Municipales : « Rennes, c’est Chicago en fait ? »

Municipales : « Rennes, c’est Chicago en fait ? »

Le ton est monté pendant le débat sur les municipales à Rennes, diffusé sur notre antenne en partenariat avec TVR et Ouest France, lorsque les candidats ont abordé le thème de la sécurité, notamment sur le bilan de la maire PS sortante.
Louis Mollier-Sabet

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Principal levier d’action de la mairie dans ce domaine, la police municipale s’est bien sûr retrouvée au cœur des débats. Un relatif consensus s’est dégagé au sein des six candidats participant à ce débat autour de l’augmentation des effectifs de la police municipale et sur sa « territorialisation » pour en faire une véritable police de proximité. Là où le bât blesse, c’est sur la fréquence et l’intensité de cette augmentation : Carole Gandon, candidate LREM propose le recrutement d’une trentaine d’agents municipaux, quand Charles Compagnon, candidat soutenu par le MoDem et Les Républicains propose de doubler les effectifs, alors qu’Emeric Salmon, candidat Rassemblement National, propose de tripler les effectifs d’ici à la fin du mandat (de 75 à 220 policiers municipaux).

Armement de la police municipale

Au-delà de la seule question des effectifs de la police municipale, c’est la question de son armement qui a agité les débats. Charles Compagnon a résumé le problème soulevé par l’armement des policiers municipaux : « L’armement de la police municipale, cela dépend de la mission que vous lui donnez. Si vous leur dites qu’il faut aller dans les quartiers après 20h ou patrouiller la nuit, il faut qu’ils soient en mesure d’assurer leur mission. » Le candidat LR-MoDem en tire les conséquences et propose donc d’armer les policiers municipaux de tasers. Carole Gandon (LREM) se veut plus prudente et propose « d’expérimenter le taser ».

À gauche, Matthieu Theurier (EELV) et Enora Le Pape (LFI) préfèrent insister sur le rôle de proximité de la police municipale et refusent donc l’armement des policiers : « Ce que préfèrent les Rennaises et les Rennais c’est la présence humaine et la proximité » affirme notamment la candidate de la France Insoumise. Pour Matthieu Theurier (EELV), « il faut regarder objectivement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas et ce qui ne fonctionne pas c’est la politique à la Sarkozy : moins d’effectifs, moins de présence. » Le candidat écologiste ajoute : « Il y a une répartition des compétences entre l’Etat et la collectivité : la police de la collectivité n’a pas vocation à faire ce genre d’intervention » et donc à être armée.

Le bilan de la maire sortante en question

Le bilan de Nathalie Appéré en matière de sécurité a aussi beaucoup fait réagir les candidats. La maire PS sortante a pourtant affirmé vouloir continuer ses efforts concernant la police municipale et affiche « une augmentation de 25% des effectifs et le triplement des patrouilles » pendant son mandat. Son bilan a pourtant été attaqué par Carol Gandon : « Vous êtes fière de votre bilan en matière de sécurité ? Vous aviez annoncé la création d’une brigade nocturne, pourquoi ne l’avez-vous pas mise en place ? » « Si j’avais recruté à quelques mois de la campagne électorale des policiers municipaux, vous m’auriez reproché une politique électoraliste » lui a immédiatement répondu la maire sortante.

 « Rennes c’est Chicago en fait ? »

La prestation du candidat Rassemblement National, Emeric Salmon a aussi fait réagir, jusqu’aux modérateurs du débat. En effet, celui-ci a développé un long argumentaire sur le niveau d’insécurité à Rennes en soutenant qu’il était largement sous-estimé par les autorités municipales : « Tout n’est pas dit : on n’a même pas conscience du niveau d’incivilité dans la ville de Rennes ». Il est même allé jusqu’à rapporter des témoignages de policiers qui auraient « besoin d’une arme s’ils se retrouvent face à des jeunes qui ont une arme de guerre sous le tee-shirt ». Il a donc demandé à la maire sortante de publier les synthèses de la police municipale, en les anonymisant, bien sûr, mais en y faisant figurer la nationalité des « délinquants » (voir la vidéo).

Emeric Salmon demande la publication des synthèses de police et "de la nationalité" des "délinquants"
00:54

Un peu étonné face à ce discours, Vincent Jarnigon, directeur départemental de Ouest France et modérateur du débat a demandé au candidat RN : « Donc vous dites que c’est Chicago en fait ici ? » « Ce n’est pas Chicago, mais c’est très grave ce qu’il se passe » lui a rétorqué Emeric Salmon.

"Rennes c'est Chicago en fait ?" demande Vincent Jarnigon à Emeric Salmon
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