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Le « barrage républicain » contre le RN s’effrite, la gauche principale repoussoir, selon notre baromètre Odoxa
Par Public Sénat
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Longtemps érigé en impératif démocratique, le « barrage républicain », consistant à tout faire pour empêcher le Front National puis le RN de remporter des scrutins locaux ou nationaux, ne semble plus d’actualité. Alors que la stratégie du barrage a largement profité à Emmanuel Macron lors des élections présidentielles de 2017 et de 2022, celle-ci ne semble plus gagnante.
La fin de la stratégie du barrage républicain
En 2002, le barrage républicain avait permis au président sortant, Jacques Chirac, de récolter un peu plus de 82 % des suffrages exprimés. La figure d’épouvantail de Jean-Marie Le Pen avait poussé les électeurs a opté pour le candidat de la droite et avait également dopé la participation par rapport au premier tour. 20 ans plus tard, le barrage républicain avait du plomb dans l’aile puisqu’Emmanuel Macron n’a obtenu en 2022 « que » 58,5 % des suffrages et la participation a baissé entre les deux tours. En 2024, le barrage républicain semble définitivement enterré, actant la réussite de la stratégie de dédiabolisation du parti lepéniste.
Parmi les sondés, ils ne sont plus que 42 % à penser que l’arrivée de Jordan Bardella à Matignon serait une mauvaise chose. Paradoxalement, seulement 28 % des interrogés souhaitent que le président du RN devienne Premier ministre. Principale illustration de l’implosion du barrage républicain, 29 % des participants ne craignent pas, mais ne souhaitent pas l’arrivée de Jordan Bardella à la tête du gouvernement. Le parti d’extrême droite ne fait donc plus office de repoussoir absolu ni même de menace pour la majorité des sondés. Le baromètre Odoxa met en lumière une forme de résignation des électeurs qui considèrent, à 56%, que le Rassemblement national sera la force majoritaire à l’Assemblée nationale.
L’émergence d’un barrage contre le Nouveau Front Populaire
Le baromètre Odoxa fait même apparaître un renversement total de la stratégie du barrage. En effet, le Nouveau Front Populaire, l’alliance entre les principaux partis de gauche (PS, LFI, PCF et Écologistes) suscite un important rejet de la part des sympathisants de la droite, du centre et de l’extrême-droite. En effet, 47 % des interrogés se disent prêts à faire barrage au Nouveau Front Populaire, contre 44 % pour la majorité présidentielle et seulement 41 % pour le RN. Autrement dit, le Rassemblement national est la formation politique la moins exposée à la stratégie du vote de barrage. Un renversement total par rapport aux précédentes élections.
C’est chez les sympathisants de la droite et du centre que la tendance s’est inversée, puisque 71 % des sympathisants Renaissance sont prêts à faire barrage au Nouveau Front Populaire contre 65 % pour le Rassemblement national. En cas de duel, au deuxième tour, entre un candidat issu du NFP et un candidat RN, les sympathisants du parti présidentiel pourraient donc favoriser le candidat issu de l’extrême-droite. Chez les sympathisants LR la tendance est encore plus forte et 77 % déclarent vouloir faire barrage au NFP contre 45 % pour le RN. Enfin, Jordan Bardella suscite de l’adhésion chez 82 % des sympathisants de droite et d’extrême-droite (UDI, LR, Debout la France, RN et Reconquête !). Si la popularité de Jordan Bardella à droite peut expliquer le recul du vote barrage, Jean-Luc Mélenchon semble faire figure d’épouvantail pour une importante partie des personnes interrogées. Avec 68% d’opinions défavorables Jean-Luc Mélenchon devient la personnalité politique suscitant le plus de rejet.
Un scénario favorable au Rassemblement national
Le recul de la logique du « barrage républicain », couplé à une augmentation de la participation pourrait très largement favoriser le Rassemblement national et lui permettre de se rapprocher de la majorité absolue à l’Assemblée nationale. 81 % des sondés affirment s’intéresser aux élections législatives du 30 juin et du 7 juillet, soit un bon de 19 % par rapport au scrutin européen du début du mois. Ce regain d’intérêt devrait se traduire par une forte augmentation de la participation par rapport à 2022 où seulement 47,5 % des inscrits avaient voté. L’une des principales conséquences de l’augmentation de la participation pourrait se traduire par une explosion du nombre de triangulaires, c’est-à-dire un deuxième tour impliquant trois candidats. Afin de se qualifier pour le deuxième tour, un candidat doit recueillir au moins 12,5 % des voix des inscrits de sa circonscription. Si la participation atteint les 65 %, le seuil de qualification pour le second tour s’élèverait donc autour des 18 %.
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Méthodologie :
Enquête réalisée par internet les 19 et 20 juin 2024.
Le baromètre s’appuie sur un échantillon de 1 002 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Chaque sondage présente une incertitude statistique que l’on appelle marge d’erreur. Cette marge d’erreur signifie que le résultat d’un sondage se situe, avec un niveau de confiance de 95 %, de part et d’autre de la valeur observée. La marge d’erreur dépend de la taille de l’échantillon ainsi que du pourcentage observé. Dans un échantillon de 1000 personnes, si le pourcentage observé est de 20 % la marge d’erreur est égale à 2,5 % : le pourcentage réel est donc compris dans l’intervalle [17,5 ; 22,5].
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