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Jeux Olympiques 2024 : la Cour des comptes alerte sur le risque d’un déficit des forces de sécurité
Par Simon Barbarit
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A 18 mois de l’organisation d’un des plus grands évènements sportifs jamais organisés en France, la Cour des comptes appelle à la vigilance. C’est la teneur du rapport présenté, ce mardi, par Pierre Moscovici, premier président de la juridiction financière, devant la commission de la culture, de communication et de l’éducation du Sénat.
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Accélérer la phase opérationnelle
Si la phase de planification stratégique « s’est bien déroulée », « la phase opérationnelle est plus délicate », a précisé Pierre Moscovici. Les surcoûts constatés sont dus à l’inflation et aux difficultés d’approvisionnement. Le Cojop a bien rehaussé son budget de 10 % en décembre, à 4,380 milliards d’euros mais ne dispose que de réserves limitées et a déjà puisé 115 millions d’euros sur les 315 millions.
La première recommandation de la Cour des Comptes est d’accélérer la phase opérationnelle notamment en signant « au plus vite les contrats de mise à disposition des sites ». « Au début du mois de novembre 2022, seules onze des 80 conventions d’utilisation prévues avaient été signées […]. Ces décalages successifs exposent désormais le comité à un risque avéré, du fait des conséquences en chaîne qui en résultent sur la préparation des Jeux et, en particulier, pour la conclusion des négociations sur le modèle externalisé de livraison des Jeux », s’inquiète la Cour, demandant que ces conventions soient signées début 2023.
Un autre point de vigilance porte sur les transports et la sécurité. Pour le premier, « la Cour met l’accent sur l’impératif d’achever à temps les infrastructures ». « Je pense à la ligne 14, la porte Maillot, la gare du Nord », a cité Pierre Moscovici.
En ce qui concerne la sécurité, le président de la Cour des Comptes a estimé prudent de « prévoir des scénarios d’adaptation en cas de carence partielle ». « Nous nous y attendons pour le dire franchement », a-t-il reconnu en évoquant à la fois « un risque capacitaire pour l’Etat. « La Cour a recommandé de faire monter en charge les réserves opérationnelles de la police nationale et de la gendarmerie et d’anticiper les conditions de mobilité d’appels éventuels aux forces armées. Il y a aussi un déficit financier éventuel si on fait un appel supplémentaire aux forces de sécurité intérieur. Qui va payer ? Ça doit clairement être le Cojop », a-t-il affirmé.
Le Cojop est une association loi 1901 qui fonctionne avec des fonds privés, mais l’Etat se porte garant en cas de déficit.
« Carence probable de la sécurité privée »
Le président centriste de la commission de la culture, Laurent Lafon mais aussi le sénateur LR Jacques Grosperrin se sont alors inquiétés du « gigantisme » de la cérémonie d’ouverture qui pour la première fois dans l’histoire des JO ne se déroulera pas dans un stade mais sur les quais de Seine où 600 000 spectateurs sont attendus. « Est-ce que vous appelez à ce que le niveau de prestation soit revu à la baisse ? »
Refusant d’émettre un avis sur « une décision politique », Pierre Moscovici a rappelé que la responsabilité de la Cour était « de nous assurer que les moyens nécessaires pour faire face soient garantis. Nous appelons à ce que les choix soient clarifiés et qu’en face soient mis en place les moyens nécessaires », a-t-il insisté en précisant que le scénario définitif pour la cérémonie d’ouverture n’était pas arrêté. « Là encore, les choix doivent être faits raisonnablement tôt car ça aura un impact sur le plan de sécurité ».
La Cour des Comptes a également alerté sur le risque « de carence probable de la sécurité privée ». « Il doit être anticipé ». Pour mémoire, auditionné au Sénat en octobre dernier, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin avait pour la première fois évoqué « l’annulation ou le report d’événement très demandeurs en forces de l’ordre », comme les festivals à l’été 2024 afin de dégager des forces vives pour les Jeux Olympiques.
« Pas de dérives significatives »
Enfin, Pierre Moscovici a tenu à préciser que la Cour n’avait pas constaté à ce stade « de dérives significatives » financières. « Nous constatons que tous les moyens suivis ne sont pas mis en œuvre de façon précise et qu’il reste un certain nombre d’incertitudes. Mais nous ne sommes pas en état de donner des chiffres. Dans ce type d’évènement, c’est souvent ex post, qu’on finit par connaître les choses ».
Ce rapport, prescrit par la loi de 2018 relative à l’organisation des JO, ne prend pas en compte la dernière révision budgétaire du comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (Cojo) de décembre 2022. Elle fera l’objet d’un second rapport d‘étape sur l’organisation des Jeux Olympiques que Pierre Moscovici présentera en juin devant le Sénat.