Orpea : un sénateur fustige un « État brancardier » sans « vraie politique » pour la dépendance

Orpea : un sénateur fustige un « État brancardier » sans « vraie politique » pour la dépendance

Après la prise de contrôle par des capitaux publics du groupe d’Ehpad privés Orpea, dans la tourmente depuis un an, le sénateur centriste Jean-Michel Arnaud a interpellé le gouvernement sur le financement du secteur. « Une majorité d’Ehpad publics et à but non lucratif souffre d’un manque de moyens humains et financiers », a-t-il reproché.
Guillaume Jacquot

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Plus d’un an après la parution du livre Les Fossoyeurs, dans lequel le journaliste Victor Castanet a révélé une maltraitance institutionnalisée des résidents des maisons de retraite privées du groupe Orpea, la puissance publique revient aux commandes. Ce mercredi, un accord a été finalisé : un groupe d’investisseurs, mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), va prendre le contrôle du groupe au bord de la faillite. À l’issue d’un effacement et dette et d’une injection de plus d’un milliard d’euros, la CDC détiendra 50,2 % de capital de l’entreprise.

« Cette manœuvre scelle la volonté de la puissance publique de sauver un groupe privé à la dérive », a salué le sénateur (Union centriste) Jean-Michel Arnaud, lors des questions d’actualité au gouvernement ce 1er février. Cette réaction des pouvoirs publics interroge toutefois le sénateur des Hautes-Alpes. Il se demande où sont la stratégie globale face au vieillissement attendu de la population et « l’accroissement des besoins en dépendance ». « D’un côté, l’État use d’un puissant instrument financier pour sauver un groupe privé à but lucratif, de l’autre une majorité d’établissements publics est à but non lucratif et souffre d’un manque de moyens humains et financiers », a-t-il rappelé.

Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, a indiqué que l’État avait accueilli « extrêmement favorablement cette nouvelle », qui va permettre « d’accélérer la transformation du groupe Orpea et d’aller dans le bon sens ».

« Dire que l’on se satisfait de cette situation, c’est imaginer que l’État n’est plus un État protecteur, mais un État brancardier »

Pour le ministre, la préparation du pays au vieillissement passe à la fois par des « soignants plus nombreux et mieux rémunérés », mais également par une « transformation de l’offre ». L’ancien directeur général de la Croix-Rouge a ajouté qu’il fallait accélérer les contrôles dans les Ehpad, dans le cadre dans un « grand plan de lutte contre les maltraitances ». Il a réitéré l’objectif d’une totalité des établissements contrôlés d’ici la fin de 2024.

La réponse n’a satisfait « que partiellement » le sénateur. « Le contribuable met un milliard d’euros pour sauver un groupe à la dérive, un groupe qui facturait des prix de journée démentiels à des seuls fins de satisfaire son actionnariat. Dire que l’on se satisfait de cette situation, c’est imaginer que l’État n’est plus un État protecteur et pas un État providence mais un État brancardier. L’État intervient sous la pression d’une enquête de presse », a-t-il rappelé.

Jean-Michel Arnaud met plutôt « au défi » le gouvernement de « relancer une vraie politique en direction des personnes âgées ». Le sénateur pense à la loi grand âge, promise depuis le précédent quinquennat et qui tarde à se concrétiser. Il demande par ailleurs d’amplifier les contrôles sur les Ehpad.

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