Malgré une avancée sur les retraites, avec un retour à la table des discussions avec les partenaires sociaux, « le compte n’y est pas » pour une bonne partie des socialistes, après le discours de politique générale de François Bayrou. Pourtant, « il y avait un accord » avec les ministres, confie le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. Mais le premier ministre s’est montré peu précis, voire maladroit, pour donner le change au PS.
Manuel Valls : « Le Parti socialiste, en tant que marque socialiste, est fini »
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Hier soir, Ségolène Royal a déclaré qu’il était « évident » que « le vote utile à gauche, c’était Jean-Luc Mélenchon », qui était « le plus solide. » L’ancienne candidate du PS à l’élection présidentielle n’a jamais été connue pour représenter l’aile gauche de son parti et sa déclaration a donc pu surprendre.
« L’évidence » s’est-elle donc imposée à un autre ancien responsable du PS et Premier ministre, théoricien des « deux gauches irréconciliables », Manuel Valls ? « Ségolène Royal se détermine comme elle l’entend, c’est une femme libre, qui a été au deuxième tour de l’élection présidentielle » précise-t-il d’emblée. On sent bien que l’hommage va s’arrêter là : « Ce qui m’a frappé dans la déclaration de Ségolène Royal, c’est que c’était l’union pour l’union. Mais où est le fond, où sont les convictions ? Sur quel projet ? »
« Il va falloir reconstruire quelque chose d’autre, mais cela ne peut pas se faire à partir de ce qu’il restera du PS »
« Qu’il ait du talent, qu’il mène une campagne professionnelle et que ce soit un grand orateur, c’est certain » concède Manuel Valls. Mais sans surprise pour l’ancien Premier ministre, le programme de Jean-Luc Mélenchon est « totalement incompatible sur le fond » avec la social-démocratie, « sur le nucléaire, sur l’Europe, sur la laïcité » par exemple. Ce qui est étonnant, c’est que finalement, en martelant que « l’union pour l’union ça ne marche pas », Manuel Valls rejoint un peu le diagnostic de Jean-Luc Mélenchon à propos de la primaire populaire et son choix d’une stratégie « populiste » en 2017 – un peu revisitée en 2022 – incompatible, de fait, avec l’option d’union de la gauche.
Manuel Valls dresse un autre constat qui serait probablement partagé par Jean-Luc Mélenchon, c’est celui de la déliquescence du Parti socialiste : « La gauche est totalement hors-jeu et je pense que le Parti socialiste, en tant que marque socialiste – parce que le parti gardera des élus, des villes – est fini. » Les deux personnalités en question ne sont d’ailleurs probablement pas totalement étrangères à la situation dans laquelle se trouve le PS aujourd’hui, et Manuel Valls d’ajouter le dernier clou dans le cercueil : « Il va falloir reconstruire quelque chose d’autre, mais cela ne peut pas se faire à partir de ce qu’il restera du Parti socialiste. »