77% des Français aiment leur travail. Un pourcentage particulièrement élevé, qui ressort de l’enquête « Parlons Travail », réalisée par la CFDT. « Ce n’est pas parce qu’on aime son travail qu’on ne doit pas travailler dans de bonnes conditions », tempère Hervé Lanouzière, directeur général de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Des propos qui font écho aux autres chiffres de l’enquête, et notamment au 37% des répondants qui affirment avoir déjà fait un burn-out.
La reconnaissance du burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, est l’une des mesures phares du programme de Benoit Hamon. « Ce qui nous intéresse, c’est de faire en sorte que celui qui travaille ne soit pas meurtri ou abimé par le travail. C’est pourquoi j’ai formulé une telle proposition », justifie le candidat PS à l’élection présidentielle.
L’ancien ministre de l’Education s’est également prononcé en faveur du compte pénibilité, qu’il souhaite intégrer à la nouvelle loi Travail qu’il propose. Une mesure à laquelle François Fillon est, lui, opposé. Le candidat de la droite est davantage focalisé sur l’augmentation du temps de travail que sur le bien-être des salariés. « C’est la seule condition pour avoir de vraies perspectives d’avenir », affirme t-il. L’ancien Premier ministre plaide pour un passage à 39 heures de travail par semaine. Et ce alors même que plus de 50% des personnes ayant répondu à l’enquête de la CFDT estiment avoir une quantité de travail excessive.
Le travail peut nuire à la santé
Une charge de travail qui empêche en partie un tiers d’entre eux de bien dormir. « Cela peut vouloir dire deux choses : soit le salarié travaille trop intensément, soit il travaille trop longtemps », explique Benoit Hamon, qui propose d’encourager la réduction du temps de travail s’il est élu le 7 mai prochain. L’enquête « Parlons Travail » fait le lien entre travail et santé. Au-delà du manque de sommeil, 35% des répondants considèrent que leur travail nuit à leur santé et 44% disent ressentir souvent des douleurs physiques à cause de leur travail.
Certaines personnes sont même amenées à prendre des médicaments pour tenir (17%). Un mal-être souvent lié au manque d’autonomie des travailleurs : 74% d’entre eux préféreraient être plus autonomes plutôt que davantage encadrés. Mais autonomie ne signifie pas pour autant moins de collectif. Au contraire. La majorité d’entre eux prône la solidarité (69%). Et solidarité semble rimer avec pied d’égalité si on s’en tient aux résultats de l’enquête, puisque près de 80% des répondants disent vouloir un fonctionnement plus démocratique au sein de leur entreprise.
« La démocratie ne doit pas s’arrêter aux portes de l’atelier ». Benoît Hamon cite Jaurès. Il estime qu’il faut « renforcer la participation des salariés aux décisions de l’entreprise, donner plus de pouvoir aux comités d’entreprise et exiger un dialogue social de qualité ». « La co-décision à l’allemande ça marche », assure le candidat. De son côté, François Fillon affirme avoir « toujours défendu les syndicats ». L’année dernière, il avait pourtant dit vouloir limiter le temps consacré à l’activité syndicale. Face à Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, le candidat tempère.