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Ligue des droits de l’Homme : « Je ne comprends plus certaines de ses prises de position », affirme Élisabeth Borne
Par Stephane Duguet
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La Ligue des droits de l’Homme (LDH) encore sous le feu de l’actualité. Après le ministre de l’Intérieur, c’est la Première ministre qui a critiqué à son tour l’association, expliquant ne plus comprendre « certaines de ses prises de position ». Élisabeth Borne répondait à la présidente du groupe communiste Éliane Assassi lors de la séance de questions au gouvernement.
« Menaces d’une gravité insupportable »
La sénatrice de Seine-Saint-Denis interpellait la cheffe du gouvernement suite aux propos polémiques tenus par le ministre de l’Intérieur lors de son audition au Sénat le 5 avril concernant le maintien de l’ordre des manifestations contre la réforme des retraites ou contre les méga bassines à Sainte Soline. « Le ministre de l’Intérieur, M. Darmanin a menacé de manière à peine voilée la LDH de sanctions financières. Ces menaces sont d’une gravité insupportable. Pouvez-vous accepter qu’un ministre de la République puisse porter atteinte à une association qui est l’honneur de cette dernière ? », interroge avec vivacité Éliane Assassi.
La présidente communiste a rappelé le rôle « d’observateur, de vérification du respect des libertés et des droits à Sainte Soline où sur d’autres théâtres d’affrontement et de tensions » que joue la LDH. L’association avait d’ailleurs accusé les forces de l’ordre d’avoir empêché le Samu d’intervenir à Sainte-Soline. Éliane Assassi a également rappelé à l’hémicycle l’histoire de l’association, créée en 1898 pour défendre le capitaine Dreyfus et dont « à la Libération un tiers du comité central de la LDH avait disparu assassiné, mort en déportation ou fusillé ». Celle qui a signé avec 1 000 autres personnalités la tribune « On ne touche pas à la Ligue des droits de l’homme » dans le journal l’Humanité a demandé à la Première ministre « d’affirmer sans ambiguïté devant le Sénat que vous désavouez les propos de votre ministre de l’Intérieur ! »
« Ambiguïté face à l’islamisme radical », accuse la Première ministre
Il n’en sera rien. Même si Élisabeth Borne considère qu’il « n’est pas question de baisser par principe la subvention de telle ou telle association », elle estime qu’il faut « dialoguer avec les associations sur leurs actions lorsqu’il s’agit de financement public. » Ainsi, elle suit la voie tracée par son ministre de l’Intérieur qui avait déclaré que les subventions à la LDH « méritent d’être regardée dans le cadre des actions menées ».
La Première ministre reconnaît « l’histoire de cette grande association », citant pêle-mêle les combats de Madeleine Rebérioux et Maître Henri Leclerc, deux anciens présidents de la Ligue. Ce dernier avait d’ailleurs estimé que les propos du ministre de l’Intérieur étaient « stupéfiants ». La cheffe du gouvernement a précisé qu’elle avait « beaucoup de respect » pour ce que la LDH « a incarné ». Au passé, donc. Puisqu’elle explique que selon elle, la LDH a été « ambiguë face à l’islamisme radical » et plus récemment lors des évènements à Sainte-Soline où « cette association a attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination ».
Sa réponse a été applaudie par les bancs de la majorité sénatoriale alors que la présidente communiste Éliane Assassi l’a trouvé « très choquante », comme elle l’a confié au micro de Public Sénat à la fin de la séance. Sollicité par nos collègues de l’Agence France Presse, Patrick Baudouin, le président de la Ligue des droits de l’Homme a réagi : « L’amalgame que fait Madame Borne me révolte. […] Je trouve qu’elle cède à des petites sirènes qui ne sont pas acceptables à notre égard. […] Je sais que c’est une petite musique qui court du côté de nos adversaires situés plutôt à droite voire à l’extrême droite. »