L’embarras est palpable à gauche, après le large appel lancé par Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. Le président du Sénat et son homologue de l’Assemblée nationale ont lancé hier une « mobilisation générale » après une flambée inquiétante d’actes antisémites. Celle-ci prendra la forme d’une marche civique dimanche, organisée entre le palais Bourbon et le palais du Luxembourg. « Par-delà leurs différences et leurs divergences, tous les républicains doivent se rassembler », ont appelé les numéro 3 et 4 de l’État.
La participation du Rassemblement national – Marine Le Pen et Jordan Bardella ayant annoncé hier soir leur venue – suscite le trouble à gauche et jusque dans les rangs de la majorité présidentielle, en raison notamment de ses racines et des positions de Jean-Marie Le Pen.
« On ne peut défiler contre l’antisémitisme avec ses plus fidèles légataires »
La France insoumise a rejeté l’appel des deux présidents d’assemblées parlementaires. S’ils souscrivent à la nécessité de défiler contre l’antisémitisme, leurs alliés de gauche n’en sont pas moins révoltés par la perspective de défiler dans le même cortège que le RN. Au Sénat, le président du groupe socialiste Patrick Kanner et celui des sénateurs écologistes, Guillaume Gontard, ont écrit à Gérard Larcher pour lui demander de réagir. Pour les deux sénateurs de gauche, les « forces démocratiques » ont aussi pour responsabilité de « refuser la banalisation de l’extrême et de leurs héritiers ».
« Nous refusons catégoriquement de laisser le Rassemblement national défiler derrière la banderole qui doit rassembler les démocrates et les républicains de ce pays contre la haine et la violence. On ne peut défiler contre l’antisémitisme avec ses plus fidèles légataires », insistent-ils. Ils demandent donc au président du Sénat, dans leur courrier rédigé dès mardi, de « clarifier ce qui doit rester l’évidence : l’extrême droite n’a pas sa place dans cette marche ».
Fabien Roussel, le premier secrétaire du Parti communiste, a lui aussi indiqué que le RN n’avait « pas sa place dans un tel rassemblement ».
« Le Rassemblement national n’a pas sa place », considère le porte-parole du gouvernement
Les mêmes réserves et doutes traversent le camp de la majorité. Le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, « appelle solennellement les organisateurs ainsi que les partis politiques qui y participeront à ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites ».
À l’issue du Conseil des ministres, ce mercredi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s’est inscrit dans la même position. « À mon sens, le Rassemblement national n’a pas sa place dans cette manifestation, c’est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer », a-t-il déclaré. Il a également annoncé que la Première ministre, Élisabeth Borne, se joindrait à la marche.