Selon les estimations Ipsos / Talan pour France Télévisions, Radio France et LCP, le Rassemblement national est arrivé en tête de ce premier tour des élections législatives avec 33,5 % des voix. En seconde position, le Nouveau Front populaire (NFP) totalise 28,1 % des voix, devant la coalition présidentielle Ensemble à 21 %.
En raison d’une forte participation, un nombre historique de circonscriptions – entre 285 et 315 – voient trois candidats se qualifier au second tour. Dans la très grande majorité d’entre elles, les candidats en lice sont issus des trois blocs principaux : RN, NFP et Ensemble.
Face à la perspective d’une majorité absolue pour l’extrême droite à l’issue du second tour, les deux autres blocs se mobilisent pour éviter une dispersion des voix. Mais les consignes précisent divergent selon les partis. Tour d’horizon.
Les candidats du Nouveau Front populaire arrivés troisième sommés de se retirer
C’est du côté du Nouveau Front populaire que les appels au vote pour ce second tour sont les plus clairs. Avant même les résultats du premier tour, la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier avait affirmé que les candidats de son parti qualifiés en troisième position se retireraient.
Même son de cloche du côté du Parti socialiste, dont le premier secrétaire Olivier Faure a indiqué dans la soirée du 30 juin, sur le plateau de TF1, son souhait de voir les candidats du NFP se retirer « dès lors qu’il y a un risque de faire élire un candidat du Rassemblement national ». Olivier Faure « assume » ainsi, par exemple, le désistement de son candidat dans la 6eme circonscription du Calvados, pour « sauver » Élisabeth Borne. L’ex-Première ministre est en effet en ballotage défavorable, en deuxième position derrière un candidat Rassemblement national.
Chez Place publique, qui faisait liste commune avec le PS aux élections européennes, Raphaël Glucksmann formule le même appel. Du côté de La France insoumise, c’est Jean-Luc Mélenchon qui s’est exprimé après le premier tour. « Nulle part nous ne permettrons au RN de l’emporter », indique le chef de file du parti. En cas de triangulaire où le candidat LFI serait arrivé troisième, Jean-Luc Mélenchon lui demande ainsi également de se « retirer en toutes circonstances ».
Après les déclarations peu claires de Gabriel Attal et Emmanuel Macron, de premiers désistements sur le terrain
Dès 20 heures, le président de la République appelait de son côté dans une déclaration écrite à « un large rassemblement démocrate et républicain pour le second tour », contre le Rassemblement national. « Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national », clamait aussi Gabriel Attal après l’annonce des résultats.
Mais, dans les faits, les consignes pour ce second tour ne semblent pas encore très claires du côté d’Ensemble. Le Premier ministre appelle ainsi au désistement des candidats du parti « dont le maintien en troisième position ferait élire un député du Rassemblement national face à un autre candidat qui défend, comme nous, les valeurs de la République ». Une déclaration qui semble exclure des désistements au profit de candidats de La France insoumise, qui ont régulièrement été pointés du doigt par le parti présidentiel durant la campagne.
Pourtant, sur le terrain, la candidate Ensemble Albane Branlant, arrivée troisième dans la première circonscription de la Somme a d’ores et déjà annoncé son retrait « face au risque du Rassemblement national », au profit de François Ruffin arrivé deuxième. Même configuration pour la secrétaire d’État chargée de la Ville Sabrina Agresti Roubache, candidate à Marseille et arrivée en troisième position derrière les candidates RN et NFP, qui a annoncé dans la soirée son retrait. « Pas de voix pour le RN », a-t-elle affirmé.
Le Modem et Horizons favorables au barrage face au RN, mais aussi face à LFI
Sur le plateau de TF1, François Bayrou, également membre de la coalition Ensemble, préconisait ainsi de « regarder circonscription par circonscription », avant d’opter ou non pour un désistement. « Beaucoup de Français seraient totalement désespérés à retrouver un vote, un choix entre RN et LFI et ceux-là, nous allons les prendre en compte », a affirmé le président du Modem.
De son côté, Édouard Philippe appelle clairement à faire barrage à la fois au RN et à LFI. « Aucune voix ne doit se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise », a indiqué le président du parti Horizons. Par conséquent, les candidats investis par le parti et qualifiés en troisième position dans une triangulaire pourront tout de même se retirer au profit d’un « candidat républicain ».
Pas de consigne de vote chez Les Républicains
Arrivés en quatrième position de ce premier tour avec 10 % des suffrages, Les Républicains ont fait savoir dans un communiqué qu’ils ne donneraient pas de consigne de vote : « Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience ». Sur TF1, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy a de son côté affirmé que « le danger qui guette notre pays aujourd’hui, c’est l’extrême gauche ».
Il faudra attendre mardi 2 juillet à 18 heures, date butoir à laquelle les candidats qualifiés au second tour devront s’être officiellement déclarés, pour connaître exactement les forces politiques en présence dans chaque circonscription.