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« Pacte d’action » de Gabriel Attal : des propositions insuffisantes pour former une coalition

Le groupe « Ensemble pour la République » s’est réuni pour échanger sur le « pacte d’action pour les Français ». Si le texte n’est pas encore définitif, il doit servir de base de négociations avec les autres forces politiques de l’Assemblée nationale. Sans véritables nouveautés, les chances de succès sont maigres.
Henri Clavier

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Plus de trois semaines après le second tour des élections législatives, la première version du « pacte d’action pour les Français » du groupe Ensemble pour la République (EPR), présidé par Gabriel Attal, a été dévoilée par le Figaro. Après une réunion en visioconférence avec les députés du groupe, ce mardi 30 juillet, le Premier ministre s’entretiendra avec le reste de l’équipe gouvernementale mercredi 31 juillet.

Avec ce « pacte d’action pour les Français », l’ex majorité présidentielle répond au « pacte législatif » présenté par LR la semaine dernière. Les propositions du groupe EPR, qui compte 99 députés, doivent permettre de poser les bases de négociations permettant d’aboutir à la formation d’une large coalition qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin. « Face à la nécessité de rassembler des forces politiques aux orientations différentes, nous sommes prêts à travailler avec d’autres groupes politiques, et à cette fin à discuter de propositions qui ne figurent pas dans ce texte », peut-on lire dans le document.

Peu de nouveautés

Ce « pacte d’action pour les Français », initié par Gabriel Attal regroupe quelques dizaines de propositions autour de six axes : « défendre nos valeurs et institutions » ; « pouvoir d’achat, travail et logement » ; « préserver notre Planète » ; « plus d’autorité et plus de sécurité » ; « des services publics plus forts » et « plus de souveraineté » « en investissant dans l’avenir ». Les mesures sont conditionnées au respect de trois principes, la responsabilité budgétaire, l’inscription de la France dans le projet européen et la lutte indispensable contre le dérèglement climatique. Seul bémol, le « pacte d’action pour les Français » ressemble davantage à un programme de campagne qu’à une base de négociation. En effet, les mesures proposées comme la généralisation du testing sur les discriminations en entreprise ou le versement automatique des aides sociales à partir de 2027, reprennent des propositions déjà formulées par le groupe EPR. L’idée d’une réforme de l’assurance-chômage, abandonnée par Gabriel Attal dans l’entre deux tours, fait son retour sans que les contours de cette réforme ne soient précisés.

« Il y a très peu de mesures concrètes et dans les grandes lignes c’est le programme macroniste tel qu’il est décliné depuis 2017. C’est presque une défense du bilan d’Emmanuel Macron. Ça ressemble beaucoup au constat posé par Emmanuel Macron lors de son interview le 22 juillet où il affirmait que personne n’avait gagné et que personne n’avait perdu », juge Emilie Zapalski, experte en communication politique et fondatrice de l’agence Émilie Conseil. Parmi les nouveautés, la proposition d’organiser un référendum chaque année ou encore la mise en place d’une « stratégie PISA 2030 » destinée à « élever » le niveau des élèves.

Encadrer d’éventuelles négociations

Alors que plusieurs cadres du groupe évoquaient la nécessité d’un changement de méthode afin de prendre acte des résultats du 7 juillet, le « pacte d’action pour les Français » s’inscrit dans la continuité. « Ce document ne résout absolument rien, la forme en elle-même est étonnante, on a d’abord une liste de mesures qui s’articulent autour de six axes et ensuite un seul paragraphe évoquant les possibilités de négociations sur certains points. Même si le document se veut une « base de négociation » , c’est une drôle de façon de nouer des compromis, on dirait que c’est presque voué à l’échec, il y a peu de points susceptibles de faire l’objet de compromis », juge Emilie Zapalski. Ce « pacte d’action pour les Français » ressemble presque au dernier souffle du « en même temps », proposant un durcissement de la politique pénale et l’ouverture d’une réflexion sur les profits et rentes indus. Néanmoins, « voir l’arc républicain se matérialiser dans un gouvernement allant de LR jusqu’au PS semble toujours improbable », considère Emilie Zapalski.

Certains points pourraient tout de même être susceptibles d’accord, notamment avec le NFP. Le document évoque par exemple « de nouveaux efforts sur l’attractivité du métier d’enseignant » ou « la mise en place de quotas d’infirmière par malade dans les services hospitaliers ». Des mesures qui pourraient générer du consensus à gauche alors que la candidate du Nouveau Front Populaire pour Matignon, Lucie Castets affirme être prête à des compromis si elle est nommée Première ministre. Notons quand même que le document précise bien que la « liste non limitative de sujets ne doit pas faire perdre de vue l’absolue nécessité de maîtriser nos comptes publics », alors que le NFP veut créer 150 milliards d’euros de recettes supplémentaires.

« Il est également possible qu’EPR n’ait pas envie d’assumer le leadership d’une coalition qui pourrait être mise en grande difficulté dès la rentrée » 

S’il ne s’agit encore que d’un document provisoire, les « bases de négociation », telles que présentées dans le pacte, ne semblent pas susceptibles de créer des compromis durables. D’autant plus que Laurent Wauquiez, qui préside le groupe La Droite Républicaine, est particulièrement réticent à l’idée de former une coalition avec le bloc central. En effet, à l’Assemblée, LR se veut constructif mais dans l’opposition et défend son « pacte législatif ». Au sein du NFP les positions sont plus fluctuantes mais la France Insoumise reste opposée aux compromis sur le programme. « Il est également possible qu’EPR n’ait pas envie d’assumer le leadership d’une coalition qui pourrait être mise en grande difficulté dès la rentrée. La personne nommée devrait d’ailleurs se heurter à un mur dès l’automne et s’exposer à une motion de censure lors de la présentation du budget », estime Emilie Zapalski. En effet, la perspective de l’élection présidentielle en 2027, et des marges de manœuvre extrêmement réduites pourraient faire office de repoussoir. « Peut-être qu’aucun des camps ne veut prendre de responsabilités », envisage Emilie Zapalski.

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