« Je ne demande rien, mais c’est le moment de l’engagement et cela me correspond », indique l’architecte de l’accord de Paris sur le climat, dont le nom a été proposé par les socialistes, accepté par les communistes et les Ecologistes, mais rejeté par les Insoumis qui la trouvent trop modérée.
« Quand il y a une crise politique, il faut y répondre. Il y a besoin d’une personne de gauche, si cela doit être moi je le fais », ajoute cette universitaire de 73 ans, issue de la société civile et jamais encartée après une brève expérience dans sa jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire.
« Même si le Nouveau Front populaire (NFP) n’a pas gagné la majorité absolue, il a obtenu un succès qui répond à l’urgence sociale et écologique », analyse celle qui fut choisie sous François Hollande pour mener l’équipe de négociation française à la COP21.
« C’est donc une politique de gauche qu’il faut faire et non pas chercher un barycentre », comme le prétend le camp présidentiel, défend cette négociatrice chevronnée, qui doit désormais réussir l’exploit d’unir le NFP derrière elle.
« On a une boussole, une ambition, les électeurs l’ont indiqué : le programme du Nouveau Front populaire », martèle-t-elle.
Le futur gouvernement devra rétablir la « justice fiscale », assurer « la relance du dialogue social sur les salaires » et remettre à plat la réforme des retraites : « Il faut abroger la réforme, la geler, tout ce qu’on veut, mais on ne l’applique pas », estime Laurence Tubiana, qui souhaite aussi abroger la loi immigration.
Au sein du bloc de gauche, LFI continue de pousser le nom de la Réunionnaise Huguette Bello, jugeant Laurence Tubiana trop « Macron-compatible ».
« J’ai refusé trois ou quatre fois d’entrer au gouvernement sous Emmanuel Macron, car j’étais en désaccord avec sa politique », leur répond-elle, mettant en avant sa capacité à « gagner des majorités à l’Assemblée nationale », à « arracher le plus possible de choses en trouvant des consensus ».
Laurence Tubiana se dit « obsédée « par le nombre d’électeurs qui ont choisi le Rassemblement national : Il faut aller en chercher certains parce qu’ils sont en colère, ils pensent qu’on ne s’occupe pas d’eux. Les Gilets Jaunes, c’était aussi ça ».
« François Ruffin a dit quelque chose de très bien : il faut être bienveillant. Ne pas brutaliser la société, c’est quand même la base de la démocratie, non ? », conclut-elle.
(Avec AFP)