Jean-Luc Mélenchon quitte l’Assemblée : retour sur trente ans de mandats parlementaires

Jean-Luc Mélenchon quitte l’Assemblée : retour sur trente ans de mandats parlementaires

Jean-Luc Mélenchon n’est pas candidat à sa réélection comme député dans les Bouches du Rhône. Il laisse sa place à son directeur de campagne, Manuel Bompard et met ainsi fin à plus de trente ans de mandat parlementaire. Un parcours qui a commencé au Palais du Luxembourg dans les années 80. 
Simon Barbarit

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

« Le peuple qui ne vous a jamais élu, Jean-Luc Mélenchon, enfin à des élections directes ». Cette erreur commise en direct sur Europe 1, par le journaliste, Nicolas Demorand, est restée dans les annales. Surtout l’échange tendu qui en suivit.

Nous sommes début 2011. Le leader du jeune Parti de Gauche s’agace des accusations de populisme à son encontre. Il se défend et estime être l’un des rares véritables représentants du peuple. Le journaliste croit alors trouver la faille et minimise la légitimité d’une élection sénatoriale, oubliant les autres mandats de Jean-Luc Mélenchon. Mal lui en a pris.

Jeudi, Jean-Luc Mélenchon a confirmé qu’il ne se représenterait pas à la députation dans les Bouches-du-Rhône. Il laisse sa place à son directeur de campagne, Manuel Bompard et met ainsi fin temporairement ou définitivement à une très longue carrière de parlementaire.

Plus jeune sénateur de la Ve République

En septembre 1986, le jeune Mélenchon est le premier secrétaire fédéral du parti socialiste dans l’Essonne. Il est aussi conseiller municipal de Massy et conseiller général. Le maire de Massy impose Jean-Luc Mélenchon à l’élection  sénatoriale alors qu’à une semaine près, il n’avait pas l’âge requis pour être sénateur, 35 ans à l’époque.

Deux jours après son élection qui fait de lui le plus jeune sénateur de la Vème République, il déclare à Libération : « Je suis pourri d’ambition, et ce mandat, je l’ai voulu pour faire enfin de la politique sur des thèmes aigus, qui demandent du temps et de la durée ».

Et au Sénat, Jean-Luc Mélenchon va durer. Réélu 2 fois, il passera plus de 18 ans au Palais du Luxembourg pour seulement 11 questions d’actualité au gouvernement. Il semble préférer les questions écrites. Il en rédigera plus de 500. Il déposera aussi sur son nom, neuf propositions de loi, un bilan plutôt modeste. Lors de la cession 2008/2009, ses deux derniers textes déposés concerneront l’abrogation du délit d’offense au président de la République et l’instauration d’un bouclier fiscal.

C’est à cette époque que Jean-Luc Mélenchon a claqué la porte du PS. L’ancien trotskiste, admirateur de François Mitterrand, passé par le gouvernement Jospin en tant que ministre délégué à l’enseignement professionnel, ne supporte plus la « dérive libérale » de son parti incarné par la motion de Ségolène Royal, sortie majoritaire au congrès de Reims.

Il fonde le Parti de gauche et se lance aux Européennes. Son programme : « Dire non au traité de Lisbonne et non à son auteur, Nicolas Sarkozy ». Tête de liste dans le Sud-Ouest, il obtient 8,15 % des suffrages, ce qui lui permet d’être élu eurodéputé.

Un député européen peu assidu

En juin 2013, une petite musique monte et elle dérange fortement Jean-Luc Mélenchon. Plusieurs médias, Le Monde et Médiapart, rapportent les absences répétées du leader de la France Insoumise à Bruxelles et à Strasbourg. Le site VoteWatch.com classe son assiduité au 727e rang des parlementaires européens sur 751, derrière Jean-Marie Le Pen (716e) et juste devant Marine Le Pen (734e). Comme lors de son passage au Sénat, il ne rédige aucun rapport.

« Quand je ne suis pas au Parlement, c’est parce que je suis dans les manifestations des retraites, dans les manifestations pour la défense de la sidérurgie… Rien que ces deux mobilisations me coûtent neuf jours de présence en plénière. Je l’assume : je me rends là où je suis le plus utile. », se défend-il auprès de Mediapart. Cet « absentéisme » ne l’empêche pas d’être réélu au Parlement européen en 2014.

2017 : il fait son entrée au Palais Bourbon

Il n’ira pas au bout de ce deuxième mandat. En 2017, après son deuxième échec à l’élection présidentielle, « à 600 000 voix près », Jean-Luc Mélenchon se lance de nouveau dans une candidature aux législatives mais change de stratégie.

>> Lire notre article. Jean-Luc Mélenchon rate, à quelques centaines de milliers de voix près encore, la 2ème place du podium

Cinq ans plus tôt, il avait défié Marine Le Pen sur ses terres à Hénin-Beaumont. La campagne est dure. Un faux tract écrit en arabe en faveur de l’immigration comportant une photo de Jean-Luc Mélenchon est distribué par les équipes de Marine Le Pen. Ne parvenant pas à atteindre le seuil de 12,5 % des inscrits, Jean-Luc Mélenchon n’atteint pas le premier tour. Son adversaire est élue et fait son entrée au Palais Bourbon.

En 2017, dans les Bouches-du-Rhône, le leader de la France Insoumise finit par transformer l’essai et est élu pour la première fois à l’Assemblée nationale. Il obtient même un groupe de 17 députés. Son activité parlementaire personnelle s’est considérablement étoffée. Il déposera une trentaine de propositions de loi comme celle mettant fin aux écarts de rémunération entre les femmes et les hommes à poste égal, visant à instaurer la proportionnelle intégrale au scrutin législatif ou encore visant à créer pôle public du médicament. Il rédigera également quatre rapports.

De son mandat, on retiendra également des moments marquants. Comme lorsqu’en juillet 2017, pour protester contre la baisse de cinq euros des allocations logement, Jean-Luc Mélenchon et les députés de son groupe ramèneront quelques denrées alimentaires pendant la séance des questions au gouvernement, pour illustrer le manque à gagner.

En 2021, lors du bilan des 4 ans de la mandature, le groupe insoumis assurait être « le plus actif ces 12 derniers mois » avec 448 interventions en moyenne par député, plus de 59 000 amendements déposés, 100 propositions de loi et quatre commissions d’enquête dont il est à l’origine.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Jean-Luc Mélenchon quitte l’Assemblée : retour sur trente ans de mandats parlementaires
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Jean-Luc Mélenchon quitte l’Assemblée : retour sur trente ans de mandats parlementaires
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le