L’issue du vote n’est pas une surprise. Le Sénat a adopté à une très large majorité la prorogation de l’état d’urgence jusqu’au 15 juillet 2017 : 306 voix pour et seulement 28 contre. « Le Sénat a toujours été au rendez-vous que lui a fixé le gouvernement quand il s’agissait de la sécurité des Français » s’est félicité le rapporteur (UDI) du texte Michel Mercier. Peu avant le vote, il rappelait sur Public Sénat la nécessité de cette mesure. « La situation exige qu’on maintienne l’état d’urgence. Aujourd’hui, la menace d’attentats est à un niveau extrêmement élevé (…) Donc on a une vraie menace qui est présente partout. » Le texte modifie ainsi la limite maximale de la durée d’assignation à résidence, pour la faire passer de 15 mois à 12 mois.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a d’ailleurs salué et remercié le travail des sénateurs appelant, auparavant, toute de même les Français à la « vigilance » sans pour autant céder à la paranoïa, face à la menace terroriste. « Je les appelle à rester vigilants mais je les appelle aussi à s’amuser, à pouvoir sortir, parce que nous assurons leur sécurité. » Il a ainsi détaillé plusieurs chiffres : 13 tentatives d’attentats déjoués depuis juillet dernier, près de 600 perquisitions administratives, une centaine d’interpellations, une soixantaine de gardes à vue, 35 armes saisies, 140 copies de données informatiques réalisées.
État d’urgence - "Rien de discriminatoire" assure Bruno Le Roux
Parmi les rares opposants, les communistes ont souligné leur crainte d’une installation durable de cet état d’exception. « Ca fait plus d’un an maintenant qu’on est dans cet état d’urgence » rappelle le sénateur Eric Bocquet sur Public Sénat. « Il y a le risque qu’on s’installe de manière pérenne dans cet état d’exception qui doit rester un état d’exception.» Si Bruno Le Roux tient un discours similaire, le sénateur communiste aimerait que le ministre joigne le geste à la parole. « Il faut le dire dans les discours mais aussi le faire dans les actes » affirme-t-il, soulignant qu’il craignait « qu’on aille vers l’état d’urgence permanent. » Un discours porté aussi par l’écologiste Esther Benbassa qui s’est exprimée à la tribune: « Nous sommes, hélas, entrés dans l'ère de la banalité sécuritaire » a-t-elle critiqué. « On nous a enchaîné à l’état d’urgence. »
Le sénateur du Front national David Rachline s’est aussi opposé au vote de la prorogation. « Un état d’urgence qui s’éternise ne peut se substituer à la voie judiciaire » a-t-il martelé.
Pour sa part, Jacques Mézard, président du groupe Rassemblement Démocratique et Social Européen a souligné la nécessité de cette prorogation, pour « ne pas nuire » au travail du gouvernement. « Le plus difficile, ce n’est pas de mettre en place l’état d’urgence mais d’en sortir » a-t-il néanmoins souligné.
Les débats n’ont finalement pas duré et se sont conclus par le vote du texte. C’est la prorogation la plus longue de l’état d’urgence.