Paris : Gabriel Attal conference de presse

« Pas de hausse d’impôts quoi qu’il arrive », promet Attal : « Démagogie pure » répond la commission des finances du Sénat

Lors d’une conférence de presse, Gabriel Attal a fustigé a renvoyé dos à dos les programmes économiques du RN et du Nouveau Front Populaire, comme étant irréalistes tout en prenant l’engagement « d’inscrire dans la loi une règle d’or budgétaire, pas d’augmentation des impôts quoi qu’il arrive ». « Une impasse » pour les sénateurs de la commission des finances.
Simon Barbarit

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Quel serait le « jour d’après » pour « le porte-monnaie des Français » si le RN ou le Nouveau Front Populaire arrivaient au gouvernement après le 7 juillet ? C’était le ton donné par Gabriel Attal lors de sa conférence de presse ce jeudi au cours de laquelle le Premier Ministre a dressé un scénario catastrophe digne du film de Roland Emmerich. Fustigeant les promesses de campagne de ses adversaires, le programme du Nouveau Front Populaire, qu’il persiste à nommer Nupes entraînerait selon lui « 300 milliards de dépenses nouvelles et 50 milliards d’impôts nouveaux dès cet été », contre 140 milliards d’euros de dépenses sans l’once du début d’une piste de financement » pour le Rassemblement National.

Reste donc une troisième voie, celle de la désormais ex-majorité présidentielle et portée par Gabriel Attal, celle qui permettra aux ménages de « gagner plus et dépenser moins », a-t-il assuré, paraphrasant au passage Nicolas Sarkozy. Pour ce faire, le Premier ministre a pris « l’engagement », « d’inscrire dans la loi une règle d’or budgétaire : pas de hausse d’impôt quoi qu’il arrive », affirme le Premier ministre.

« La France arrive à emprunter sur les marchés car elle en capacité de lever l’impôt »

Un engagement pour le moins hypothétique car les chances de voir Gabriel Attal encore à Matignon après le 7 juillet sont minces. Quoi qu’il soit, la mesure, point fort de sa conférence de presse, a à peine fait sourciller, les cadres de la commission des finances du Sénat. Les mêmes qui au mois de mars avaient dénoncé la « gestion budgétaire calamiteuse » du gouvernement en procédant à « un contrôle sur pièce et sur place » à Bercy. « De la démagogie pure. D’abord parce qu’inscrire cette règle d’or dans la loi n’engage à rien. Ce qu’une loi fait une autre peut le défaire. A ce titre, il empiète sur une prérogative du Parlement. Ensuite parce que ça se retournerait contre le pays. La France arrive à emprunter sur les marchés car elle en capacité de lever l’impôt. Enfin, c’est en contradiction avec d’autres mesures décidées par l’exécutif cette année, comme l’augmentation de la taxe sur l’électricité de 10 % », expose Claude Raynal, le président socialiste de la commission des finances.

« S’interdire toutes recettes nouvelles, conduirait la France dans une impasse », renchérit Jean-François Husson (apparenté LR), rapporteur général du budget. « Cette annonce comme celle de la dissolution n’a pas été préparée. D’autant plus que le gouvernement n’a pas été avare en hausse d’impôts et création de taxes, comme celle sur les infrastructures de transport (qui pourrait se répercuter sur les prix des péages ndlr), la taxe streaming, la hausse de la taxe sur le gaz. Il envisage aussi de taxer les rachats d’action. Une fois de plus, le gouvernement rajoute du brouillard au flou ».

« Il nous condamne à la dette perpétuelle »

Le sénateur communiste, spécialiste des questions fiscales, Éric Bocquet qualifie « d’hallucinante » la proposition du Premier ministre. « Cela voudrait dire qu’on fige l’Etat et qu’on le met dans l’incapacité d’agir et qu’il n’y a plus de vie politique. L’évasion fiscale constitue un manque à gagner de 80 milliards d’euros par an. Nous avons également 465 niches fiscales qui correspondent à 94 milliards d’euros. Quant aux aides publiques au monde économique, elles sont estimées à 150 milliards. Je ne dis pas qu’il faut tout supprimer, mais il faut regarder leur conditionnalité ». Le Nouveau Front Populaire propose de revenir à 14 tranches d’impôts. « Nous en avons actuellement 5 avec un taux maximal de 45 %. Ce taux ne concerne que les 3 ou 400 000 foyers les plus riches. Gabriel Attal joue sur la panique des Français mais il faut rétablir les chiffres. Cette année, le gouvernement a financé le budget avec 285 milliards d’emprunts. Ça veut dire que le gouvernement verse 52 milliards d’intérêts aux marchés financiers. S’il veut geler cette situation, il nous condamne à la dette perpétuelle ».

Il y a 7 ans, quelques semaines après la première élection d’Emmanuel Macron, c’est Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne Rhône Alpes qui prônait « règle d’or » fiscale, « le seul moyen de retrouver une crédibilité économique », estimait-il en plaidant pour « une baisse de la dépense publique ».

 

 

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