La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
L’Europe de la défense au cœur de la présidence française de l’UE
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La présidence française de l’Union européenne a commencé il y une semaine, et Ursula von der Leyen est déjà à Paris avec une délégation de la Commission européenne. Il faut dire qu’il va falloir se presser si la France et les dirigeants européens veulent substantiellement faire avancer des dossiers pendant cette présidence européenne écourtée par les échéances électorales d’avril à juin prochain. On sent d’ailleurs, quand Emmanuel Macron détaille les grands rendez-vous de cette présidence française, que le calendrier va être rythmé : sommet à Brest « Un Océan » le 11 février, sommet de Bruxelles sur les relations avec l’Union africaine la semaine suivante et sommet informel en France les 10 et 11 mars autour des problématiques stratégiques et budgétaires. S’ouvrira ensuite la campagne officielle pour l’élection présidentielle et – si les administrations françaises et européennes continueront leur travail – il sera plus difficile pour le Président de la République d’assumer ce leadership temporaire.
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« L’Union Européenne doit dialoguer avec la Russie »
Un programme chargé, donc, pour cette présidence française dont nous vous détaillions les principaux enjeux et le calendrier ici. Invitée en France pour débuter un travail sur tous ces dossiers, Ursula von der Leyen « se réjouit qu’un pays avec le poids politique et l’expérience de la France assume la présidence du Conseil dans une période si délicate. » La présidente de la Commission européenne évoque ainsi la crise sanitaire, mais surtout les « tensions importantes » dues à « la pression militaire de la Russie sur l’Ukraine et à l’intimidation de la Moldavie. » Lors de cette conférence de presse conjointe entre Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, les discussions ont en effet beaucoup tourné autour de la construction d’une Europe de la défense et de sa relation, le cas échéant, à la Russie. La présidente de la Commission européenne en appelle à « une véritable union de la défense qui nous prépare aux futures menaces, » mais pour cela, il faut se « mettre d’accord sur nos priorités. »
C’est ce « dialogue franc » que la France aura à « coordonner » – selon les mots d’Emmanuel Macron – au cours de cette présidence de l’UE. « C’est pourquoi j’ai passé beaucoup de temps à comprendre les préoccupations et l’histoire des différents pays de l’UE, qui est différente vis-à-vis de la Russie » a ajouté le Président. Il le réaffirme : « La France continue d’échanger avec la Russie et je pense que l’UE doit dialoguer avec la Russie. Dialoguer ce n’est pas concéder. » Alors qu’une réunion sur le format « Normandie », qui réunit la Russie et l’Ukraine ainsi que la France et l’Allemagne, aura lieu « dans les prochaines semaines », Ursula von der Leyen a réaffirmé « qu’il n’y aura de solution qu’avec l’Europe » sur ce dossier, en évoquant son influence dans l’OTAN. Un ton déjà un peu différent de celui d’Emmanuel Macron, qui semble attaché à une position – qui est historiquement celle de la France – un peu moins atlantiste que celui de l’ancienne ministre de la Défense allemande. Le dialogue à 27 pour déterminer une position d’une éventuelle Europe de la défense – en intégrant des pays comme la Pologne – risque pour le moins d’être ardu.
« Le Sénat français l’une des chambres parlementaires les plus actives dans le dialogue politique avec les institutions européennes »
Après cette conférence de presse, Ursula von der Leyen et son collège de commissaires européens sont allés à l’Assemblée nationale et au Sénat pour échanger avec les parlementaires français. Les parlements nationaux jouent en effet un rôle important dans le fonctionnement de l’Union Européenne, comme le rappelle Gérard Larcher devant la délégation de la Commission en évoquant « le contrôle de subsidiarité, la transposition des normes européennes en droit national, la ratification des accords internationaux. »
Au niveau de la présidence française du Conseil, le Parlement aura la charge d’organiser les « Cosac » (Conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires), qui rassemblent des représentants du Parlement européen et des Parlements des État-membres. « Un moment d’échange qui nous permet de rester en contact et de travailler ensemble » précise Ursula von der Leyen avant de saluer l’implication du Sénat français dans les affaires européennes, en tant que « l’une des chambres parlementaires les plus actives dans le dialogue politique avec les institutions européennes. » Le Sénat organisera la « petite Cosac » qui réunit les Présidents des commissions des Affaires européennes des Parlements des Etats-membres les 13 et 14 janvier prochains.