La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
L’agression d’un chauffeur de taxi par un individu radicalisé relance le débat sur la lutte contre la radicalisation en prison
Par Fabien Recker
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L’enquête vient de débuter, mais les premiers éléments semblent déjà confirmer la piste terroriste. Dans la nuit de dimanche à lundi, à Poissy (Yvelines), les policiers ont interpellé le suspect de l’agression violente d’un chauffeur de taxi, survenue à proximité du Mans le 16 juillet.
L’homme « était sorti du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe le 26 juin » où il avait purgé une peine de près de trois ans « pour des faits de droit commun » a indiqué le Parquet national antiterroriste (PNAT) à l’AFP. Il se serait radicalisé en prison selon le parquet, développant « une idéologie radicale conduisant à sa prise en charge dans un quartier de prévention de la radicalisation violente ».
La victime est blessée au cou
Faisant l’objet d’une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance (Micas), il devait pointer quotidiennement au commissariat depuis sa sortie de prison. Quelques jours avant son passage à l’acte, l’homme aurait acheté des armes « en vue de commettre une action violente au nom de l’idéologie djihadiste (…) de l’Etat islamique dans des lieux publics », toujours selon le PNAT.
Le 16 juillet, il aurait finalement appelé un taxi et « sous la menace d’une arme de poing » forcé le chauffeur à le conduire sur la commune de La Ferté-Bernard (Sarthe) où il l’aurait entravé avec de l’adhésif ». La victime, blessée au cou, a réussi à s’échapper. L’enquête doit déterminer si le suspect préparait ou non une autre action violente.
La difficile lutte contre la radicalisation en prison
Une femme de 49 ans, que le suspect a rejoint lors de sa cavale dans les Yvelines, ainsi que la demi-sœur du suspect et un homme soupçonné de lui avoir fourni des armes ont également été mis en examen.
« La bonne nouvelle, c’est qu’il a été arrêté » réagit Nathalie Goulet, sénatrice de l’Orne et spécialiste de la lutte contre la radicalisation. « La mauvaise, c’est qu’il s’est radicalisé en prison ».
L’affaire démontre toute la difficulté de la prévention de la radicalisation en prison, affirme l’élue, pour qui il reste encore beaucoup de progrès à faire. « Sur la formation des aumôniers, des imams… Et on un a problème qui n’a pas été réglé : faut-il isoler les détenus radicalisés, ou les mélanger aux autres ? Il faut faire du cas par cas ».
Le Sénat avait légiféré
Le suspect de La-Ferthé-Bernard « était sorti depuis moins d’un mois, complètement radicalisé et totalement dans la nature » constate Nathalie Goulet. « Au Sénat, nous avions pourtant légiféré » rappelle-t-elle.
En mars dernier, la chambre haute avait adopté une proposition de loi instituant de nouvelles mesures judiciaires dans la lutte anti-terroriste, à l’initiative de François-Noël Buffet (LR, Rhône). Le texte prévoyait notamment d’améliorer le suivi post-carcéral des condamnés pour terrorisme.
La menace terroriste d’« hyper-actualité »
Mais faute d’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, il est resté dans les cartons pour l’instant. « C’est dommage car c’était un texte nécessaire » s’agace Mme Goulet. Pour qui les faits survenus dans la Sarthe montrent « que le sujet de la menace terroriste demeure d’hyper-actualité (…) à la veille des JO, où on n’est pas à l’abri d’une série d’actes d’inspiration terroriste ».
L’avocat du suspect de l’agression du chauffeur de taxi, Me Emanuel de Dichenin, a déclaré à l’AFP que son client contestait « fermement la tentative d’assassinat ».
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