« Ça démontre qu’il y a une attente, qu’il y a deux candidats qui favorisent les adhésions. C’est plutôt une bonne chose. Cela permettra de déclencher un intérêt particulier avant les échéances présidentielles et autres. On ne peut que se réjouir », salue aussi Laurent Duplomb, fidèle soutien de Laurent Wauquiez et sénateur LR de la Haute-Loire, le fief du président du groupe LR de l’Assemblée.
Dans le détail, l’Ile-de-France représente 25 % des adhérents et la région Auvergne-Rhône-Alpes, « 16 ou 17 % », avance-t-on chez les LR. Nouveauté cette année, le nombre d’adhésions – comme les résultats – sera donné aussi par département, « ce qui donnera une idée du rapport de force », selon le soutien d’un des candidats.
« Si les vaches ont adhéré, c’est embêtant »
Mais à qui profite cette vague d’adhésions ? C’est la question que tout le monde se pose. Evidement, chacun voit midi à sa porte. En Haute-Loire, on s’attend sans surprise à un vote pour l’ancien président de la région Auvergne-Rhône Alpes.
« Je pense que c’est une adhésion à Laurent Wauquiez », avance Laurent Duplomb, qui revendique une explosion du nombre de cartes dans son département. « On est passé de 200 à plus de 2000 adhérents pour la Haute-Loire. Ça fait une bonne progression. Il y a un engouement important », lance le sénateur LR du département. Soit une multiplication par 10 du nombre d’adhérents. « Laurent Duplomb est très convaincant. Ou très organisé… » réagit un pro Retailleau, dubitatif devant le chiffre. Il préfère encore en rire : « Si les vaches ont adhéré, c’est embêtant ». Référence aux accusations de fraude, lors de la primaire 2022, avec le cas symbolique du chien Douglas, qui avait pu voter.
« J’ai fait plus de 400 cartes »
Laurent Duplomb répond qu’il s’est mobilisé, et l’assume parfaitement. C’est ce que les LR appellent « faire des cartes ». Le tout à l’aide des fichiers du parti, auxquels les deux candidats ont accès. « J’ai fait faire beaucoup d’adhésions », dit le sénateur de Haute-Loire, « j’ai fait plus de 400 cartes personnellement. Et je sais pour qui ils vont voter ». Et ce soutien de Laurent Wauquiez entend mobiliser jusqu’au bout. « Il reste à peine deux jours pour faire encore quelques adhésions supplémentaires. Et tout est fait pour en avoir un maximum. C’est contacter les gens, les motiver à adhérer et vérifier qu’ils le font, leur rappeler, les accompagner », explique Laurent Duplomb, qui garde son sens de l’humour, malgré les petites tensions de la campagne : « En tout cas, je n’ai pas fait adhérer de chien ! »
En face, on s’attend à une grosse mobilisation pro Wauquiez dans la région. « On va avoir un bloc Auvergne-Rhône-Alpes qui sera conséquent. Je n’ai pas de doute là-dessus », glisse un soutien du ministre de l’Intérieur, qui « n’imagine pas un seul instant qu’ils n’aient pas la capacité à faire des cartes. Après, son équipe fait des cartes, mais du côté de Retailleau également. Les deux camps ont cherché à faire des cartes. A la fin, j’espère juste que les gens ne disparaîtront pas après le vote et qu’ils ne soient pas juste venus pour l’élection ».
Doublement des adhésions dans les Pyrénées-Atlantiques, triplement dans les Hauts-de-Seine
Les équipes de Bruno Retailleau ne sont pas en reste. Dans les Pyrénées-Atlantiques, le président de la fédération LR et sénateur Max Brisson mobilise les soutiens de l’ancien président du groupe LR du Sénat. « J’ai une équipe qui, deux fois par semaine, les mardis et jeudi soir, se réunit chez un ami et fait du phoning, avec un listing », explique le sénateur LR. Si se rassembler permet aussi « de casser la croûte », il s’agit surtout de « téléphoner à tous les gens qui étaient dans les fichiers 2022/2023, les inciter au renouvellement ». Résultat, « on passe dans les Pyrénées-Atlantiques de 573 adhésions au 31 décembre 2024, à 1128 au dernier pointage de vendredi. Nous doublons et on pourrait être 1300 en fin de semaine », se félicite le sénateur. Pour Max Brisson, « il y a un effet Retailleau auprès du peuple de droite. Et ce doublement, on le constate dans toutes les fédérations, petites ou grandes, même dans le Gers, les Hautes-Pyrénées et la Dordogne, qui ne sont pas des fiefs de la droite ».
En Vendée, terre d’élection de Bruno Retailleau, une source LR annonce aujourd’hui « un peu plus de 1600 adhérents. Fin janvier, avant renouvellement, nous étions à 335. Nous avons gagné environ 200 adhérents par semaine depuis trois semaines », pour un nombre de cartes multiplié quasiment par cinq.
« On est sur un mouvement comparable à ce qu’on avait connu avec Nicolas Sarkozy »
En Ile-de-France, forte adhésion aussi dans les Hauts-de-Seine. « Fin 2024, on avait 1850 adhérents à jour de cotisation. Aujourd’hui, on est à 5800. On triple », annonce Roger Karoutchi, « et Paris connaît aussi une très forte accélération. Ils sont autour de 7000 cartes, ils partaient de 2500 ». Selon le sénateur des Hauts-de-Seine, « les départements franciliens vont plutôt voter Retailleau ».
Même topo en Maine-et-Loire, où le président de la fédération, le sénateur LR Stéphane Piednoir, revendique « un triplement du nombre d’adhérents en deux mois, de 350 à 900. On va être proche des 1000. On est bien, on est sur une grosse dynamique ». Pour cet autre soutien de Bruno Retailleau, « on est sur un mouvement comparable à ce qu’on avait connu avec Nicolas Sarkozy, il y a 15 ans ».
« Il suffit de parler de Bruno Retailleau, on convainc facilement »
En Gironde, la sénatrice LR Florence Lassarade décrit la même progression. « On est parti de 969 adhérents en janvier. Fin mars, on était à 1716, 2050 début avril, donc on sera à 2200 je pense le 17 avril », détaille celle qui est aussi présidente de la fédération de Gironde. Et cette retailliste l’assure : « Il suffit de parler de Bruno Retailleau, on convainc facilement. A chaque fois que je sors, que je vais faire mes courses ou du sport, j’arrive à convaincre des gens ».
Dans l’Aisne, après « 290 militants à jour de cotisation début janvier, on en est à 510, soit une hausse de 75 % », nous informe la sénatrice Pascale Gruny, à la tête de la fédération. « J’ai des gens qui avaient quitté LR, et voté certainement plutôt RN aux dernières élections, et qui reviennent chez nous. On est le département où ça vote le plus RN », rappelle Pascale Gruny, qui sent aussi « un engouement, comme on en a eu moment de Nicolas Sarkozy. On le voit sur les jeunes. J’en avais 2, là j’en ai 20 ou 25 ».
Si Laurent Wauquiez devrait être fort dans sa région, « Bruno Retailleau aura d’excellents résultats dans les fédérations de l’ouest, dans son fief de Vendée, en Pays-de-la-Loire, Centre-Val-de-Loire », avance Max Brisson. S’il n’y a « plus de fédérations clefs, comme en 2022, avec les Alpes-Maritimes », où Eric Ciotti avait attiré 12.000 adhérents, et quelques soupçons, Max Brisson pense qu’au final, « les fiefs vont s’égaliser, se compenser et c’est le reste de la France qui fera la différence ».
« Il n’y aura pas de triche sur le vote électronique lui-même, les choses sont très contrôlées »
Après cette belle vague d’adhésions, reste à voir si les LR ne tomberont pas à nouveau dans des accusations de triche, qui leur ont fait beaucoup de mal dans le passé. « Le système mis en place, par vérifications des numéros de téléphone, fait que personne ne peut faire une multitude de cartes, c’est-à-dire des fausses cartes, qui ont pu exister dans le passé, comme dans tous les partis, et qui seront beaucoup plus difficiles à réaliser », assure Max Brisson. « Il n’y aura pas de triche sur le vote électronique lui-même, les choses sont très contrôlées », assure un cadre du parti, « en revanche, l’élément, ce sont les adhésions jusqu’à demain. La haute autorité peut faire des vérifications un peu au hasard, aléatoires, sur les adhésions mais elle n’a pas les moyens de tout vérifier ». Le contrôle devrait être en réalité réciproque. « Après, les deux camps vont se surveiller », glisse un pro Wauquiez. Il y a aussi des doublons ou des erreurs. La sénatrice Christine Bonfanti-Dossat a ainsi reçu trois fois car carte d’adhérent… (lire notre article).
La publication par département peut aussi permettre de surveiller le bon déroulé du scrutin. « On a demandé que les résultats soient publiés par département. C’est le meilleur moyen de savoir si les choses se sont passées normalement. Quand c’est 90/10 dans le résultat, ce n’est pas très crédible », avance un soutien du ministre de l’Intérieur. Il faut maintenant « attendre le 17 mai », conclut Laurent Duplomb, avant de reprendre une expression chère aux sénateurs : « C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses ». Attention à ne pas en avoir trop quand même, ça risquerait de faire tache dans l’élection.