Narchomicides à Marseille : le garde des Sceaux Didier Migaud lance une inspection à la prison d’Aix-Luynes

Interrogé sur les deux assassinats survenus à Marseille sur fond de guerre des gangs, le ministre de la Justice a annoncé une enquête administrative sur les conditions de détention, puisque le commanditaire agissait depuis sa cellule. Didier Migaud a également donné rendez-vous à la fin de l’année pour les débats sur la proposition de loi sénatoriale de lutte contre le narcotrafic.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Les deux récents meurtres à Marseille causés par le narcotrafic continuent de faire réagir au Parlement. La première victime, un adolescent de 15 ans, « lardé de 50 coups de couteau » et « brûlé vif », avait été recruté par un homme de 23 ans, détenu du centre pénitentiaire de Luynes, près d’Aix-en-Provence. Ce même prisonnier avait recruté un garçon de 14 ans, pour venger la mort du premier adolescent. Le règlement de compte a fait une victime collatérale : un chauffeur VTC de 36 ans a perdu la vie dans cette vendetta.

« Nos prisons sont des passoires, c’est depuis leurs cellules que les narcotrafiquants dirigent leur business. Il est urgent d’agir », a imploré la sénatrice PS de Marseille Marie-Arlette Carlotti, au moment des questions au gouvernement ce 9 septembre. Le garde des Sceaux Didier Migaud a annoncé qu’il avait confié une enquête à « l’Inspection générale de la justice concernant le fonctionnement de ce centre pénitentiaire ». « Je souhaite savoir pourquoi tout cela s’est passé », a-t-il indiqué. Il a souligné que la « sécurisation des prisons » était une « priorité absolue » de son ministère.

La mission rappelle celle ordonnée par son prédécesseur Éric Dupond-Moretti, après l’évasion de Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure), au cours de laquelle deux agents pénitentiaires ont été abattus. Le ministère voulait faire la lumière sur ses conditions de détention. Ce même individu continuait à gérer ses affaires à adresser des ordres depuis sa cellule.

Didier Migaud a également annoncé son intention de se « rendre prochainement » dans la cité phocéenne, aux côtés du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. « Nous travaillons ensemble », a-t-il ajouté avec un sourire, alors que les dissensions entre le garde des Sceaux et son collègue de la place Beauvau ont marqué les débuts du gouvernement Barnier.

Interrogé sur le sort des propositions formulées par le Sénat à l’issue d’une commission d’enquête sur le narcotrafic, Didier Migaud a assuré que l’examen de ce texte déposé en juillet était « seulement reporté ». « Nous souhaitons, nous aussi, avancer sur ce sujet, et ce, dans les meilleurs délais. Je souhaite, comme vous, que nous puissions, avant la fin de l’année, débattre de cette proposition », a-t-il assuré, précisant que ce temps lui permettra d’ « expertiser » toutes les mesures prévues par le texte.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Narchomicides à Marseille : le garde des Sceaux Didier Migaud lance une inspection à la prison d’Aix-Luynes
2min

Politique

Face au « désarroi » des collectivités, Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, « appelle à la prise de conscience du premier ministre »

Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.

Le

Narchomicides à Marseille : le garde des Sceaux Didier Migaud lance une inspection à la prison d’Aix-Luynes
3min

Politique

« Vous croyez que ça me fait plaisir de présenter le budget que je présente en ce moment ? » : échange tendu entre Michel Barnier et Patrick Kanner

Fustigeant les économies demandées aux collectivités territoriales dans le budget 2025, le président du groupe socialiste au Sénat a accusé le Premier ministre de « mettre à genoux les élus de la République au plan local ». « Je vous ai connu plus mesuré », lui a rétorqué Michel Barnier, sous les protestations de la gauche et les applaudissements de la majorité sénatoriale.

Le

Paris: weekly session of questions to the government
7min

Politique

Menace de Marine Le Pen de voter la censure : « Un coup de bluff », pense François Patriat

Reprochant à Michel Barnier de ne pas tenir compte des « lignes rouges » du RN sur le budget, Marine Le Pen agite la menace d’un vote d’une motion de censure par les députés d’extrême droite. Elle insiste notamment sur la hausse « inadmissible » des taxes sur l’électricité. « Ils font ça pour augmenter les enchères », selon le président du groupe RDPI du Sénat, François Patriat. « On n’est pas dans une cour de récréation, à dire si tu ne fais pas ça, je fais ça », tance le sénateur LR Cédric Vial.

Le