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Loi immigration : « Gérald Darmanin a joué la confusion, il a perdu », juge Patrick Kanner
Par Stephane Duguet
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Il n’a pas sauté de joie à l’annonce du vote de la motion de rejet sur le projet de loi immigration dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale hier soir. Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat se veut modéré : « C’est une défaite pour le bon fonctionnement de nos institutions », explique-t-il dans « Bonjour chez vous » sur Public Sénat.
Le sénateur du Nord est partagé entre « la satisfaction de voir un texte mauvais dégager du débat parlementaire » et les « réactions des uns et des autres qui disent que c’est le mariage de la carpe et du lapin entre le RN et la gauche de l’autre ».
Après le résultat de la motion de rejet, votée par les groupes politiques de gauche, insoumis, socialistes, écologistes et communistes, par Les Républicains (LR) et par le Rassemblement National (RN), Patrick Kanner y voit surtout la défaite du, ministre de l’Intérieur, qui portrait le texte. « Gérald Darmanin a joué la confusion et il a perdu », cingle l’ancien ministre de la ville de François Hollande qui dénonce les gages donnés par le ministre de l’Intérieur à la majorité sénatoriale de droite et du centre avant de « dire que le texte initial du gouvernement est très bien ».
« Le ni droite ni gauche n’est plus crédible »
Sur le fond, Patrick Kanner regrette qu’au « début il ait dit qu’on serait gentils avec les gentils et méchants avec les méchants, finalement on a été méchants avec les gentils et méchants tout court ». Il considère qu’il « faut une loi sur l’immigration », mais qu’il « faut retirer le texte » de Gérald Darmanin et « réécrire tout ». Plusieurs options s’offrent désormais au gouvernement et Emmanuel Macron a chargé la Première ministre Élisabeth Borne et son ministre de l’Intérieur de trouver une solution. Ils peuvent par exemple renvoyer le texte en commission mixte paritaire ou le renvoyer devant le Sénat.
« Si on est consultés, on donnera nos propositions, indique Patrick Kanner. Mais il faut que le gouvernement assume. Ils se sont crashés dans une impasse absolue. Revenir devant le Sénat, pour quoi faire ? Est-ce qu’il sera plus doux qu’il ne l’a été ? » Le sénateur du Nord estime que ce revers pour le gouvernement entache le « en même temps » du président de la République : « Ça montre que le ni droite ni gauche n’est plus crédible, et c’est très inquiétant pour le pays ».
Spectre de la dissolution de l’Assemblée
Le spectre de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République plane maintenant sur les députés. Le président du RN Jordan Bardella y est favorable. Il a appelé sur l’antenne de nos confrères de RMC et BFMTV, ce mardi, à dissoudre « face à cette crise politique majeure ». Sans se prononcer clairement pour une dissolution, Patrick Kanner affirme qu’il ne croit pas que l’on peut « continuer à vivre comme ça à coup de 49-3 et avoir cinq budgets du pays à coup de 49-3 ! »
Le président des sénateurs socialistes est également sceptique sur l’initiative évoquée par Emmanuel Macron pour « réunir les Français ». « Après le grand débat, les conventions citoyennes, le conseil national de la refondation, le conclave de Saint-Denis, je ne sais pas ce qu’il va nous inventer encore… Si le grand rendez-vous avec la nation, c’est la dissolution, c’est cohérent ! », lance Patrick Kanner.
Un texte des LR sur l’immigration retiré au Sénat
La motion de rejet n’aurait pas été adoptée sans les 40 voix du groupe Les Républicains. Le patron du parti Éric Ciotti dénonçait un texte pas assez ferme comparé à la version votée en première lecture au Sénat. Son groupe à l’Assemblée nationale avait aussi échoué à faire adopter lors de la niche parlementaire LR du 7 décembre une proposition de loi constitutionnelle sur l’immigration.
Le même texte devait être débattu ce mardi soir au Sénat, sauf qu’il a été retiré. « M. Le Pen père aurait pu le signer », s’indigne Patrick Kanner qui qualifie cette proposition de loi « d’extrême droite ou de droite extrême ». Ce texte devait permettre de modifier la Constitution pour organiser un référendum sur l’immigration et consacrer la primauté du droit français sur le droit européen en matière d’immigration. « Manifestement M. Retailleau et ses amis politiques ont considéré qu’ils n’auraient pas de majorité pour le voter donc ils n’ont pas pris de risque », note Patrick Kanner faisant allusion aux dissensions entre les LR et les centristes. Ce texte porté conjointement dans les deux chambres par Éric Ciotti et Bruno Retailleau, président des sénateurs LR est une « caricature » et « c’est un problème d’image pour le Parlement », juge sévèrement le sénateur du Nord.
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