Les appels à l'expulsion ou au jugement pour intelligence avec l'ennemi de personnes fichées S (pour "sûreté de l'État") est "un mauvais débat", a jugé vendredi la ministre des Armées Florence Parly, estimant qu'on ne peut arrêter quelqu'un qui n'a rien commis de répréhensible.
"C'est un fichier qui permet de suivre des personnes dont on pense qu'elles sont susceptibles de commettre des actes répréhensibles mais qui n'en ont pas commis", a rappelé la ministre sur Radio Classique.
"Nous sommes en France, dans un pays de liberté dans lequel on ne peut pas (...) arrêter quelqu'un pour le seul motif qu'on pense qu'il va peut-être commettre quelque chose", qu'il soit "étranger ou français", a-t-elle ajouté.
"Donc tout ce débat, sur les étrangers, sur le fait de rendre publiques les données qui sont incluses dans le fichier S, est un mauvais débat", a-t-elle insisté.
Après l'attentat de Strasbourg, dont l'auteur plusieurs fois condamné par la justice était également fiché S pour radicalisation islamiste, des voix se sont élevées à droite pour réclamer des mesures plus strictes à l'encontre de ces personnes repérées par les services de renseignement.
La présidente (LR) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a souhaité jeudi, comme la présidente du Rassemblement naitonal (RN) Marine Le Pen, que les fichés S pour radicalisation puissent être déférés devant la justice pour "intelligence avec l'ennemi".
Le patron des Républicains Laurent Wauquiez continue, lui, de plaider pour un internement préventif des fichés S les plus dangereux sans évoquer un passage devant les juges.
Mme Pécresse a en outre souhaité, comme M. Wauquiez et Mme Le Pen, "expulser les fichés S radicalisés étrangers parce qu'ils sont dangereux et nous avons une procédure dans la loi française qui permet l'expulsion".
Le nouveau délégué général de La République en marche, Stanislas Guerini, a dénoncé vendredi sur LCI "des propositions qui visent en réalité à faire de la surenchère et à laisser penser qu'on pourrait avoir un risque zéro".
"Les spécialistes du renseignement eux-mêmes disent que la proposition (d'incarcérer préventivement les fichés S) n'a pas de sens", a-t-il fait valoir.
La fiche "S", qui figure au Fichier des personnes recherchées (FPR), est un outil de police, une balise, servant notamment à repérer un individu lorsqu'il tente de passer les frontières.
Quant aux questions sur la sécurisation du marché de Noël de Strasbourg, où l'assaillant est parvenu à entrer armé malgré les fouilles, Florence Parly a souligné que "le dispositif de maintien de la sécurité était aussi efficace que possible sachant que c'est très difficile surtout dans cette période de préparation des fêtes de Noël".
"La sûreté à 100% c'est très difficile à organiser mais les forces de sécurité qui étaient présentes et nombreuses sur le marché de Strasbourg ont parfaitement réagi", a-t-elle jugé.
"La seule chose qui compte c'est que ce terroriste ait finalement été identifié, retrouvé et neutralisé", a-t-elle conclu.