Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
La gauche sénatoriale soulagée par la désignation de Lucie Castets au Nouveau Front populaire
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C’est la fin de deux semaines et demie de discussions, et de doutes, au Nouveau Front populaire (NFP). La coalition de gauche, née dans l’urgence après la dissolution du 9 juin, a surmonté sa première grosse difficulté. Elle s’est finalement entendue ce 23 juillet pour désigner Lucie Castets, dans le cas où Emmanuel Macron déciderait d’appeler la gauche à Matignon. Ce que le chef de l’État a exclu hier soir, au cours d’une interview sur France 2. Lucie Castets, une haute fonctionnaire 37 ans, est directrice du budget de la mairie de Paris, elle est également l’une des deux porte-parole du collectif « Nos services publics ».
Au Sénat, dans les bancs de gauche, l’épilogue sonne comme une délivrance. « On l’a fait ! Très fier de soutenir Lucie Castets comme Première Ministre du Nouveau Front Populaire. Son engagement pour les services publics, la justice sociale et la transformation écologique, et sa disponibilité pour servir le pays nous font honneur ! » s’est par exemple enthousiasmé le sénateur écologiste Yannick Jadot. « Après les tergiversations de ces derniers jours voilà une bonne nouvelle et un profil qui peut rassurer tout le monde », a applaudi le sénateur PS Michaël Weber. « Franchement, quelquefois on a de bonnes nouvelles ! Une candidature issue du monde associatif, clairement de gauche, technique et politique à la fois », a énuméré le socialiste Claude Raynal.
« On sait très bien que la séquence était chez les députés, c’est normal qu’ils aient eu la main là-dessus »
Au vu d’un calendrier devenu contraint, les sénateurs, qui réclamaient d’être partie prenante aux discussions, restent indulgents sur le processus de désignation. « On sait très bien qu’il y a eu des législatives et que la séquence était chez les députés, c’est normal qu’ils aient eu la main là-dessus », reconnaît Guillaume Gontard, le président des sénateurs écologistes. L’Isérois ne veut pas en tenir rigueur. « Quoiqu’il arrive, on a notre rôle à jouer, le Sénat sera amené à voter des textes. » Les communistes reconnaissent également avoir été associés, tout en précisant que le processus est resté essentiellement à la main des partis. « On a été associés, mais on n’a pas pesé dans le choix », commente un autre membre du Nouveau Front populaire de la chambre haute.
« Le consensus s’est fait. J’ai toujours défendu cette idée, c’est plus efficace qu’un vote qui viendrait partager de fait, voire cliver le rassemblement », considère la présidente du groupe communiste Cécile Cukierman. La sénatrice de la Loire demeure satisfaite du profil retenu. « Elle a une expérience dans l’engagement, et elle rejoint nos valeurs. Elle a cette fibre d’une politique publique, qui doit se mettre au service de tous. »
« Est-ce que ça fera trembler Macron ? Je n’en suis pas certain »
Guillaume Gontard estime quant à lui que Lucie Castets correspondait à l’idée qu’il se faisait du « portrait-robot ». « Une femme, c’était une évidence. Il fallait quelqu’un issu de la société civile, car c’était ça aussi le Nouveau Front populaire. Comment on remet de l’Etat, de la protection, c’est quelqu’un qui connaît très bien ces sujets. Elle a aussi cette vision du lien avec les collectivités. »
Chez les socialistes, beaucoup de membres saluent ses compétences. Il faut dire que la direction nationale a poussé son nom, avec celui de Jérôme Saddier, président du Crédit coopératif. Certains lâchent une petite pointe de déception, eu égard à son manque de poids et d’engagement politique. « C’est une femme très compétente. Elle cochait les casses pour cet accord a minima. C’est d’abord une haute fonctionnaire. Est-ce que ça fera trembler Macron, je n’en suis pas certain. Mais je ne vois pas comment on aurait pu faire mieux dans le contexte », commente un membre du groupe.
Hussein Bourgi, sénateur de l’Hérault, demeure malgré tout inquiet du « jeu de dupes » qui s’est joué au Nouveau Front populaire. « Mme Castets a indéniablement beaucoup de compétences et de qualités. Il n’en demeure pas moins que le NFP n’ayant pas de majorité à l’Assemblée nationale, il aurait gagné à élargir sa base parlementaire en construisant une coalition avec les centristes. Comme François Mitterrand et Michel Rocard l’avaient fait en 1988. Ne l’ayant pas fait, et restant enfermé dans la posture du le programme, tout le programme et rien que le programme », le NFP s’est fait éconduire par Emmanuel Macron », observe le parlementaire.
Décontenancés par la prestation présidentielle, les sénateurs de gauche ne machent pas leurs mots à l’égard d’Emmanuel Macron, et surtout, son refus total d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner. « Il est dans un déni total, je lui demande de ne pas jouer avec la démocratie », s’indigne Guillaume Gontard. « J’ai pris une leçon professorale d’un homme qui a fragilisé la vie parlementaire depuis plusieurs années et qui n’a rien réglé depuis la dissolution », s’insurge Cécile Cukierman.
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