La Chine est aujourd’hui le premier producteur mondial d’acier, fournissant à elle seule 808 millions de tonnes, soit la moitié de la production mondiale. Une industrie florissante pour le pays asiatique, quand l’Europe peine à conserver ses usines et ses emplois.
Ainsi par exemple, à Sestao, en Espagne, ils ne restent aujourd’hui que 140 ouvriers, dans une usine qui en comptait 150 000 dans les années 1970. Moins rentables face aux prix pratiqués par les chinois, les industriels basques ont dû fermer des sites et revoir leur production à la baisse.
Reportage Europe Hebdo - Acier espagnol
Édouard Martin, ancien ouvrier d’ArcelorMittal, aujourd’hui député européen socialiste, dénonce cette situation : « On a laissé à l’abandon tout un pan de notre industrie ». Il déplore le laisser-faire des pouvoirs publics face au délitement des industries de base. Car l’acier n’est pas le seul secteur touché : « il y a l’acier, la chimie, le verre… sept grands secteurs de l’industrie sont aujourd’hui menacées de disparaître en Europe ».
Face à cet état de fait, Édouard Martin et son homologue de droite Franck Proust s’accordent pour dire qu’il faut mettre en place des instruments de défense commerciale. Ils prônent « les mêmes règles pour tous ». Édouard Martin prend l’exemple des normes anti-pollution imposées aux industries européennes :
« L’Acier produit en chine produit deux fois plus de CO² que l’acier produit en Europe. […] Comment voulez-vous que l’Europe soit crédible si elle impose des mesures drastiques contre son industrie et en même temps ferme les yeux sur ce qui vient d’ailleurs qui ne respecte pas les règles ? »
La Commission européenne instaure depuis un an des mesures anti-dumping, notamment contre certains aciers chinois. Des mesures qui pourraient bien être de plus en plus difficiles à mettre en place si la Chine, comme elle le réclame, obtient la reconnaissance de son statut d’économie de marché, pour l’instant toujours refusé par l’Union européenne.
Dans tous les cas ces mesures de protection ne sont pas soutenues par l’ensemble des États européens. Franck Proust explique qu’il y a deux Europe et un double discours.
« Il y a une frontière qui est une frontière géographique qui va du nord-est au sud-ouest, avec d’un côté l’Europe du Nord, qui est plus une Europe orientée vers le monde de la finance, et puis une Europe du Sud, qui a encore un passé et un vivier industriel important. [...] On ne peut pas tenir à la fois ici, au Parlement et à la Commission, un discours disant il faut réindustrialiser l’Europe, et ne pas protéger cette industrie. »
Mais les fractures sur ce sujet évoluent. Certains pays très libre-échangistes, comme les Pays-Bas, ont récemment changé de position. À terme, un potentiel monopole chinois sur l’acier pourrait en effet être synonyme de hausse de prix. Un argument qui fait bouger les lignes.
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