Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.
Ministère de la Coordination gouvernementale : à situation inédite, portefeuille inédit
Par Romain David
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Avec cette nomination, Michel Barnier ne récompense pas seulement la fidélité, il s’assure aussi des services d’une personne de confiance à un poste potentiellement très sensible. Le Premier ministre a nommé samedi soir la sénatrice LR de Paris, Marie-Claire Carrère-Gée, ministre déléguée chargée de la Coordination gouvernementale, une fonction inédite à ce jour, et que semblent imposer le contexte politique et la configuration du nouvel exécutif.
Elue sénatrice en 2023, après de nombreuses années passées au Conseil de Paris, Marie-Claire Carrère-Gée connaît bien Michel Barnier. Elle avait été sa directrice de campagne pour la primaire de 2021, avant de rejoindre l’équipe de Valérie Pécresse. Mais c’est aussi une habituée des arcanes du pouvoir et des rouages de l’exécutif. Elle a été secrétaire générale adjointe de l’Elysée sous la seconde présidence de Jacques Chirac, après avoir été sa conseillère sociale. Un poste éminemment politique, comme le sera certainement le ministère qui vient de lui échoir.
Michel Barnier se retrouve à la tête d’une équipe de 34 ministres et 5 secrétaires d’Etat, dont plus de la moitié est issue d’autres familles politiques que la sienne. Notamment 12 Ensemble pour la République, 4 divers droite, 3 MoDem, 2 Horizons, 2 Liot, ou encore un ancien du Parti socialiste. Il faudra veiller à ce que cette coalition gouvernementale apprenne à travailler en bonne intelligence. Et l’on sait que les tensions peuvent être vives au sein d’un gouvernement, entre les ambitions des uns et des autres, les frustrations attisées par les arbitrages ou les changements d’orientation. « Le Premier ministre a constitué une équipe de ministres prêts à travailler ensemble, au-delà de leurs différences. Il m’a confié la responsabilité de coordonner à ses côtés l’action gouvernementale », explique, laconiquement, Marie-Claire Carrère-Gée sur ses réseaux sociaux.
Les équipes de Matignon face au mur du budget
« La coordination gouvernementale, d’habitude c’est le directeur de cabinet du Premier ministre qui s’occupe de ça », relève Hervé Marseille, le président du groupe centriste au Sénat. « Mais là, je pense que son dircab Jérôme Fournel, spécialiste des finances et ancien collaborateur de Bruno Le Maire, risque d’avoir fort à faire avec le budget… » En clair, les équipes de Matignon se préparent à être particulièrement mobilisées sur le projet de loi de finance pour 2025, qui s’annonce comme l’un des plus difficiles de la Cinquième République. Réattribuer certaines missions bien identifiées est aussi une manière d’éviter la surchauffe.
Militante du RPR depuis l’adolescence, Marie-Claire Carrère-Gée est une habituée des négociations ; en 2011 Nicolas Sarkozy lui avait demandé de représenter la France et de coanimer la task force du G20 sur l’emploi.
Mais l’élue est surtout un visage bien connu de la politique parisienne, figure de l’opposition à Anne Hidalgo. Cette Paloise de naissance a tenté à plusieurs reprises de briguer la mairie du 14e arrondissement, mais aussi d’obtenir l’investiture LR pour la course à l’Hôtel de Ville en 2019, finalement attribuée à Rachida Dati. Sur le réseau social X, Marie-Claire Carrère-Gée indique vouloir continuer à exercer son mandat au Conseil de Paris où elle préside la commission des Finances.
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