La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Paroles de nouveaux sénateurs : « Nous n’avons pas d’autre choix que de mettre en place une coalition de tous les républicains pour gouverner le pays », selon Khalifé Khalifé
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Quel est votre parcours avant d’arriver au Sénat ?
Rien ne me destinait à la vie politique. J’ai été chef du pôle cardiologie du CHR Metz-Thionville, et j’ai présidé pendant neuf ans la commission médicale d’établissement. Petit à petit, j’ai défendu des projets en lien avec le milieu médical comme la construction d’un nouvel hôpital à Metz et la fusion de deux maternités pour en créer un de niveau 3. Deux projets qui ont vu le jour. Le maire de Metz de l’époque Jean-Marie Rausch me disait souvent qu’être élu me permettrait d’avoir plus de poids dans la défense de ce type de projets. J’ai pas mal hésité, puis j’ai décidé de franchir le pas. J’ai été conseiller municipal, adjoint au maire, conseiller départemental, vice-président du département en charge de l’enseignement. Puis en 2023, François Grosdidier, ancien sénateur et actuel maire de Metz m’a sollicité pour rejoindre la liste des candidats aux sénatoriales. En Moselle, nous n’avions jamais élu 3 personnes au Sénat. J’ai accepté, avec une condition : rester non encarté, pour donner un coup de main et combler la liste. Contre toute attente, j’ai été élu.
Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux élections sénatoriales ?
Mon expérience d’élu local m’a fait vite fait comprendre qu’un mandat plus national pouvait aider pour faire avancer et mener à bien, certains dossiers. Il n’y a pas de solution locale pour certains sujets comme la santé, la formation des médecins, le concours d’internat. Nous n’avons jamais eu autant de médecins formés et dans le même temps autant de manques de généralistes. Tous ces sujets concernent nos territoires touchés par la désertification médicale.
Autre dossier social qui me tient à cœur et sur lequel j’ai voulu avancer en devenant sénateur : le handicap chez les personnes vieillissantes. On sait que ces personnes occupent 10 000 places en IME qui sont à l’origine destinées à de jeunes personnes handicapées. C’est pourquoi mon premier amendement visait à améliorer l’amendement Creton permettant depuis 1989 le maintien dérogatoire de jeunes adultes accueillis dans des établissements et services pour enfants handicapés, tels que les instituts médico-éducatifs (IME), en attendant de trouver une place dans des structures pour adultes. Nous avons proposé d’expérimenter l’accueil de jeunes de 16 ans et plus en situation de handicap dans des dispositifs de transition autorisés par l’ARS et le conseil départemental, sur orientation de la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) avec le même financement que les établissements médico-sociaux accueillant des personnes en situation de handicap.
Avez-vous le sentiment d’avoir pu faire tout cela depuis votre élection en septembre 2023 ?
J’ai le sentiment du devoir accompli même si cet amendement voté à l’unanimité est toujours en attente d’application par le gouvernement ! Concernant les sujets de santé et de démographie médicale, j’ai continué en un an, à faire le lien et à faire remonter les préoccupations des intercommunalités, des maires du département au sein de la commission des affaires sociales du Sénat.
Comment avez-vous vécu votre arrivée au Sénat ?
C’était particulier, car trois recours déposés pour invalider les élections sénatoriales de 2023 par l’ancien sénateur Jean-Louis Masson, par Michel Rambour (RN) et Anne Boucher (Horizons), deux candidats battus. Le conseil constitutionnel les a tous rejetés, entérinant ainsi les résultats de ce scrutin. Pendant 6 mois, j’ai été suspendu à l’avis de la justice, obligé de continuer à assurer mes fonctions locales car je ne pouvais pas démissionner tant que les résultats n’étaient pas officiels. C’était très désagréable et très prenant de tout mener de front.
Heureusement l’ambiance était exceptionnelle avec un accueil chaleureux des collègues de tous bords politiques. C’est selon moi une des spécificités du Sénat.
Quel texte retenez-vous de votre première année au Sénat ?
J’ai été très investi dans la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier. J’ai participé à 2/3 des auditions et le sujet m’a impressionné car c’est une réalité dramatique. Le narcotrafic impose de questionner la pertinence des modes d’action des pouvoirs publics et il était crucial de faire des préconisations. J’ai souhaité apporter une plus-value au travail de la commission en rédigeant l’annexe 4 du rapport qui détaille l’ensemble des drogues, leur origine, leur dosage, leurs risques et dangers.
La période politique actuelle est très incertaine et inédite, quelle analyse en faites-vous, en particulier du rôle du Parlement ?
Il me semble important d’insister sur le rôle et la place du Sénat dans cette période politique totalement instable. Sur le terrain, on me dit souvent que le Sénat fait office de figure de stabilité et que c’est rassurant. Concernant la suite, nous n’avons pas le choix que de mettre en place une coalition de tous les républicains pour gouverner le pays et pouvoir faire passer des textes comme le propose Emmanuel Macron. Nous ne pouvons pas aggraver la situation actuelle, il faut un dialogue.
Sur quels sujets voulez-vous travailler à la rentrée ?
Je vais continuer à travailler sur le sujet de la démographie médicale si importante pour nos territoires. La France est en Europe le premier pays sur 23 à déplorer des difficultés à trouver du personnel médical, ce n’est pas normal. Les déserts médicaux et les difficultés d’accès aux soins sont une préoccupation majeure des Français.
Propos recueillis par Sandra Cerqueira
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