochain », ce qui permettrait à chaque Français d’économiser près de 200 euros par an. Il a également annoncé la création d’une complémentaire santé « publique » à un euro par jour, bénéficiant aux personnes qui ne sont pas couvertes par une mutuelle.
Dans le domaine immobilier, le Premier ministre a évoqué une exonération des frais de notaires pour les primo-accédants à la propriété issus des classes moyennes. En parallèle, la mise en place d’une taxe sur les rachats d’actions, destinée à financer « un fonds de rénovation énergétique », et la diminution du prix des fournitures scolaires jusqu’à 15 %, grâce à des « achats groupés », sont présentées en faveur des couches « moyennes et populaires ».
Le Rassemblement national prône un ajustement financier unilatéral sur le marché européen
A l’extrême droite, le Rassemblement national, en tête des intentions de vote, a exposé les principaux axes de son programme par la voix de son président, Jordan Bardella, invité de BFMTV ce vendredi 14 juin. « La priorité, c’est celle du pouvoir d’achat », a-t-il martelé au micro d’Apolline de Malherbe, face à laquelle il a promis une « baisse immédiate » de la TVA de 20 % à 5,5 % sur le carburant, l’électricité, le gaz et le fioul ; une mesure dont le ministre de l’Economie et des Finances a dénoncé le coût considérable et prédit l’inefficacité.
Le chef du parti défend, en outre, une ligne énergétique nationale, dérogeant aux règles en vigueur sur le marché européen. Déplorant la situation financière du pays, il s’est engagé à lancer un « audit » sur les finances publiques, avec le concours de la Cour des comptes et de l’inspection générale des finances.
Les Républicains, ou l’absence de ligne claire
A droite, les Républicains, fragilisés par leurs dissensions internes suite à l’alliance d’Eric Ciotti avec le RN, proposent une augmentation des salaires, financée par une réduction des cotisations sociales pour les salariés touchant moins de 4200 euros net.
Sur le plan de l’énergie, le parti est plus divisé, certains cadres s’étant prononcés en faveur d’une baisse des taxes sur l’électricité, alors que d’autres ont, au contraire, défendu leur augmentation.
Le Nouveau Front populaire met l’accent sur le montant des salaires et le prix de l’énergie
A gauche du spectre partisan, où la thématique du pouvoir d’achat est traditionnellement portée en étendard, le Nouveau Front populaire s’est dernièrement emparé de ce sujet à l’occasion de sa première conférence de presse, qui s’est tenue à la Maison de la chimie, le 14 juin dernier. Attendu de longue date, ce contrat de législature définit de grandes priorités qui restent à étoffer.
Au programme, une hausse du salaire minimum net mensuel de 200 euros à 1 600 euros, le blocage des prix sur les biens de première nécessité, ou encore l’indexation des salaires sur l’inflation, une mesure réclamée de façon récurrente par plusieurs syndicats, ainsi que par le Parti communiste et la France insoumise. En matière énergétique, l’union de la gauche prévoit, plus spécifiquement, l’abolition de la taxe Macron de 10 % sur les factures d’énergie et l’annulation de la hausse du prix du gaz programmée au 1er juillet prochain.
A seulement deux semaines du scrutin, on ne compte plus les promesses électorales sur le pouvoir d’achat, que chaque parti politique promet d’augmenter et s’évertue, dans l’immédiat, à convertir en puissant multiplicateur de voix.
Eglantine Mougin