Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin est « disqualifié », selon Romuald Pidjot, indépendantiste kanak

Membre du bureau politique du FLNKS, Romuald Pidjot demande au gouvernement de retirer le texte voté mardi à l’Assemblée, à l’origine selon lui des violences qui touchent l’archipel
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après plusieurs jours d’émeutes, les violences qui déchirent la Nouvelle-Calédonie a fait 5 morts et des centaines de blessés, malgré les appels au calme et les gestes de fermeté du gouvernement français. Jeudi soir, l’état d’urgence, décrété mercredi, était en cours, et le Premier ministre Gabriel Attal continue de marteler que « rétablir l’ordre » est le « préalable » aux négociations. A Paris, où il est coincé depuis la fermeture de l’aéroport de Nouvelle Calédonie, Romuald Pidjot, membre du bureau politique du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), pointe ce qui relève selon lui de la responsabilité du gouvernement français dans les violences qui traversent son île : « Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le passage en force de l’Etat, du gouvernement. Cela fait six mois que l’on se mobilise pacifiquement dans la rue. Lors de la dernière mobilisation, le 13 avril à Nouméa, on a réuni 60 000 personnes, sur un territoire de 270 000 habitants. C’est le signe que le peuple était complètement opposé à ce projet de loi constitutionnelle ». Romuald Pidjot, évoque ici le projet, contesté par les indépendantistes, de réforme constitutionnelle qui élargit le corps électoral en Nouvelle-Calédonie.

Gérard Larcher, « un interlocuteur possible »

Malgré l’opposition des Kanaks au texte, l’Assemblée nationale l’a adopté dans la nuit de mardi à mercredi, satisfaisant ainsi la position des loyalistes. C’est en prévision de cette adoption par l’Assemblée et après le vote acté que les violences ont éclaté. Désormais, selon Romuald Pidjot, la situation est presque hors de contrôle : « C’est compliqué. Les gens ont le sentiment – et c’est une réalité – que l’Etat ignore la volonté du peuple. Ce sera difficile de ramener le calme de manière pacifique si le gouvernement ne fait pas un geste de son côté : retirer le projet de loi constitutionnelle ».

Au-delà de la revendication de retrait du texte, les indépendantistes rejettent résolument le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. « Le FLNKS n’a plus confiance en Gérald Darmanin. Le dialogue avec lui est difficile, on estime qu’il ne nous a pas respectés, qu’il ne nous a pas toujours dit la vérité. Gé Romuald Pidjot se montre favorable à une mission de médiation, « indispensable » selon lui, justement à cause du rejet de la personnalité de Gérald Darmanin. Et dans ce rôle, le président du Sénat, Gérard Larcher, serait vu d’un bon oeil par Romuald Pidjot,, qui serait selon lui, « par sa connaissance fine et par sa hauteur dans les discussions », un « interlocuteur possible ».

« Rien à voir avec de l’ingérence »

Romuald Pidjot rejette par ailleurs les accusations du ministre de l’Intérieur quant aux ingérences étrangères dans la cause indépendantiste kanak : « Le ministre de l’Intérieur essaye de nous infantiliser en disant que nous sommes soumis à des ingérences extérieures. Mais le peuple kanak a toujours combattu pour son indépendance, que des puissances étrangères nous soutiennent, c’est le jeu du concert des nations ». Plusieurs médias ont pourtant effectivement pointé des liens entre l’Azerbaïdjan et certains membres du FLNKS. « La Nouvelle-Calédonie est un territoire autonome inscrit aux Nations unies dans le cadre des territoires à décoloniser, donc c’est un sujet international. Dans ce cadre, le FLNKS participe à des organisations de l’ONU tel que le mouvement des non-alignés, dont l’Azerbaïdjan avait la présidence il y a deux ans. C’est dans ce cadre que les rel ont été tissées avec l’A, c’est un cadre formalisé, normé, qui n’a rien à voir avec de l’ingérence », répond Romuald Pidjot.

 

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin est « disqualifié », selon Romuald Pidjot, indépendantiste kanak
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin est « disqualifié », selon Romuald Pidjot, indépendantiste kanak
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le