L’intelligence artificielle, est une question plus ancienne qu’on ne croit ! Avec l’apparition des premiers ordinateurs, dès 1955-1956, les chercheurs se penchent sur cette question.
Un défi, explique Jean-Gabriel Ganascia : C’est en appliquant une méthode scientifique, la psychologie cognitive (étude de l’ensemble des facultés intellectuelles, de mémorisation, de communication) et en la transposant au monde des objets que les scientifiques ont pu comprendre « l’intelligence » de ces ordinateurs et robots.
Si ces nouvelles machines n’ont pas d’éthique à proprement parler, poursuit Jean-Gabriel Ganascia cela n’empêche pas ces machines d’interférer avec notre monde : « Le monde dans lequel nous vivons est alors transformé par leur présence et les relations entre les hommes sont bouleversées : le tissu social, l’amitié, la confiance, la réputation tout cela se réécrit avec le numérique ».
Qu’il n’y ait pas « de morale des ordinateurs, c’est évident » affirme le professeur, en revanche « on peut contraindre une machine à agir en fonction d’un certain nombre de règles, premiers pas vers une nouvelle forme de servitude, une servitude virtuelle… »
« Les machines, des objets pas comme les autres »
Toutes ces machines, poursuit le philosophe Pierre Cassou-Noguès ont une spécificité : « Le résultat dépend de la relation qui nous entretenons avec elles ».
Une application qui définit votre humeur en analysant le son de votre voix, par exemple, peut-elle influencer votre vie ? Pour le philosophe, oui. « La façon dont on considère l’Intelligence Artificielle détermine le succès, ou non, de cette machine » au risque de régler sa vie sur le fonctionnement d’un objet. Un paradoxe peut-être !
Mais une machine peut-elle être bienveillante comme le suggère le titre de l’ouvrage de Pierre Cassou-Noguès et « nous surveiller pour notre bien » ? N’est-ce pas un peu effrayant d’imaginer que des robots puissent prendre le pouvoir comme parfois dans la littérature fantastique ?
Des robots pour vivre en paix mais aussi pour faire la guerre
En 1945, Georges Bernanos écrit « La France contre les robots », un ouvrage publié dans l’immédiat après-guerre, une période propice au progrès même si ce dernier n’est pas sans conséquences. Ces techniques issues de la guerre, apparaissent après la bombe atomique, un moment où la science a montré qu’elle pouvait produire le pire… comme le meilleur » conclut Pierre Cassou-Noguès.
La science est donc toute-puissante pour les invités de Livres & vous, et il faut savoir la maîtriser. Une leçon tirée de la lecture de Georges Bernanos qu’il est encore bon de suivre aujourd’hui à l’heure des drones de combats qui transforment les guerres contemporaines en guerre sans soldats.
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« La bienveillance des machines » de Pierre Cassou-Noguès - Ed. du Seuil
« Servitude virtuelle » de Jean-Gabriel Ganascia – Ed. du Seuil