Vingt-cinq millions de disques. C’est le nombre d’albums vendus par Chico, icône de la musique gitane. Pourtant rien ne le destinait à le devenir, lui l’enfant d’une famille immigrée originaire du Maghreb. Car Chico, de son vrai nom Jahloul Bouchikhi, est un gitan d’adoption. Un surnom qui lui vient de son enfance passé dans un quartier d’Arles où vivaient des Espagnols et des gitans, qui l’avaient surnommé « Chico », ce qui veut dire « petit garçon » en espagnol. Enfant d’une mère algérienne et d’un père marocain, adopté par les Reyes, famille gitane d’Arles, il ne s’est jamais senti rejeté à cause de ses origines au sein d’une communauté qui l’a accueilli à bras ouverts.
« Je me suis retrouvé chez eux comme chez moi »
Ce mélange des cultures a donné lieu à « une musique qui n’a pas de barrière d’âge, pas de barrière sociale, pas de barrière de langage, qui fait que c’est intergénérationnel et ça parle à tout le monde ». Peut-être la recette du succès pour Chico, qui constate à chaque fois les mêmes réactions du public face à ses chansons, qu’il soit en France, au Japon, au Canada ou aux États-Unis.
« Il y a toujours un message, c’est la paix, le pardon, l’amour, la tolérance, la bienveillance », qui se veut universel et rassemble tout le monde. Il est donc possible de s’unir autour de la musique ? « J’ai été dans des pays qui se déchirent et j’ai eu la chance de jouer de chaque côté. Je me dis qu’ils ont quand même un cœur, ils vibrent de la même manière ». C’est ce qui donne espoir à celui qui a été ambassadeur de l’Unesco pour la paix, comme ce jour de septembre 1994 où il chante devant Yasser Arafat et Shimon Peres, pour le premier anniversaire des accords de Paix signés à Oslo un an plus tôt.
« L’ampleur (du succès) m’a toujours surpris »
Chico a malgré tout été un peu dépassé par le succès : « J’ai toujours eu la foi dans la musique mais l’ampleur m’a toujours surpris », admet-il. Il « n’imaginait pas le millième » de ce qu’il a vécu. « C’est un conte de fées, c’est une aventure extraordinaire » pour celui qui décrit son parcours comme un « destin atypique ». A l’image de cette anecdote avec Eric Clapton, célèbre guitariste et chanteur, venu féliciter le groupe des Gipsy Kings après un concert à Londres, alors que Chico et ses comparses ne le reconnaissent pas.