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Montée de l’extrême-droite en Suède : « Il est difficile de faire sans un parti qui fait 20 % »
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La Suède est sur le point de basculer : la coalition formée par la droite et l’extrême-droite est en tête dans les résultats provisoires des élections législatives. Cela rompt avec la tradition sociale-démocrate du pays de ces huit dernières années. Le résultat final sera connu mercredi 14 septembre, une fois que les votes des Suédois de l’étranger auront été dépouillés. Ce résultat surprend en France, tant le modèle social suédois est vanté. Pourtant, ces résultats ne sont pas si surprenants, d’après Yohann Aucante, maître de conférences à l’EHESS et spécialiste des systèmes politiques scandinaves.
Un processus qui s’étale sur une vingtaine d’années
Les 20 % enregistrés par les Démocrates de Suède (DS), le parti d’extrême-droite, ne surprennent pas le chercheur, qui explique qu’ils sont le résultat d’un « processus qui s’étale sur une vingtaine d’années ». Ce parti, fondé au début des années 1980, est issu des nébuleuses néonazies. Il prend son essor dans les années 2000, avec l’arrivée à sa tête de son actuel leader, Jimmie Akesson. S’enclenche alors une opération de ripolinage, qui permet au parti de montrer une capacité à se profiler sur la scène nationale. Combinez cela à un « essoufflement des partis politiques traditionnels », et « vous avez, selon Yohann Aucante, le passage de 6 % des voix à 21 % en 12 ans ». Ainsi, les Démocrates de Suède sont présents au Parlement suédois depuis trois mandats.
« Les Suédois ont peur que ce système implose avec l’immigration »
Au-delà du renouveau de l’offre politique, certaines transformations de la société suédoise peuvent expliquer l’essor des DS. Yohann Aucante explique : « La Suède est un pays qui reçoit beaucoup d’immigration, notamment par l’asile politique. Les vagues de migration des années 1990 et 2000, de Yougoslaves, de Soudanais et Irakienne, ont canalisé un certain mécontentement ». Erwan Lecoeur, sociologue et politologue spécialiste de l’extrême-droite, précise : « Comme le système social suédois est particulièrement efficace, ses habitants ne veulent pas d’étrangers pour en bénéficier, car cela risquerait de le mettre à terre. Les Suédois ont peur que ce système implose avec l’immigration ».
« Le cordon sanitaire a cédé, mais pas complètement »
L’alliance électorale entre la droite modérée et l’extrême-droite pour ces élections législatives est une première, mais pour Yohann Aucante, « le cordon sanitaire a cédé mais pas complètement ». En effet, il demeure à gauche et au centre. Par ailleurs, la droite suédoise a conclu un accord parlementaire avec l’extrême-droite, « mais ils n’en veulent pas au gouvernement », précise le spécialiste.
De dures négociations à prévoir
Le décompte actuel des voix n’étant que partiel, il est impossible de prédire exactement quel sera le résultat de ces législatives. Ce qui est prévisible, en revanche, c’est la difficulté avec laquelle le prochain gouvernement sera formé et devra gouverner. En effet, selon Yohann Aucante, « comme la droite suédoise ne veut pas de l’extrême-droite au gouvernement, mais qu’ils ne veulent pas non plus de la gauche, les négociations à venir vont être compliquées ».
Il explique : « En échange de ne pas avoir de place au gouvernement, la droite pourrait proposer à l’extrême-droite le poste de président de l’Assemblée ». Or, en Suède, c’est le plus haut poste dans l’ordre protocolaire, après le roi. C’est lui qui organise les négociations pour former le nouveau gouvernement.
Au-delà des difficultés de formation du gouvernement, il sera également compliqué pour la droite de faire passer ses grandes mesures, comme la relance du projet nucléaire, affirme le chercheur. Une situation bien connue par le pays, puisque la Suède est bloquée depuis 2014, et que c’est l’extrême-droite joue les arbitres.
Yohann Aucante conclut : « Quoi qu’il en soit, cela montre qu’il est difficile de faire sans un parti qui fait 20 % dans un système parlementaire à la proportionnelle ».