Capture d’écran 2024-02-09 124242_3

Le jour où le Sénat a aboli la peine de mort (3/3) : Robert Badinter se souvient

Le 30 septembre 1981, le Sénat adopte l’abolition de la peine de mort en première lecture. La suppression de la peine capitale reste encore aujourd’hui un héritage emblématique de la présidence de François Mitterrand et une victoire majeure pour son ministre de la Justice de l’époque, Robert Badinter. Ce dernier se souvient de ce jour particulier, où la France fut l’un des derniers pays d’Europe à abolir la peine de mort.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Déjà adopté par l’Assemblée nationale à la mi-septembre 1981, le projet de loi portant abolition de la peine de mort est examiné au Sénat le 30 septembre 1981. Depuis 3 jours, les sénateurs se penchent sur ce texte emblématique de la gauche au pouvoir, une promesse de campagne du désormais président François Mitterrand.Or, si devant les députés la tâche était relativement aisée pour le garde des Sceaux, avec une Assemblée acquise à la nouvelle majorité de gauche, devant le Sénat l’enjeu était grand. La Chambre haute, conservatrice, allait-elle voter l’abolition dès la première lecture ? Robert Badinter se souvient que « jusqu’au bout ça a été incertain ».

Le Sénat bascule en faveur de l’abolition

Au terme de trois jours de débats, le mercredi 30 septembre au matin, le Sénat rejette l’amendement du sénateur Edgar Faure, qui entend maintenir la peine de mort pour certains types de crimes. C’est à ce moment précis que le Sénat bascule… les sénateurs sont prêts à voter l’abolition.Dans l’hémicycle, le garde des Sceaux se souvient du message qu’il a reçu des bancs de l’opposition de la part d’un parlementaire : « L’amendement d’Edgar Faure a été rejeté et j’ai reçu discrètement l’avis d’un sénateur de droite, ami, abolitionniste, qui m’a fait passer un mot en me disant, il faut terminer maintenant Monsieur le garde des Sceaux, maintenant ! »L’article premier du projet de loi « La peine de mort est abolie », sans examen des autres amendements comme c’est normalement l’usage est alors mis au vote… et il est adopté par 161 voix contre 126. « Il était très exactement, quand le vote est intervenu et que l’abolition a été inscrite dans nos lois, 12h25, le 30 septembre » se souvient avec émotion Robert Badinter.

« J’ai dit, c’est fini »

Le moment est historique, et revêt un caractère particulièrement fort pour Robert Badinter. Ministre depuis seulement quelques mois il ne pouvait s’imaginer « garde des Sceaux d’une justice qui tuait ». Robert Badinter avait fait depuis le milieu des années 70 de l’abolition de la peine de mort un combat personnel.A l’aboutissement de ce combat, c’est à un grand abolitionniste de l’histoire qu’il pense alors. « Je me suis rapproché du pupitre, là où il y a la médaille "ici siégeait Victor Hugo" – qui avait défendu l’abolition en 1848  c’est à l’extrême-gauche, au 1er rang – j’ai posé ma main, symboliquement sur la médaille et puis j’ai vu le tableau s’afficher et j’ai dit, c’est fini. »Robert Badinter achève ainsi un combat de plus de deux siècles pour l’abolition de la peine de mort.Regardez l’émission Il était une loi - quand le Sénat écrit l’histoire consacrée à la loi abolissant la peine de mort.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Le jour où le Sénat a aboli la peine de mort (3/3) : Robert Badinter se souvient
3min

Politique

Retraites : « Il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », alerte Bernard Jomier

Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

Le jour où le Sénat a aboli la peine de mort (3/3) : Robert Badinter se souvient
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le