Loi immigration : Si le texte du Sénat est « détricoté » à l’Assemblée, « ce sera niet » prévient Bruno Retailleau

Le président du groupe Les Républicains se réjouit du durcissement du projet de loi immigration au Sénat, mais il met en garde contre tout « détricotage » du texte à l’Assemblée nationale.
Stephane Duguet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’euphorie de Bruno Retailleau n’est pas retombée depuis l’accord trouvé hier entre Les Républicains (LR) et le groupe centriste. « C’est une victoire politique », revendique le patron des LR au Sénat, invité de « Bonjour chez vous » ce jeudi. Les deux groupes de la majorité sénatoriale ont en effet acté la suppression des articles 3 et 4 du projet de loi immigration, concernant la régularisation des travailleurs sans-papiers travaillant dans les métiers en tension et l’accès au marché du travail des demandeurs d’asile, tout en durcissant la “circulaire Valls”, désormais inscrite dans la loi.

La suppression des articles 3 et 4 a été votée malgré l’avis défavorable du gouvernement, exprimé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Il doit concilier l’inconciliable et faire croire à ses députés que nous l’avons battu au Sénat, mais que ce n’est pas grave… Tu parles ! », ironise tout sourire le sénateur de la Vendée.

Sacha Houlié a commis « une faute de carre politique»

L’amendement de compromis adopté hier soir suite à la suppression de ces articles fait grincer des dents les députés de « l’aile gauche » de la majorité présidentielle. Au premier rang de ceux-ci, Sacha Houlié. Le président de la commission des lois de la chambre basse, déclare, dans une interview au Figaro, avant même la fin de l’examen du texte au Sénat, que « notre rôle à nous est de le faire voter à l’Assemblée nationale, qui a le dernier mot. À l’Assemblée, nous rétablirons le texte ambitieux de l’exécutif, tout le texte de l’exécutif. Y compris le volet sur les régularisations. »

Le nouvel amendement des sénateurs vient à ce sujet, durcir les conditions des régularisations des personnes sans-papiers qui se feront au cas par cas et à la discrétion des préfets dans le cadre de la « circulaire Valls ». La prise de position du député de la Vienne ne plaît pas à Bruno Retailleau qui dénonce « une interview méprisante et une faute de carre politique » : « S’il est attaché au parlementarisme et aux procédures parlementaires, il aurait dû attendre ». Le sénateur de la Vendée y voit aussi une « nouvelle preuve que ce que nous avons fait avec les centristes est une sortie vers le haut » et une modification de la mesure portée par l’article 3.

Opposition au rétablissement de l’aide médicale d’Etat

Pour autant, le texte qui sortira du Sénat sera très certainement modifié lors de son examen à l’Assemblée nationale où les équilibres politiques sont différents. Bruno Retailleau assure sur Public Sénat que les députés de son parti sont « absolument sur la même ligne » que lui et qu’ils pointeront le « détricotage du texte ». Le projet de loi immigration devrait donc vraisemblablement en passer par une commission mixte paritaire pour laquelle le patron des LR au Sénat fixe déjà des lignes rouges. « Soit on gagne et on rétablit ce qui a été détricoté à l’Assemblée, mais si c’est un texte du en même temps, on s’y opposera, ce sera niet », affirme Bruno Retailleau.


Il exclut tout compromis sur le rétablissement de l’aide médicale d’Etat après sa suppression par les sénateurs. « Ce sont des appels d’air, ce sont des brèches. Nous voulons remettre la France dans la moyenne des pays européens », plaide l’ancien président de la région Pays de la Loire. Si aucun accord ne peut être trouvé en commission mixte paritaire avec les députés macronistes, Bruno Retailleau indique qu’il n’aura pas de problème à ne pas valider le texte comme pour la loi asile et immigration portée par Gérard Collomb en 2018. « Ou les outils pour réguler l’immigration seront dans le texte, ou ce sera non », tranche, catégorique, le président du groupe LR.

Dans la même thématique

Loi immigration : Si le texte du Sénat est « détricoté » à l’Assemblée, « ce sera niet » prévient Bruno Retailleau
3min

Politique

Retraites : « Il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », alerte Bernard Jomier

Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

Loi immigration : Si le texte du Sénat est « détricoté » à l’Assemblée, « ce sera niet » prévient Bruno Retailleau
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le