Ils ont résisté à la dissolution. Et ils pourraient même légèrement progresser numériquement. Les candidats LR et assimilés, qui étaient un peu plus de 70 en lice au second tour, sont ressortis pour une grande partie d’entre eux vainqueurs ce dimanche. Les candidats LR, ainsi que les candidats divers droite, devraient être entre 63 et 67, selon une projection Ipsos Talan pour France Télévisions, Radio France, France24/RFI et LCP Assemblée Nationale. Le groupe LR comptait 62 membres dans l’Assemblée nationale sortante, 60 en ne tenant pas compte Éric Ciotti et Christelle d’Intorni, réélus dans les Alpes-Maritimes dans le cadre d’une alliance d’extrême droite.
Toujours en conflit contre son président qui s’est engagé unilatéralement dans cette voie, le parti s’est félicité de sa stratégie. « Nous avons fait le choix de rester fidèles à nos valeurs. Le choix de l’indépendance était le bon », a publié le successeur du parti gaulliste sur X.
44 députés sortants retrouvent le palais Bourbon
LR comptait déjà un député élu dès le premier tour, Philippe Juvin dans les Hauts-de-Seine, contre lequel la majorité présidentielle avait décidé de ne pas présenter de candidat. Ce soir, LR termine victorieux dans 48 sur les 60 circonscriptions qu’il détenait au début de la campagne, toutes dans le cadre de seconds tours face au RN ou ses alliés. Beaucoup ont bénéficié à plein des désistements pour faire barrage à l’extrême droite, et de bons reports de voix. Olivier Marleix, le patron des députés LR, en est l’exemple. Parti avec 13 points de retard sur son adversaire RN au premier tour, il finit 23 points devant au second.
Deux sortants ont même réussi à tirer leur épingle du jeu dans des triangulaires. C’est le cas de Fabrice Brun, apparenté LR, en Ardèche, ou d’Aurélien Pradié dans le Lot (53,8 %), mais ce dernier a claqué la porte du parti cette semaine. D’autres ont été élus de justesse, face à une poussée importante du RN sur leurs terres, comme Julien Dive dans l’Aisne (50,6 %) et Raphaël Schellenberg dans le Haut-Rhin (50,7 %).
Victoire de Vincent Jeanbrun face à Rachel Keke dans le Val-de-Marne
Certains ont dû malgré tout s’incliner face au parti de Jordan Bardella, comme Pierre-Henri Dumont, dans le Pas-de-Calais ou Victor Habert-Dassault, le neveu d’Olivier Dassault qui avait tenu la 1ère circonscription de l’Oise pendant quatre législatures. En Corrèze, le sortant Francis Dubois n’a eu aucune chance dans la triangulaire qui l’a opposé à François Hollande et au RN.
L’une des conquêtes marquantes des Républicains ce dimanche reste la 7e circonscription du Val-de-Marne. Dans ce territoire que la droite n’avait plus revu depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, Vincent Jeanbrun, le maire de L’Haÿ-les-Roses, qui s’est révélé l’an dernier au moment des émeutes, l’a emporté avec moins de 600 voix d’avance sur la sortante, Rachel Keke (LFI). En Loire-Atlantique, idem, la 9e circonscription rebascule aussi à droite pour la première fois 2007, avec Jean-Michel Brard (divers droite). LR reprend aussi à la gauche la 2e circonscription des Hauts-de-Seine avec la victoire de Thomas Lam.
« Ni coalition, ni compromission »
Ces législatives marquent aussi le retour de Laurent Wauquiez à l’Assemblée nationale. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a emporté sans difficulté l’élection dans son fief de la première circonscription de Haute-Loire, avec 61,6 % des voix contre le RN. L’ancien président de LR (décembre 2017 – juin 2019) place l’après-législatives sur la même stratégie que la campagne, celle d’une ligne « indépendante » et « autonome » par rapport à la macronie et au RN. « Pour nous, il n’y aura ni coalition, ni compromission », a annoncé Laurent Wauquiez, alors qu’aucun bloc ne peut se prévaloir de réunir la majorité absolue dans le nouvel hémicycle.
« Dans un contexte très difficile, Les Républicains font mieux que résister. Plus que jamais, les résultats de ce soir montrent que seule la droite libre et indépendante est en capacité de proposer une véritable alternative pour redresser le pays », a réagi de son côté Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, qui a fustigé un président de la République « otage de la gauche » et un RN, qui « démontre son incapacité à convaincre qu’il peut exercer le pouvoir ».
Après une performance décevante aux élections européennes, LR peut se satisfaire de son résultat aux législatives. La droite républicaine peut potentiellement conserver une position de groupe pivot au sein d’un hémicycle plus divisé que jamais. Les divisions fratricides avec Éric Ciotti, qui pourrait s’assurer de justesse un groupe parlementaire, laissent certains amers. « Les Républicains auraient pu être encore plus nombreux si Éric Ciotti n’était parti », confiait ce soir sur les plateaux de télévision Florence Portelli, la maire LR de Trappes.