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Macron à Kiev : « C’est aussi un exercice de com’ bien sûr, mais il ne faut pas en occulter l’importance » selon la sénatrice PS Hélène Conway-Mouret
Par François Vignal
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Sa visite était évoquée, il s’y est finalement rendu. Emmanuel Macron est arrivé à Kiev, ce jeudi matin, accompagné du chancelier allemand, Olaf Scholz, et du chef de gouvernement italien, Mario Draghi. Une arrivée après un voyage en train de nuit, l’espace aérien étant fermé depuis le début de la guerre. Les dirigeants européens se sont rendus dans la foulée à Irpin, aux nord-ouest de la capitale ukrainienne, théâtre de violents affrontements entre Russes et Ukrainiens dans les premiers jours de la guerre, fin février.
« Il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter » lance Emmanuel Macron
« On a tous vu ces images d’une ville dévastée, qui est à la fois une ville héroïque puisque c’est ici, entre autres, que les Ukrainiens ont arrêté l’armée russe qui descendait sur Kiev. Donc il faut se représenter l’héroïsme de l’armée, mais aussi de la population ukrainienne », a déclaré le chef de l’Etat français, « il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter ». Alors qu’Emmanuel Macron avait déclaré qu’il ne fallait pas « humilier » la Russie, propos que n’a pas apprécié le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron a assuré que « la France (était) aux côtés de l’Ukraine depuis le premier jour […] Nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté ».
Alors qu’Emmanuel Macron a proposé début mai de créer « une communauté politique européenne », un nouvel échelon moins intégré que l’adhésion à l’Union européenne, où l’Ukraine pourrait avoir sa place, mais dont l’idée est rejetée par le pouvoir ukrainien, les dirigeants français, allemand, italien et roumain ont fait une annonce à Kiev ce jeudi : « Tous les quatre nous soutenons le statut de candidat immédiat à l’adhésion », a déclaré Emmanuel Macron, qui semble mettre de côté son idée première. « Ce statut sera assorti d’une feuille de route et impliquera aussi que soit prise en compte la situation des Balkans et du voisinage, en particulier de la Moldavie », a-t-il ajouté. Le chef de l’Etat a par ailleurs annoncé la livraison à l’Ukraine de « six canons Caesar additionnels », en plus des douze déjà livrés.
« Il était temps que le Président se rende à Kiev », selon Gérard Larcher, qui « salue le symbole d’unité »
La visite du président de la République, qui intervient trois jours avant un second tour des législatives incertain pour la majorité présidentielle, est diversement appréciée en France. « Emmanuel Macron se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d’avoir une influence sur les élections législatives », a réagi sur France Inter Marine Le Pen, même si elle juge « parfaitement légitime qu’il aille à Kiev et qu’il continue à avoir des discussions avec Vladimir Poutine ».
« Il était temps que le président de la République se rende à Kiev. Je salue le symbole d’unité incarnée par la venue des dirigeants de trois pays fondateurs de l’Europe », a réagi pour sa part sur BFMTV le président LR du Sénat, Gérard Larcher, qui rappelle que « les Ukrainiens attendent une avancée sur la question de leur candidature à l’Union européenne. Nous partageons des valeurs communes et devons les accompagner dans ce processus ». Gérard Larcher se rendra à son tour Kiev début juillet, « à l’invitation du parlement ukrainien. Il sera question du soutien à la reconstruction de ce pays ».
« La visite d’Emmanuel Macron est symbolique »
Le président du Sénat sera accompagné du président de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Haute assemblée, le sénateur LR Christian Cambon, ainsi que d’« une représentation des différentes sensibilités. C’est ce qui est en projet », explique ce dernier. Guillaume Gontard, président du groupe écologiste du Sénat, estime même que « ce serait intéressant que ce soit une délégation avec l’ensemble des présidents de groupe, pour montrer qu’en France, nous avons un consensus pour soutenir l’Ukraine ».
Quant à la visite d’Emmanuel Macron, « comme a dit Gérard Larcher, il était temps qu’il y aille. Je pense que la symbolique est forte d’y aller à plusieurs Européens. Cela donne une bonne image de l’Europe », estime Christian Cambon. « Evidemment, la visite d’Emmanuel Macron est symbolique. C’était attendu », confirme Guillaume Gontard, qui « pense même qu’il aurait déjà dû la faire car pas mal de choses sont incomprises. Elles étaient soulignées quand le président de la Rada est venu au Sénat. La dimension européenne du déplacement, avec les responsables allemands et italiens, est aussi importante aux yeux de Guillaume Gontard : « On a besoin d’aider militairement l’Ukraine mais aussi de trouver des pistes de sortie, de cesser le feu. Cette question européenne permet de faire pression sur Poutine ».
« Je n’ose espérer qu’Emmanuel Macron utilise ça a des fins de politique électorale »
Le président du groupe écologiste « s’interroge » néanmoins sur le « timing » de la visite d’Emmanuel Macron, juste avant le second tour, avec « tout un scenario qui a été monté cette semaine, « j’y vais, j’y vais pas, j’y vais au dernier moment »… Cela fait partie de ses prérogatives, mais je n’ose espérer qu’Emmanuel Macron utilise ça a des fins de politique électorale ». Cherche-t-il à jouer sur l’image de chef de guerre, qui l’a aidé pendant la présidentielle ? « Bien sûr, personne n’est dupe et naïf. Si c’est le cas, je dirais que ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu », soutient Guillaume Gontard.
« Le Président ne fait rien au hasard, donc forcément, il essaie de faire converger des intérêts nationaux avec les élections. Tout le monde a bien compris que ça tombait pile poil au moment où il était chef des armées », estime aussi Hélène Conway-Mouret, sénatrice PS des Français établis hors de France. L’ancienne ministre ajoute :
Il attendait le moment propice pour faire en sorte que ça lui soit positif pour l’élection.
Reste « un beau symbole », notamment sur le plan européen, « avec trois pays fondateurs », salue la socialiste, qui a « bien aimé la photo des trois dirigeants dans le train ». « Malheureusement, avec Macron, sa communication domine tellement tout ce qu’il fait, qu’on se dit que c’est aussi un exercice de com’ bien sûr, mais il ne faut pas occulter le fait que c’est un moment important », estime Hélène Conway-Mouret.
« C’est assez indigne ce qu’on entend des oppositions » (une ministre)
Ces critiques ou attaques venues de l’opposition passent mal au sein de la majorité. « C’est assez indigne ce qu’on entend des oppositions », s’énerve en privé une ministre, qui insiste sur la présence d’Olaf Scholz et de Mario Draghi, pour décrédibiliser l’idée d’un déplacement intéressé. « Si c’est un coup politique, ils auraient autre chose à faire », note ce membre du gouvernement.
Pour sa part, Christian Cambon ne vise pas le chef de l’Etat sur ce terrain et ne suit pas le mouvement. « C’est assez compliqué de monter une visite à trois. Cela a dû faire l’objet de négociations. Olaf Scholz, Mario Draghi ou Volodymyr Zelensky ne vivent en fonction des législatives françaises. Je ne suis pas sûr qu’il y avait une volonté de monter un coup politique », soutient le sénateur LR.
Christian Cambon défend une « progression » « pas à pas » pour l’entrée de l’Ukraine dans l’UE
Sur le fond, la question du rapprochement entre l’Ukraine et l’Europe fait débat. Non pas sur le principe, mais sur la voie à suivre. Reste que la proposition faite à Kiev d’un soutien à la candidature du pays à l’adhésion à l’UE a de quoi satisfaire l’Ukraine. « Une acceptation de leur candidature, dont ils savent que ça n’entraînera pas d’effets juridiques, ouvre un champ d’espérance à la population », souligne Christian Cambon, qui pense qu’il faudrait quand même « expertiser ce scénario d’un deuxième cercle », initialement proposé par Emmanuel Macron.
Mais plutôt que cette longue et incertaine perspective de l’adhésion à l’UE, « au Sénat, nous défendons une vision légèrement différente, dans laquelle il y aurait une sorte de progression dans l’adhésion à l’Union européenne. Par exemple, un pays qui serait en mesure d’apporter les preuves qu’il contrôle totalement ses frontières pourrait entrer dans l’espace Schengen. S’il se permet d’ouvrir son marché au marché unique, il rentre dans le marché unique. Actuellement, il faut remplir 36 corbeilles pour pouvoir entrer. C’est pour ça que ça dure 20 ans et que ça pourrait désespérer tel ou tel. C’est une idée que nous lançons. C’est comme de longues fiançailles, où les choses avancent pas à pas », explique le président de la commission des affaires étrangères. De petites avancées plus rapides qu’un processus long et laborieux d’entrée dans l’UE comme pays membre. « Dire à sa jeunesse qui a 20 ans, quand vous aurez 40 ans, vous ferez peut-être partie de l’Union européenne, c’est loin », juge Christian Cambon.
« Il n’est pas politiquement correct d’émettre des critiques contre l’Ukraine, mais ce pays est incroyablement corrompu à tous les niveaux »
Hélène Conway-Mouret partage, elle, plutôt l’idée du chef de l’Etat d’une « communauté politique européenne ». La sénatrice « la comprend parfaitement. Il dit qu’il ne faut pas, pour des raisons émotionnelles, oublier la raison et faire entrer de manière accélérée un pays comme l’Ukraine. Quel signal nous enverrions à des pays comme le Monténégro ou la Turquie, qui ont fait des efforts ? » demande l’ancienne ministre. « Aujourd’hui, il n’est pas politiquement correct d’émettre des critiques contre l’Ukraine, mais ce pays est incroyablement corrompu à tous les niveaux », pointe la sénatrice PS.
Le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard, pense néanmoins souhaitable un chemin d’entrée dans l’Union. Il estime qu’une possible « décision, lors du sommet européen du 23/24 juin, d’accepter l’Ukraine comme candidat à l’entrée dans l’Europe, serait un temps important. Ce serait un signal fort ». Il ne mettrait pas fin à la guerre. Mais il donnerait une nouvelle perspective au peuple ukrainien.