Au Sénat, on a l’habitude de manier le compromis et de rechercher le consensus. Pourtant, ce matin, les mots de son président sont durs. Dans un communiqué d’une quinzaine de lignes, Gérard Larcher épingle tour à tour le RN, l’alliance de gauche, la macronie, ainsi que ses ex-collègues LR, partis à l’extrême-droite.
Mettant en évidence le rôle du Sénat dans une assemblée plus fragmentée que jamais, l’ancien maire de Rambouillet assure que l’institution, « au-delà de son rôle de législateur, a une responsabilité particulière de préservation des institutions et [de] protection des libertés ».
Dénonciation du « en même temps »
Dans son communiqué, Gérard Larcher revient d’abord sur la dissolution surprise d’Emmanuel Macron, à l’issue du scrutin européen, largement dominé par le RN (31,5%), 17 points devant la majorité présidentielle (14,5%). Une décision que le président du Sénat avait contestée à plusieurs reprises depuis. « Ce n’est pas sérieux de jouer avec l’avenir de la France », déclarait-il le 26 juin dernier chez nos confrères du Parisien, pointant « un risque de crise institutionnelle ». Cette fois-ci, les mots sont encore plus virulents à l’encontre du chef de l’Etat, dont il accuse d’avoir précipité la France « dans une instabilité politique gravement préjudiciable ». « L’ex-majorité relative, par sa politique du « en même temps » nous a conduits à cette situation », écrit-il encore.
Se réjouissant de la défaite du RN, le président du Sénat s’en est ensuite pris à l’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP), qu’il accuse de former un « cartel électoral », qu’il juge « sans lendemain du fait de désaccords de fond ». Pour Gérard Larcher, l’application du programme de l’alliance de gauche conduirait à un « désastre économique et social ». Sur ce point, le sénateur avait déjà martelé à plusieurs reprises qu’il voterait « blanc » en cas de duel entre le NFP et le RN au second tour.
Maintien des LR « contre les pronostics »
Autre surprise de cette élection venant des LR, qui font plus que résister dans cette élection, obtenant 66 sièges, si l’on y inclut les UDI et les divers droite, alors que quelques 80 candidats du « canal historique » de la droite étaient engagés pour ce 2e tour.
« Nous, LR, contre les pronostics et malgré les trahisons, conservons un nombre de députés équivalents », salue le président du Sénat. Avant d’ajouter : « Nos candidats courageux ont été élus sur la ligne de l’indépendance, de l’autonomie et de l’intérêt de la France et des Français ». Un tacle non-dissimulé à l’encontre du (toujours) patron des LR déchu, Eric Ciotti, qui aura finalement raté son pari en concluant un accord avec le RN.