Manifestation contre la réforme des retraites : « On attend que les élus du peuple écoutent le peuple », lance Philippe Martinez

Manifestation contre la réforme des retraites : « On attend que les élus du peuple écoutent le peuple », lance Philippe Martinez

Les syndicats saluent tous une mobilisation en hausse, pour la seconde journée de mobilisation contre la réforme des retraites. « C’est une journée énorme », selon Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA. « Le gouvernement ne peut pas rester sourd à ça, sinon on recommencera », prévient Laurent Berger, numéro 1 de la CFDT.
Guillaume Jacquot

Par Public Sénat

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Une réussite. Les syndicats sont unanimes pour saluer la mobilisation de la seconde journée de grève contre la réforme des retraites, ce mardi 31 janvier. Une journée qui arrive alors que les députés viennent de commencer l’examen du texte en commission, avant les débats dans l’hémicycle.

Rien que pour le cortège parisien, la CGT annonce 500.000 manifestants contre 400.000 le 19 janvier, lors de la première journée de manifestation, qui était déjà un succès. « Les premières remontées montrent qu’il y a plus de manifestants que le 19. Avec cette particularité qui est intéressante : des agents de la fonction publique nous ont dit qu’on ne peut pas faire deux journées dans le même mois, c’est trop pour le porte-monnaie. Et malgré ça, on est plus nombreux. […] Cela veut dire que sur deux journées, on a touché beaucoup de monde », salue Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, en tête du cortège (voir la première vidéo de Flora Sauvage et Quentin Calmet).

« L’exécutif s’est rendu compte qu’il avait perdu la bataille idéologique », souligne Philippe Martinez

« On attend que les élus du peuple écoutent le peuple », lance le leader de la CGT, qui pense « si les élus du peuple n’écoutent pas le peuple, le peuple va continuer à se détourner de ceux censés les représenter avec le risque qu’il y ait encore plus de députés d’extrême droite ».

« L’exécutif s’est rendu compte qu’il avait perdu la bataille idéologique. Plus personne ne parle de progrès et de justice sociale. Maintenant, ils ont des postures un peu fermes, un peu autoritaires. Quand on dit que le peuple est un peu feignant, quand on ne veut pas travailler deux ans de plus, je ne suis pas sûr que ce soit la réponse à apporter », prévient Philippe Martinez, qui comme tous les syndicats, demande le retrait du report de l’âge de départ à 64 ans.

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« L’exécutif ne peut pas ne pas entendre ce qu’il est en train de se passer », selon Laurent Berger

Même satisfaction sur la mobilisation côté CFDT. « Il y a des endroits où il y a des taux de mobilisation qui sont incroyables, dans des villes moyennes ou petites », souligne Laurent Berger, numéro 1 de la CFDT, qui note aussi « la très grosse mobilisation dans le privé ».

Le secrétaire général de la CFDT s’adresse « à tous les parlementaires » pour leur demander de « ne pas voter cette mesure des 64 ans. Il y a dans les rangs de la majorité des députés très raisonnables avec qui on peut discuter ». « L’exécutif ne peut pas ne pas entendre ce qu’il est en train de se passer. On a ce 31 janvier, sans doute une des plus grosses mobilisations de ces 20 ou 25 dernières années sur la question sociale, avec un monde du travail contre les 64 ans dans son immense diversité. Un monde du travail de ceux qui tous les matins se lèvent et vont travailler, contrairement à ce qu’on est en train d’instiller comme musique, que ce serait une manifestation de paresseux. Ce sont des gens qui aiment leur travail, qui veulent être reconnus. […] Le gouvernement ne peut pas rester sourd à ça, sinon on recommencera », prévient Laurent Berger (voir la vidéo). L’intersyndicale a prévu de se réunir ce soir au siège de FO pour décider de la suite.

« Il n’y a pas de résignation et le mouvement social unitaire peut gagner et faire reculer le gouvernement »

« On a des chiffres 20 à 30 % supérieurs au 19. C’est une journée énorme, qui prouve que contrairement à ce que pense le gouvernement, qui mise sur la résignation, les Français, très majoritairement opposés à cette réforme, continuent de le montrer. Il n’y a pas de résignation et le mouvement social unitaire peut gagner et faire reculer le gouvernement », espère de son côté Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA. « Il y a une mobilisation historique aujourd’hui, donc soit le gouvernement est sourd, […] ou ce qu’il va se passer, c’est le blocage total du pays », lance Simon Duteil aux côtés de Lauriane Guilbert, les deux co-délégués généraux de l’union syndical Solidaires.

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Pour Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, « passer en force, ça ne s’appelle pas gouverner, c’est décider et imposer ». Et d’ajouter : « Je préfère aller faire le marché chez moi, j’ai moins d’interpellations que les députés Renaissance, dans leurs circonscriptions, quand ils disent qu’ils vont voter le projet de loi… »

« En tant que jeune, c’est important de se mobiliser aujourd’hui »

« On essaie de convaincre les députés qu’il y a d’autres propositions à faire que les 64 ans, notamment sur les carrières longues, les petites pensions, l’emploi des séniors. Parfois, ils nous disent « on vous comprend », mais derrière, ça ne se met pas en route. A croire qu’ils ont des ordres du gouvernement de ne pas changer leurs avis », regrette Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC.

Les jeunes sont aussi représentés, comme avec Imane Ouelhadj, présidente du syndicat étudiant Unef. « En tant que jeune, c’est important de se mobiliser aujourd’hui contre la réforme des retraites, même si ça nous semble dans très longtemps. […] Ce n’est pas une réforme pour nous, mais qui va nous précariser tout au long de notre vie », avance la responsable de l’Unef, qui ajoute : « On se sent concernés, car les travailleuses et travailleurs de demain, c’est nous ».

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