PARIS – SIEGE LR – BELLAMY

Législatives : « Ciotti a lancé une torpille dans la maison LR, mais nous sommes toujours là »

Quatrième force politique du pays avec 10 % des voix au premier tour des législatives, Les Républicains vont pouvoir sauver les meubles et conserver un groupe parlementaire. Dès dimanche soir, le parti a réaffirmé sa ligne d’autonomie en refusant de donner des consignes de vote dans les circonscriptions où ils ne sont pas présents au second tour.
Simon Barbarit

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Contrairement aux apparences, Les Républicains ont rassemblé plus de suffrages qu’aux législatives de 2022. Avec 10,23 % des voix LR et leurs alliés ont obtenu 3 277 512 voix contre 2 901 586 au premier tour en 2022. Mais la participation record de plus de 65 % qui a conduit à 306 triangulaires dimanche soir va réduire le nombre de députés LR. Jusqu’au ralliement d’Éric Ciotti au RN, on comptait 61 députés Républicains. Selon les premières projections, ils ne seraient plus que 30 à 50 dans la prochaine législature. « Malgré la trahison d’Éric Ciotti, LR a tenu bon. Notre ligne d’indépendance fait que nous n’avons pas été contaminés par l’échec du macronisme et nous ne comptons pas l’être par l’impréparation du programme du Rassemblement national. Notre score est un investissement pour l’avenir », se félicite le sénateur LR, Philippe Bas.

Les Républicains s’accrochent mais ne sont plus qu’une force politique de second plan au niveau national, loin derrière le Rassemblement national qui a tenté d’absorber la droite républicaine 48 heures après la dissolution avec une alliance en catimini avec le président du parti, Éric Ciotti. Les cadres du parti ont tenté par la suite de l’exclure à trois reprises sans succès.

Ultime appel du pied d’Éric Ciotti

Le député sortant de la première circonscription de Nice, en ballottage favorable au premier tour a une nouvelle fois tendu la main à ses anciens camarades. « J’appelle l’ensemble des Républicains à suivre le chemin de l’unité que j’ai ouvert. Les Républicains ne peuvent pas s’abstenir dans le second tour. Ils doivent participer à la victoire de la droite tout entière », a lancé Éric Ciotti depuis sa ville de Nice.

Dans la foulée de l’annonce des résultats, les principaux ténors du parti, François-Xavier Bellamy Jean-François Copé, Daniel Fasquelle, Annie Genevard, Gérard Larcher, Bruno Retailleau, Michèle Tabarot et Laurent Wauquiez ont, eux, réaffirmé leur ligne d’indépendance et d’autonomie en refusant de donner des consignes de vote dans les circonscriptions où les LR sont éliminés. « Nous invitons solennellement tous ceux qui refusent d’être les otages d’un choix contraint à apporter leurs suffrages aux candidats Les Républicains présents au second tour. Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience ».

« Dans un cas de duel entre un candidat LFI et un RN, moi, je voterai blanc »

Une ligne « ni ni » qui pour François-Xavier Bellamy semble être à géométrie variable. Nommé à la direction intérimaire du parti, l’eurodéputé a considéré que le « danger qui guette notre pays aujourd’hui, c’est l’extrême-gauche ». Il avait aussi déclaré il y a deux semaines qu’il voterait « bien sûr » RN contre le Nouveau Front Populaire.

« On ne peut pas faire un accord de gouvernement avec un parti comme LFI qui prône le communautarisme et qui soutient le Hamas. Les consignes de vote des partis sont de toute façon très peu suivies par les électeurs. Mais François-Xavier Bellamy exprime une position personnelle. Dans un cas de duel entre un candidat LFI et un RN, moi, je voterai blanc », réagit Marc-Philippe Daubresse, sénateur LR du Nord.

Le sénateur Roger Karoutchi s’est lui aussi permis de corriger quelque peu le communiqué. « J’aurais ajouté quelques éléments. Dans le cas d’un duel entre un LFI et de l’autre un candidat de l’arc central, moi, je voterai pour l’arc central. Je pense qu’il faut nuancer ce communiqué et être un peu plus clair. Moi, je ne voterai jamais pour LFI ».

Le président du Sénat, Gérard Larcher, lui-même, a annoncé son soutien à Aurore Bergé, arrivée en tête dans son fief des Yvelines, face au candidat RN, Thomas Du Chalard et Cédric Briolais de la France Insoumise.

Car chez LR, on distingue les négociations d’appareils, proscrites, des arrangements locaux. Philippe Juvin est seul député LR élu au premier tour dans la troisième circonscription des Hauts-de-Seine, grâce à un accord avec les macronistes. Dans la quatrième circonscription de Saone-et-Loire, le candidat Les Républicains Anthony Vadot, arrivé troisième, derrière un candidat d’union d’extrême droite d’Éric Ciotti et la candidate du Nouveau Front Populaire, a annoncé qu’il se retirait au second tour.

« Dans ce chaos, les Républicains vont reprendre la main »

Ironie de la situation, les figures marquantes de LR pourraient également bénéficier au niveau local du barrage républicain qu’ils honnissent au niveau national. Laurent Wauquiez qui est arrivé en tête dans son fief de Haute-Loire avec 36,78 % des suffrages, devant le candidat du RN Alexandre Heuzey (35,77 % des voix) va profiter du retrait de l’écologiste Celline Gacon, pourtant en position de se maintenir au second tour, avec 18,66 % des voix. Dans le Haut Doubs, la secrétaire nationale du parti, Annie Genevard dépasse d’une courte tête son rival du RN, et va aussi bénéficier du retrait du candidat de gauche.

« Ciotti a lancé une torpille dans la maison LR mais nous sommes toujours là. Wauquiez et Genevard sont au-dessus de 30 %, ce n’est pas si mal », observe Marc-Philippe Daubresse qui comme son collègue Philippe Bas pense au coup d’après. « Si le RN n’a pas la majorité absolue dimanche prochain, il n’y aura pas de solution alternative. L’Assemblée sera dans une instabilité totale. Dans ce chaos, les Républicains vont reprendre la main et on ne pourra faire passer un texte sans eux ».

« Le spectacle qui va être donné dans cette nouvelle Assemblée va montrer que seuls les Républicains peuvent être une alternative en 2027. L’histoire ne va pas s’arrêter le 7 juillet », abonde Philippe Bas. L’ancien président de la commission des lois compte également sur le Sénat où la droite est majoritaire pour imprimer sa marque sur les prochains projets de loi et propositions de loi.

 

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