Politique
A la sortie des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman a réagi à la condamnation à une peine d’inéligibilité avec application provisoire de Marine Le Pen.
Le
Par Théodore Azouze
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Un jugement qui fait trembler le monde politique. Dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Marine Le Pen, lundi 31 mars, à cinq ans d’inéligibilité immédiate et quatre ans de prison, dont deux ferme aménageables sous bracelet électronique. Le jugement, qui concernait aussi 24 autres prévenus, a été dénoncé par la cheffe de file des députés RN. « Des juges ont mis en place des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires », a-t-elle fustigé, quelques heures plus tard, sur le plateau du 20H de TF1.
Invité de la matinale de Public Sénat ce mardi 1ᵉʳ avril, le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, s’est élevé contre les contestations du RN, qui a appelé à « une mobilisation populaire et pacifique ». « L’agenda électoral de Marine Le Pen ne peut pas s’imposer à l’agenda judiciaire. Ce n’est pas de la faute des juges si Marine Le Pen envisage d’être candidate en 2027 ! Ça tombe mal pour elle, mais ce n’est pas une décision politique », explique le sénateur du Nord. L’élu rappelle par ailleurs que d’autres personnalités politiques issues de tous bords, comme Alain Juppé, Henri Emmanuelli, Nicolas Sarkozy ou Jean-Noël Guérini, ont déjà été condamnés à des peines d’inéligibilité par le passé.
Le RN critique en particulier l’activation de l’exécution provisoire sur la peine d’inéligibilité de Marine Le Pen, qui la rend applicable immédiatement et menace en l’état ses ambitions présidentielles en 2027. Une disposition adoptée en 2016 lors du vote de la loi Sapin II, et défendue par Patrick Kanner. « C’est pour moi un excellent moyen de prévention, cela évite tout débordement », souligne-t-il. De manière plus générale, « si la loi Sapin II permet à tous les élus de dire ‘attention, vous ne pouvez pas faire n’importe quoi’, je pense qu’il ne faut pas la changer », poursuit le socialiste.
Marine Le Pen a aussi déploré « un État de droit violé » après la découverte de sa peine. Une position partagée par de nombreux soutiens du RN dans le monde, comme le vice-président du Conseil des ministres italien Matteo Salvini, le premier ministre hongrois Viktor Orbán ou encore le milliardaire Elon Musk. Le président américain Donald Trump a lui aussi comparé la nuit dernière le jugement de Marine à ses propres ennuis judiciaires. « La trumpisation manifeste de notre vie politique en France se traduit par les évènements qu’on a vécus hier », développe Patrick Kanner. « Trump ou le RN, pour moi, c’est kif-kif. Ce sont les mêmes fondements idéologiques. »
Lundi, François Bayrou s’est par ailleurs dit « troublé par l’énoncé du jugement » de l’ex-candidate à la présidentielle, selon des propos rapportés par l’entourage du Premier ministre. Patrick Kanner comprend-il cette réaction ? « Non », répond le sénateur PS. « Le Premier ministre ne doit pas commenter une décision de justice, même en privé, car ça finit toujours par sortir. Son rôle est de protéger l’indépendance de la justice », soutient-il.
Tandis que le RN a partagé une pétition pour « sauver la démocratie », le Parti socialiste a également appelé ses sympathisants à signer un texte « pour soutenir l’indépendance de la justice ». Une manière, d’après Patrick Kanner, de lutter contre les « pratiques factieuses » utilisées selon lui par le parti dirigé par Jordan Bardella afin de contester la décision de justice. Marine Le Pen et ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel « le plus rapidement possible » de la condamnation de la figure du RN.
En Ardèche avec Mathieu Darnaud