Le groupe italo-américain Fiat-Chrysler propose un mariage au constructeur français Renault. Bruno Le Maire, ministre de l’économie, demande des garanties à cette alliance. Il souhaite notamment qu’il n’y ait « aucune fermeture d’usine et la préservation des emplois industriels. »
Sur le plateau d’« On va plus loin », Nabil Bourassi journaliste économique et spécialiste de l’industrie automobile à la Tribune, estime que cette fusion Renault-Fiat est quasi impossible : « Il y a trop d’obstacles. Il y a des obstacles industriels (…) [et] il y a un problème d’investissement. Pour relancer les marques du groupe Fiat, il faudra des milliards et des milliards. »
Pour mieux faire comprendre les enjeux, le journaliste contextualise le secteur automobile : « L’industrie automobile mondiale est confrontée à un énorme mouvement de transformation, sur la voiture connectée, la voiture autonome, la voiture électrique. Et cela va nécessiter des milliards et des milliards et des milliards d’investissements. Dans ce contexte celui qui est le plus contraint c’est Fiat. Fiat n’a pas de voitures électrifiées et est assez en retard sur la voiture autonome. Et sur la connectivité (…) Renault, lui, est en avance. C’est un des groupes les plus électrifiés du monde. Cela fait 10 ans que Renault fait des voitures 100% électriques. De ce point de vue, celui qui a besoin de faire un effet de taille pour faire des synergies, des économies d’échelle, c’est Fiat. »
Quant au constructeur français, il est dans une situation délicate mais pour d’autres raisons : « Renault est dans une passe très difficile avec Nissan. Le gouvernement français souhaiterait que Renault aille plus loin dans la fusion avec Nissan. Alors que Nissan freine des quatre fers (…) et voudrait rééquilibrer les choses. »
Des obstacles politiques se dressent également contre ce mariage Fiat-Renault. Car les intérêts des Italiens et des Français peuvent s’opposer : « Si Monsieur Salvini [Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien - NDLR] entre dans le capital de ce nouvel ensemble (…) il faudra aussi jouer avec les intérêts industriels de l’Italie. Or les usines de Fiat sont en surcapacité. Il faudra nécessairement des réajustements. Cela se fera au détriment des usines italiennes (…) Il y aura des doublons avec les usines françaises. Donc il faudra couper quelque part. L’État italien dira non, l’État français dira non. Donc on va vers un clash politique. »
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OVPL : entretien avec Nabil Bourassi journaliste économique et spécialiste de l’industrie automobile à la Tribune (en intégralité)