La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
La sénatrice Sophie Primas, une spécialiste de la consommation, nommée au Commerce extérieur
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Son nom a très certainement été poussé par son président de groupe, Bruno Retailleau, et surtout Gérard Larcher, dont elle est l’une des proches. Proximité géographique oblige. Sénatrice des Yvelines depuis 2011, Sophie Primas était le nom qui revenait avec insistance pour le portefeuille du Commerce extérieur, dans le gouvernement de Michel Barnier. Elle devient ministre déléguée (auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères) chargée du Commerce extérieur et des Français de l’étranger. Le poste semble taillé pour cette parlementaire qui a occupé pendant six années la présidence de la commission des affaires économiques. Avec ses collègues, elle a poussé les travaux relatifs à l’énergie, l’agriculture ou encore le logement au rang de priorités.
Sénatrice appréciée et très respectée au palais du Luxembourg, la Francilienne de 62 ans peut aussi s’appuyer sur son expérience professionnelle. Ingénieure agronome de formation, puis diplômée en gestion et marketing de l’Essec, Sophie Primas a fait ses premières armes dans le commerce de détail. Elle est aussi passée par Kantar, l’un des principaux instituts d’études marketing et d’analyse du marché.
Une personne clef au Sénat, investie sur les sujets de compétitivité, d’agriculture ou encore d’énergie
Cette spécialiste du monde de la distribution accède à ses premières responsabilités politiques en 2001, quand elle est désignée adjointe aux finances à la mairie d’Aubergenville, ville de 12 000 habitants le long de la Seine, entre Mantes-la-Jolie et Poissy. Aux municipales de 2014, sa liste remporte 80 % des voix. Elle devient maire mais pour une moitié de mandat. Elle décide de privilégier le Parlement et elle quitte la tête du conseil municipal à l’automne 2017, en vertu de la loi sur non-cumul.
C’est à ce moment que débute son ascension au Sénat. Réélue pour un deuxième mandat, elle est choisie par ses collègues comme présidente de la commission des affaires économiques. La période coïncide avec le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, où les projets de loi s’enchaînent sur son bureau. À ce poste-clé, elle a la responsabilité de présider plusieurs commissions mixtes paritaires, sur les lois Elan (logement), énergie-climat ou encore Egalim (agriculture et alimentation). Au cours des différentes navettes, elle est parvenue à faire entendre la voix du Sénat.
Tout au long de la période marquée par des crises internationales, la sénatrice des Yvelines monte au créneau pour défendre la compétitivité des entreprises françaises, l’un de ses chevaux de bataille. « Nous considérons qu’il y a encore du chemin à faire », lâchait-elle devant en audition, devant Franck Riester, le ministre chargé du commerce extérieur et de l’attractivité.
Opposante au traité UE-Mercosur, qu’elle qualifie de « rouleau compresseur agricole »
Très critique sur l’envolée du déficit commercial, la sénatrice a également ciblé à de multiples reprises la stratégie énergétique sous Emmanuel Macron, et l’indisponibilité de plusieurs réacteurs nucléaires au moment de tensions sur le marché des hydrocarbures. « Je pense que nous n’aurions pas un tel déficit en matière énergétique, si nous n’avions pas été dans l’obligation d’acheter autant d’énergie en cette période », avait-elle dénoncé.
Dans un rapport transpartisan intitulé « cinq plans pour reconstruire la souveraineté économique », elle affirme que la politique commerciale est « aujourd’hui affaiblie par le manque de réciprocité de nos échanges ». À l’image d’une majorité de sénateurs, Sophie Primas alerte à plusieurs reprises sur les risques de distorsion de concurrence, dans les échanges transnationaux, et insiste sur la nécessité de protéger certaines filières sensibles. Au sujet de l’accord Union européenne-Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay), elle évoque un « rouleau compresseur agricole ». Elle fait également partie de la majorité de sénateurs qui se sont opposés au volet commercial du CETA (UE-Canada).
Elle quitte « à contrecœur » le parti LR en juin 2024
Au sein de la droite, Sophie Primas, devenue vice-présidente du Sénat à l’issue des sénatoriales de 2023, est reconnue pour être à l’écart des écuries. Elle obtient des responsabilités dans les instances du parti, au fil des différentes présidences. En 2017, elle a soutenu François Fillon, comme de nombreux sénateurs, puis Valérie Pécresse en 2022, l’une de ses amies. En 2021, quand le parti s’interrogeait sur la meilleure façon de « départager » les prétendants à l’Élysée, son nom avait circulé comme médiatrice.
Elle a finalement claqué la porte du parti début juin, à « contrecœur », furieuse contre la stratégie d’alliance avec le Rassemblement national décidée unilatéralement par le président contesté Éric Ciotti. Elle s’était rapprochée en amont du mouvement « Nouvelle énergie » de David Lisnard.
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