Le Nouveau Front populaire a obtenu 27,9 % des voix dimanche, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, derrière le Rassemblement national, à 29,25 %. Dans la soirée, l’ensemble des responsables de gauche ont appelé à faire barrage contre le parti de Marine Le Pen, notamment par des désistements en cas de triangulaires avec l’extrême droite. Pour autant, La France insoumise estime que, dans certaines circonscriptions, le rapport de force ne justifie pas nécessairement le retrait de ses candidats, même si ceux-ci sont arrivés en troisième position. Explications :
« Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN »
C’est vers 20 h 20 que le fondateur de La France insoumise a pris la parole. Longtemps attaquée pour les ambiguïtés de 2017 et 2022, lorsqu’il avait donné le sentiment de renvoyer dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon donne cette fois une consigne de vote a priori claire pour le second tour : « Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN », clame-t-il. Et de demander le « retrait » des candidatures LFI qualifiées pour un second tour, mais arrivées à la troisième place : « Dans l’hypothèse où le RN serait arrivé en tête et que nous ne serions qu’en troisième position, nous retirerons notre candidature. Nous retirerons notre candidature, en toutes circonstances, où que ce soit et dans quelque cas que ce soit », a-t-il assuré.
Un mot d’ordre décliné ce matin par ses principaux généraux : « Lorsque le RN est en première position et que le NFP est troisième, nous retirons notre candidature », a redit sur France 2 Mathilde Panot, la présidente sortante du groupe LFI à l’Assemblée nationale. « Retrait sans condition de tous les candidats LFI arrivés troisième, dans l’hypothèse où le Rassemblement national est en tête, et donc en mesure de l’emporter », a également reprécisé sur RTL Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise.
Dans les triangulaires où le RN arrive en deuxième position
Mais en creux, ces différentes déclarations laissent aussi entendre que si le candidat RN est arrivé en deuxième position, devant un LFI, alors celui-ci se maintiendra. Toutes les triangulaires ne se valent pas aux yeux des insoumis, qui hiérarchisent le degré de menace. Interrogé sur la circonscription de Gérald Darmanin dans la Nord, qui a vu le ministre de l’Intérieur arriver en tête dimanche soir (36,03 %), suivi d’un RN (34,31 %) puis d’un candidat LFI (24,82 %), Manuel Bompard a exclu l’hypothèse d’un retrait : « Non, puisque le RN n’est pas en tête dans cette circonscription », a-t-il expliqué.
« Il y a encore plus de 30 % des Françaises et des Français qui ne se sont pas déplacés aux urnes, moi j’en appelle à eux, en disant que vous avez l’avenir du pays entre vos mains », a également relevé le député sortant, laissant entendre que les insoumis continuent de miser sur la mobilisation des abstentionnistes.
Par ailleurs, au-delà du rejet de l’extrême droite, le parti de Jean-Luc Mélenchon refuse de donner une consigne de vote à proprement parler dans l’hypothèse où il ne serait pas qualifié au second tour : LFI laisse ainsi tacitement à ses soutiens la possibilité de choisir entre le candidat qui fera face au RN ou un vote blanc. « Les électrices et les électeurs feront ce qu’ils ont à faire, ce qui leur paraît le plus juste entre les différentes hypothèses qui s’offrent à eux. Il n’y a qu’une hypothèse que nous excluons, c’est : pas une voix de plus pour le Rassemblement national », a encore précisé Manuel Bompard, sur RTL.
Désistement systématique pour les socialistes et les écologistes
De leur côté, les autres partis de gauche sont moins nuancés sur l’attitude à adopter. Dès le 25 juin, dans une tribune publiée par Le Monde, majoritairement signée par des responsables socialistes et écologistes, Olivier Faure, le premier secrétaire du PS et Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes, ont appelé à la mise en place d’un accord de désistement : « Eviter les triangulaires au second tour en retirant le candidat ou la candidate moins bien placés et soutenir partout activement le candidat ou la candidate des forces démocratiques restant face au Rassemblement national. »
Dimanche soir, Marine Tondelier a de nouveau appelé à soutenir « un candidat qui défende les valeurs républicaines » face au RN. Un appel réitéré sur le plateau de France 2 : « Il y a l’extrême droite d’un côté et les autres. On doit tous faire campagne pour battre l’extrême droite », a-t-elle martelé. « La position du Parti socialiste est très claire : il faut faire barrage au RN au second tour », a posté Olivier Faure sur le réseau social X. Interrogé sur BFM TV quant au désistement du candidat du NOuveau Front populaire, en l’occurrence un LFI, dans la 6e circonscription du Calvados, où l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne est arrivée deuxième derrière le RN, le patron des socialistes est resté droit dans ses bottes. « J’assume que nous allons sauver Madame Borne », a-t-il répondu, tout en concédant que « beaucoup » allaient lui reprocher cette décision, deux ans après la bataille des retraites.
Le PCF appelle à soutenir « le candidat républicain le mieux placé »
Dans un communiqué publié dimanche soir, le Parti communiste s’est lui aussi aligné. « Dans tous les duels opposant un représentant de l’extrême droite à un ou à une candidat.e d’un parti républicain, les communistes appelleront donc sans hésitation à voter pour ce dernier. Et si un candidat ou une candidate communiste, quoique arrivé en troisième position, se retrouve qualifié pour le second tour à l’occasion d’une triangulaire, il ou elle se désistera pour que le candidat républicain le mieux placé ait les meilleures chances de battre l’extrême droite », écrit le PCF.
Reste à savoir si les consignes passées par les états-majors seront respectées en circonscription : la réponse mardi à 18 heures, délai limite pour le dépôt des candidatures au second tour.