« Nous avons deux périls objectifs », assure Christophe Béchu en renvoyant dos à dos LFI et le RN. A quelques jours du premier tour des élections législatives, le camp présidentiel tente d’affiner sa stratégie et de sauver un maximum de sièges face à ses concurrents de gauche et d’extrême-droite. Emmanuel Macron a d’ailleurs participé à une réunion, hier, avec d’autres cadres de son camp afin d’acter le « ni RN, ni LFI ». Si la décision n’est pas encore tranchée, la coalition présidentielle qualifie déjà les deux camps d’extrêmes et jouera gros le 30 juin avec un risque de recul important à l’Assemblée nationale.
Pour Christophe Béchu LFI et le RN sont des « gens qui misent sur les fractures de notre pays »
« Quand vous avez l’extrême gauche et l’extrême droite qui sont à des niveaux aussi élevés dans le pays, ça montre bien qu’il y a une déception par rapport à ceux qui étaient en responsabilité », reconnaît Christophe Béchu qui estime néanmoins que seul son camp peut rassembler les citoyens. « LFI est un parti extrémiste […] Il n’y a pas un bon antisémitisme et un mauvais antisémitisme », juge le ministre de la transition écologique. Par ailleurs, l’ancien maire d’Angers qualifie le Nouveau Front populaire de « cartel qui va de Poutou à Hollande […] soumis à la France insoumise » et agite le chiffon rouge d’une hypothétique accession de Jean-Luc Mélenchon à Matignon. Les principaux chefs des partis formant le Nouveau Front populaire ont pourtant exclu cette option et Jean-Luc Mélenchon lui-même a affirmé qu’il n’était « candidat à rien ».
« Il n’y a pas un camp qui a le monopole de la haine », déclare Christophe Béchu pour renvoyer dos à dos les deux autres pôles en mesure d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. « Je n’ai jamais considéré que le RN était un parti comme les autres », continue le ministre de la transition écologique qui souhaite écarter les « gens qui misent sur les fractures de notre pays ». Dans un entretien accordé au podcast « Generation do it yourself », Emmanuel Macron a considéré que « les extrêmes » menaient à la guerre civile. Des propos forts, atténués par Christophe Béchu qui estime que « ce ne sera pas la même paix civile selon que cela soit le RN, LFI ou les élus du bloc central qui l’emporte ».
Une stratégie à clarifier
Alors qu’Edouard Philippe appelait, à la suite de la dissolution, à former de nouvelles alliances, la rhétorique des « extrêmes » pourrait surtout isoler le camp présidentiel qui se divise sur la question du « ni-ni ». En effet, en cas de second tour entre un candidat issu de LFI et du RN, la majorité présidentielle pourrait se retrouver dans l’embarras. Lors des élections de 2022, les candidats éliminés du premier tour avaient donné des consignes au cas par cas pour les duels opposant un candidat de la Nupes à un RN. Par ailleurs, l’augmentation de la participation devrait favoriser la possibilité de triangulaires lors du deuxième tour. Marine Tondelier a appelé au désistement du candidat arrivé en troisième position pour contrer le RN. Plusieurs membres de la majorité, comme Clément Beaune ou Agnès Pannier-Runacher, ont validé cette option. Christophe Béchu assure ne pas avoir encore fait son choix : « Vous me reposerez cette question, quand on sera confronté à la situation », élude l’ancien maire d’Angers.