Paris: Wauquiez Retailleau pacte legislatif

Matignon : la droite rejette toujours la proposition de rassemblement d’Emmanuel Macron

Mardi soir, en rejetant la candidature de Lucie Castets proposée par le Nouveau Front Populaire, Emmanuel Macron s’est donné quelques semaines pour nommer le prochain locataire de Matignon et voit d’un bon œil le pacte législatif proposé par LR. Mais la droite ne veut pas entendre parler d’une coalition. Pour l’instant.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Plus de 15 jours après le second tour des législatives, le chef de l’Etat a pour la première fois reconnu « l’échec » de sa majorité, sans une interview sur France 2, s’empressant d’ajouter qu’il n’y avait aucun vainqueur. Dans cette assemblée tripartite, Emmanuel Macron a renvoyé aux groupes politiques la responsabilité de former une majorité, leur donnant rendez-vous à la mi-août.  « Et puis à partir de là, en fonction de l’avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d’avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d’agir et d’avoir la stabilité ».

Le Président a considéré que l’échec du Nouveau Front Populaire à faire élire le communiste, André Chassaigne au Perchoir était la preuve que l’union de la gauche n’avait pas de majorité, pas même relative. Il a donc rejeté la candidature de Lucie Castets, une haute fonctionnaire inconnue du grand public engagée dans la défense des services publics, proposée pour Matignon par le NFP une heure plus tôt.

Et sans surprise, Emmanuel Macron préfère regarder sur sa droite pour bâtir une future coalition et a qualifié le pacte législatif » présenté par Les Républicains cette semaine, de « chemin », « de bonne direction ».

« Les alliances, ce n’est pas uniquement pour distribuer les postes »

La politique menée par le futur gouvernement telle qu’envisagée par le Président ressemble d’ailleurs furieusement aux propositions de la droite. Revenir sur ses réformes, dont la retraite à 64 ans, c’est non, car « c’est bon pour le pays tout court », a-t-il asséné, recommandant plutôt d’aller « beaucoup plus loin sur la sécurité », « maîtriser » davantage l’immigration, améliorer l’« accès aux services publics » et faire en sorte que l’on vive mieux « du travail ».

Des propos qui ont réjoui le sénateur LR, Alain Joyandet. Un des rares à la chambre haute à déclarer publiquement son souhait d’un grand rassemblement entre la droite et les macronistes. « Il y a une trentaine de sénateurs LR favorables à un grand rassemblement entre la droite et Ensemble », assure-t-il. « On a fait un premier accord avec la majorité présidentielle aux législatives. On en a fait un deuxième pour l’élection au Perchoir et au postes du Bureau. Et on ne pourrait pas faire d’accord pour gouverner ensemble ? Nos électeurs ne le comprendraient pas. Les alliances, ce n’est pas uniquement pour distribuer les postes », ajoute-il.

« Il nous propose encore de faire du en même temps »

Mais du côté des deux chefs de groupes, Bruno Retailleau au Sénat et Laurent Wauquiez à l’Assemblée, il n’est aucunement question de participer à une quelconque coalition même si beaucoup ont vu dans les tractations entre la droite républicaine et le bloc du centre pour Perchoir et la répartition des postes clefs la semaine dernière, les premiers pas d’un rapprochement.

« Il faut sortir du monde virtuel. Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ont n’ont cessé de dire qu’il n’y aurait pas d’accord de gouvernement et je lis partout des analyses contraires. Nos deux présidents de groupe ont parlé non pas en leur nom, mais après avoir consulté les parlementaires. Le pacte législatif que nous proposons est aux antipodes de ce qu’a fait Emmanuel Macron depuis qu’il est aux manettes. Et il nous propose encore de faire du en même temps », s’agace le sénateur LR Max Brisson.

En effet, le bloc central additionné au groupe de 46 élus de Laurent Wauquiez ne conduirait qu’à une petite majorité relative de 220 sièges et exposerait le nouveau gouvernement à une motion de censure. C’est pourquoi, le bloc l’ancienne majorité, Gabriel Attal en tête, n’a toujours pas abandonné l’idée de rallier des élus de la gauche démocrate. « « La responsabilité de ces partis » qui se sont unis dans un front contre l’extrême droite entre les deux tours des législatives, « c’est de savoir faire des compromis ». C’est « quelque chose que toutes les démocraties européennes font » et « que nos compatriotes attendent », même si ce « n’est pas dans notre tradition », a appuyé Emmanuel Macron.

« Le Président peut toujours faire des propositions mais à partir du moment où elles sont rejetées par les principaux intéressés, on n’avance pas beaucoup. A supposer que l’hypothèse Xavier Bertrand, Premier ministre, aille jusqu’au bout, il ne sera pas soutenu par les groupes parlementaires de droite. Même si nous sommes responsables et que nous soutiendrons les textes qui nous paraissent aller dans le bon sens, avec deux lignes rouges : pas d’aggravation des déficits, et pas de hausse d’impôts », répond le sénateur LR, Marc Philippe Daubresse.

« J’espère que mes collègues vont se débloquer dans les semaines qui viennent »

Le curseur placé ainsi à droite risque de gripper la composition d’un gouvernement « Front Républicain » allant des socio démocrates à la droite. Et de toute façon, Bruno Retailleau comme Laurent Wauquiez ne cessent d’affirmer leur souhait de voir revenir le clivage droite gauche, considérant que le « en même temps » macronisme faisait du RN, la seule possibilité d’alternance.

« Sauf que pendant ce temps, le RN continue de monter et est identifié comme seule alternative à droite. Je crois au contraire qu’on doit se retrousser les manches. Est-ce qu’on sera plus crédible en 2027 si on n’a rien fait pour redresser le pays ? Je comprends les postures et les ambitions personnelles mais nous vivons un moment historique. Il faut que chacun pense à l’intérêt général. Avant, au groupe LR, on me disait que la coalition avec Macron était impossible parce qu’il n’en voulait pas. Aujourd’hui, il veut. Alors, j’espère que mes collègues vont se débloquer dans les semaines qui viennent », soutient Alain Joyandet.

La poutre va continuer de travailler comme on aime à dire au Palais du Luxembourg.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le