Législatives : Emmanuel Macron demande « une majorité solide » et appelle au « sursaut républicain »
Face à la menace d’une majorité relative à l’Assemblée, qui risquerait de lui lier les mains, Emmanuel Macron a pris la parole pour dénoncer, sans la citer, la Nupes. « Rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial », prévient le chef de l’Etat, avant de s’envoler pour la Roumanie voir les forces françaises.
Moi ou le chaos. A cinq jours du second tour des législatives, Emmanuel Macron s’est adressé solennellement aux Français pour leur demander « une majorité solide » à l’Assemblée nationale. Deux jours après un premier tour en forme d’avertissement pour la majorité présidentielle, cette prise de parole présidentielle n’a rien d’anodine. Devant le risque réel pour le chef de l’Etat de n’avoir qu’une majorité relative, qui serait synonyme, dans le pire des scénarios, d’une incapacité à gouverner ou presque, cette sortie montre autant une volonté de dramatiser l’enjeu que l’inquiétude qui gagne le pouvoir. Plusieurs responsables de la majorité appelaient de leurs vœux une telle prise de parole du Président.
Le lieu et le moment choisis n’ont rien d’anodins : le tarmac de l’aéroport et devant l’Airbus présidentiel, qui doit amener Emmanuel Macron en Roumanie pour visiter les forces armées françaises envoyées sur place pour aider les Ukrainiens. C’est le costume de chef de guerre, qui a réussi au président de la République, pendant la campagne présidentielle, le temps d’un « effet drapeau ».
« Dans ces temps troublés, le choix que vous aurez à faire est plus crucial que jamais »
Mais depuis, malgré sa réélection, l’union de la gauche, avec la Nupes, a réussi à déjouer tous les pronostics et le fait majoritaire. Si bien qu’il semble aujourd’hui difficile à Emmanuel Macron d’avoir une majorité absolue, comme on l’a observé à chaque législative, depuis que le scrutin suit la présidentielle.
« Il s’agit d’un moment historique et nous vivons des temps historiques », a prévenu Emmanuel Macron, « la guerre en Ukraine […] sème partout le désordre », qu’il soit « géopolitique, avec pour la première fois une guerre de haute intensité impliquant sur notre continent une puissance nucléaire », « désordre économique », « désordre dans nos vies quotidiennes » avec la hausse des prix ». C’est pourquoi « dans ces temps troublés, le choix que vous aurez à faire ce dimanche 19 juin est plus crucial que jamais ».
« Nous avons besoin d’une majorité solide pour assurer l’ordre à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières »
« Vous avez placé en tête la majorité présidentielle, et je vous en remercie » dit Emmanuel Macron, alors que la Nupes et La France insoumise dénoncent le calcul fait par le ministère de l’Intérieur. « Parce qu’il en va de l’intérêt supérieur de la Nation, je veux vous convaincre de donner une majorité solide au pays », demande le Président. « Nous avons besoin d’une majorité solide pour assurer l’ordre à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières », « rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial », lance Emmanuel Macron, qui continue : « Il nous faut défendre nos institutions face à tous ceux qui les contestent et les fragilisent », « nous avons besoin d’une majorité solide pour défendre notre économie et vos économies », comme « l’Europe », ou « porter les grandes ambitions du pays face à l’urgence du siècle, climatique et sociale », avec « un avenir sans gaz, charbon, sans pétrole ». Le chef de l’Etat prévient :
Rien ne serait pire que de nous perdre dans l’immobilisme, les blocages et les postures.
Il entend « investir pour transformer les services publics », tout en réduisant « la dette » notamment « par le travail ». Il faut « travailler tous, travailler mieux, en améliorant les conditions de travail ». Pour Emmanuel Macron, « nous sommes à l’heure des choix. Et les grands choix ne se font jamais par l’abstention. J’en appelle donc à votre bon sens et au sursaut républicain, ni à l’abstention, ni la confusion, mais à la clarification. Dimanche, aucune voix ne doit manquer à la République », lance Emmanuel Macron, alors que son camp renvoie dos à dos l’extrême droite et la Nupes. Dans l’entre-deux tours de la présidentielle, les macronistes soulignaient pourtant les « valeurs communes » avec LFI. Emmanuel Macron avait alors besoin des voix de gauche pour l’emporter. Les mêmes voix pourraient aujourd’hui en faire un roi nu.
Emmanuel Macron sur le tarmac de l'aéroport d'Orly, mardi 14 juin 2022.
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