La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Législatives 2024 : douze points chauds à surveiller
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Une deuxième campagne qui se complique pour Élisabeth Borne dans le Calvados
Une circonscription lourde d’enjeux : la sixième circonscription du Calvados. La configuration est tout sauf idéale pour celle qui a été Première ministre d’Emmanuel Macron de mai 2022 à janvier 2024. Elle avait été élue sans triomphe le 19 juin 2022 face au candidat LFI Noé Gauchard, par 52,5 % des voix, un score bien loin des 68,3 % réalisés par son prédécesseur Alain Tourret en 2017. Les principaux partis de gauche partent unis cette année avec Noé Gauchard. Dans cette circonscription rurale, le Rassemblement national se tient en embuscade, après sa percée spectaculaire aux européennes. Dans le secteur, la liste de Bardella avait réalisé 34,03 %. Le parti à la flamme part d’ailleurs dans cette élection avec un nouveau candidat, Nicolas Calbrix, un cadre d’entreprise de 39 ans, ancien du parti Debout la France. De quoi installer une triangulaire relativement incertaine.
Éric Woerth face à la poussée du RN dans l’Oise
Symbole des nouveaux ralliements LR à Emmanuel Macron de l’année 2022, Éric Woerth fait partie des membres de la majorité à être menacés aux législatives. Questeur de l’Assemblée nationale, seul député Renaissance de son département de l’Oise, l’ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy va devoir batailler pour résister au tsunami d’un vote-sanction et conserver le siège qu’il occupe depuis 2010. En 2022, le député l’avait emporté avec 54,4 % des voix dans un duel face au Rassemblement national dans la 4e circonscription. Avec plus de 36 % des voix dans le secteur, aux européennes, le RN reste à un niveau moins élevé que dans les autres circonscriptions adjacentes, mais en 5 ans, la poussée est notable. Le 9 juin, le parti a même dépassé de près de huit points la liste présidentielle à Chantilly, le fief d’Éric Woerth.
Franck Riester défié par Philippe Fontana (RN) en Seine-et-Marne
Même configuration pour Franck Riester, et sa suppléante Patricia Lemoine, députée sortante. Le ministre du Commerce extérieur fait aussi partie des ténors de la majorité menacés. Dans sa 5e circonscription de Seine-et-Marne, le RN a atteint 38,7 % aux européennes du 9 juin. En 2022, le député de Coulommiers l’avait emporté au second tour par 53,2 % des voix face au candidat RN François Lenormand. C’est l’avocat Philippe Fontana, soutenu par le RN et Éric Ciotti, qui mène la campagne. Aux européennes, aucune liste de gauche n’a passé la barre des 10 %, Laurie Caenbergs (LFI) représente le Nouveau Front populaire.
Clément Beaune sur la corde raide à Paris
L’ancien ministre des Transports, et député de l’aile gauche de Renaissance, Clément Beaune est dans une position inconfortable dans la 7e circonscription de Paris, l’une des plus menacés de la majorité sur les 14 qu’elle détient dans la capitale. En 2022, il l’avait emporté avec moins de 2 700 voix d’avance face à Caroline Mécary (LFI). Dans cette circonscription de gauche regroupant une partie des 4e, 11e et 12e arrondissements, il sera principalement concurrencé par Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo. Ce dernier peut partir confiant, étant donné que Raphaël Glucksmann avait réuni 29,2 % des voix aux européennes. À moins que son bilan municipal soit un handicap. Cumulés, PS-Place publique, les insoumis et les écologistes pesaient 58 % contre 17,1 % pour la liste présidentielle.
Olivier Marleix pris en tenaille dans la 2e circonscription d’Eure-et-Loir
Au vu de la crise qui fracture LR, le sort d’Olivier Marleix sera particulièrement scruté. Le patron du groupe LR à l’Assemblée a été l’un des premiers cadres à s’opposer de façon claire à Éric Ciotti et à son intention de sceller au nom du parti une alliance avec le RN. Il y a deux ans, il avait remporté l’élection haut la main, avec 62,3 % des voix contre le candidat du RN. Le candidat LFI-NUPES et celui de la majorité présidentielle, n’avaient pas pu se qualifier pour le second tour en raison d’une très faible participation.
Qu’en sera-t-il le 30 juin ? Durant plusieurs jours, la majorité présidentielle avait laissé le champ libre face au député sortant, de nombreux responsables locaux déclinant les propositions à cause du risque de voir la circonscription tomber dans les mains du RN. Ce qui s’était produit lors d’une partielle en 1989. C’est finalement Florent Mazy (Horizons), un jeune candidat de 24 ans, qui a été choisi. Le Rassemblement national n’a pas parachuté de figure nationale. Il a choisi un nouveau candidat inconnu : Olivier Dubois. Ici, le RN a réuni près de 39 % des voix aux européennes. La candidate retenue par le Nouveau front populaire, Nadia Faveris, est cette fois issue du Parti socialiste.
Poussée de la gauche dans la circonscription d’Aurélien Pradié
Aurélien Pradié, médiatique député LR, incarnant la nouvelle génération de sa famille politique, avait cultivé sa notoriété durant la réforme des retraites, n’hésitant pas à se démarquer de ses collègues en exigeant un dispositif pour les carrières longues plus ambitieux. Réélu sans difficulté en 2022, avec 64,6 % des voix face à Elsa Bougeard, candidate LFI, le député sortant de la 1ère circonscription du Lot va devoir composer cette fois avec une configuration bien différente. Contrairement à 2022, la majorité présidentielle a investi un candidat face à lui et la gauche part unie cette fois. Les différents partis de gauche avaient obtenu, en cumulé, 35 % aux européennes. Une triangulaire au second tour pourrait rendre l’élection beaucoup plus ouverte qu’il y a deux ans.
Vincent Jeanbrun (LR) pourrait ravir à Rachel Keke (LFI) la 7e circonscription du Val-de-Marne
La 7e circonscription du Val-de-Marne va se jouer entre deux personnalités. D’un côté, la députée sortante (La France insoumise) Rachel Keke, connue pour avoir été avant son élection porte-parole de la longue grève des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles. De l’autre, Vincent Jeanbrun, maire (LR) de L’Haÿ-les-Roses. Cet élu local est devenu l’un des nouveaux visages de la droite des banlieues, après que son domicile a été attaqué par des émeutiers le 2 juillet 2023.
En 2022, Rachel Keke s’était imposée avec très peu d’avance (50,30 %) face Roxana Maracineanu, ministre des Sports. Vincent Jeanbrun avait, lui, échoué à se qualifier au second tour. Cette année, outre sa nouvelle notoriété, le maire LR peut surtout compter sur l’absence de candidat du camp présidentiel. En 2017, lors de sa première campagne législative, il avait obtenu 47,30 % des suffrages face au candidat LREM.
Aurélien Rousseau et Nadia Hai s’affrontent dans les Yvelines
L’affiche de la 7e circonscription des Yvelines (Conflans-Sainte-Honorine) est à suivre avec intérêt également. Dans cette circonscription détenue par la majorité, l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau, qui avait démissionné du gouvernement après l’adoption de la loi immigration, vient défier ici avec la bannière Nouveau Front populaire (Place publique) la députée sortante Nadia Hai. L’ancienne ministre chargée de la Ville sous le gouvernement Castex avait remporté nettement son élection en 2022, avec 55,8 % face à la candidate NUPES Michèle Christophoul (issue du PS). À en juger par les résultats des européennes, le rapport de force entre les différentes tendances s’annonce incertain. C’est dans cette circonscription que le RN et la droite d’Éric Ciotti ont investi la restauratrice et animatrice de télévision Babette de Rozières. LR a également investi un candidat.
Dans le Val-de-Marne, Loïc Signor vient affronter Louis Boyard
Dans la 3e circonscription du Val-de-Marne (Boissy-Saint-Léger / Villeneuve-le-Roi / Villeneuve-Saint-Georges), le plus jeune député de France, Louis Boyard (LFI) repart en campagne pour espérer décrocher un deuxième mandat. Il l’avait emporté en 2022, contre toute attente, face à Laurent Saint-Martin, le rapporteur général du budget (Renaissance), par 52 % des voix. La majorité présidentielle a investi le porte-parole de Renaissance, Loïc Signor, ancien journaliste politique pour CNews. La tâche ne sera pas facile pour lui, la majorité n’ayant réuni que 12 % des voix aux européennes. La poussée de l’extrême droite dans la circonscription – 27,3 % le 9 juin, le plus haut niveau du département, peut aussi modifier la configuration du scrutin. Investi à la fois par le RN et Éric Ciotti, le secrétaire général du Mouvement conservateur Arnaud Barbotin, pourrait viser une qualification au second tour en cas de forte participation.
Jérôme Sainte-Marie veut faire basculer la 1ère circonscription des Hautes-Alpes
À Gap, Jérôme Sainte-Marie fait partie de cette vague de nouveaux candidats investis par le Rassemblement national. L’ancien sondeur, devenu formateur des cadres du Rassemblement national en 2022 se présente dans la 1ère circonscription des Hautes-Alpes, que la majorité présidentielle avait réussi à sauver de justesse en 2022. La députée sortante Pascale Boyer l’avait emporté avec 50,4 % des voix au second face au candidat LFI Michel Philippo. Avec 21,6 % des voix, le RN n’avait pas pu se qualifier. Aux européennes, la liste Bardella avait recueilli 32,6 % des suffrages.
La stratégie d’Éric Ciotti à l’épreuve de la 3e circonscription du Tarn, avec Guilhem Carayon
Un match à trois se dessine dans la 3e circonscription du Tarn. En juin 2022, trois candidats étaient dans un mouchoir de poche au 1er tour, tous aux alentours de 22,2 % des voix : le candidat LFI Julien Lassalle, le député sortant Renaissance Jean Terlier, et la candidate RN Virginie Callejon. Guilhem Carayon, fils de l’ancien député UMP Bernard Carayon (2002-2012), était arrivé 4e avec 16,3 %. Aujourd’hui, le président des jeunes LR retente l’expérience dans une configuration différente. Il fait partie des candidats soutenus à la fois par le RN et Éric Ciotti et la circonscription sera l’un des laboratoires pour voir si cette stratégie se révèle payante. Aux européennes, le RN avait réuni 35,6 % des voix, et LR 7,5 %.
Fabien Roussel en danger dans le Nord
C’est probablement le scrutin le plus difficile qui se préfigure pour le premier secrétaire du PCF, depuis sa première campagne législative en 2017. Dans la 20e circonscription du Nord (Saint-Amand-les-Eaux), Fabien Roussel joue une partie de son avenir politique. Dans ce bastion communiste, le RN a obtenu 47,6 % des voix aux européennes le 9 juin dernier. Et en 2022, moins de 10 points séparaient les deux candidats au second tour, le candidat RN Guillaume Florquin ayant obtenu 45,5 % des voix. Dans une élection législative, l’équation personnelle est importante, mais la montée en puissance locale du parti de Marine Le Pen laisse la porte ouverte à tous les scénarios.
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