IVG dans la Constitution : « Le gouvernement doit sortir du bois », appelle Philippe Bas
Après le vote historique du Sénat sur la constitutionnalisation du droit à l’IVG, Philippe Bas (LR), auteur de l’amendement de compromis adopté hier soir, met la pression sur l’exécutif. « Il faut qu’il dise s’il veut un référendum ou s’il veut qu’on passe par le Congrès »

IVG dans la Constitution : « Le gouvernement doit sortir du bois », appelle Philippe Bas

Après le vote historique du Sénat sur la constitutionnalisation du droit à l’IVG, Philippe Bas (LR), auteur de l’amendement de compromis adopté hier soir, met la pression sur l’exécutif. « Il faut qu’il dise s’il veut un référendum ou s’il veut qu’on passe par le Congrès »
Simon Barbarit

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

Ancien collaborateur adjoint de Simone Veil, le questeur du Sénat, Philippe Bas (LR) a de l’émotion » quand il se remémore « l’extraordinaire courage politique » de l’ancienne ministre de la Santé qui en 1974 avait fait passer la loi dépénalisant l’avortement contre une partie de sa majorité de droite.

« C’était autre chose en 1974 […] aujourd’hui la loi fait consensus », tempère-t-il. Toutes proportions gardées, Philippe Bas a marché, mercredi soir, dans les pas de son mentor, en amendant une proposition de loi visant à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, malgré l’opposition d’une très grande partie de la majorité sénatoriale de droite.

« Mon souci, c’était d’éviter un texte qui bouscule l’équilibre de la loi Veil »

Après le rejet d’une proposition de loi similaire en octobre dernier, le Sénat a donc finalement ouvert la porte à l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Le texte tel que voté à l’Assemblée proposait d’inscrire un nouvel article 66-2 dans la Constitution, selon lequel « la loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse ». La « contreproposition » de Philippe Bas votée par le Sénat, inscrit à l’article 34 de la Constitution, la phrase suivante : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse. »

« Mon souci, c’était d’éviter un texte qui bouscule l’équilibre de la loi Veil. J’ai voulu au contraire réaffirmer cet équilibre qui repose sur deux principes : la liberté de la femme enceinte de mettre fin à sa grossesse et la protection de l’enfant à naître après un certain délai », explique-t-il.

L’élu de la Manche justifie le choix des termes « liberté de la femme enceinte », en lieu et place de « droit à l’interruption volontaire de grossesse ». « Nous ne pouvons pas accepter une sorte de droit absolu, indéfini, indéterminé qui ne postulerait pas l’existence de conditions et de limites. Toute liberté a ses conditions et ses limites, l’interruption volontaire de grossesse aussi, c’est ce qu’a voulu la loi Veil ».

« Le gouvernement est resté sur le banc de touche »

Le texte a été transmis à l’Assemblée nationale pour une seconde lecture car il n’a pas été adopté en terme conforme par le Sénat. Si les députés votent la version de Philippe Bas alors le processus parlementaire sera fini et la balle dans le camp du gouvernement. « Mais le gouvernement est resté sur le banc de touche », note Philippe Bas.

En effet, une révision constitutionnelle initiée par une proposition de loi (le Parlement) ne peut être approuvée que par un référendum. Depuis des mois, les parlementaires de gauche appellent le gouvernement à reprendre la main en déposant un projet de loi, afin d’éviter une campagne référendaire qui pourrait faire la part belle aux anti IVG, malgré des sondages montrant qu’une très large majorité de Français est favorable au droit à l’avortement dans la Constitution. Un projet de loi permettrait de réviser la Constitution par la majorité des 3/5e des suffrages exprimés de l’Assemblée nationale et du Sénat réunis en Congrès, sans passer par le référendum.

En cas de vote conforme par les députés, l’exécutif aura trois choix : reprendre le texte dans un projet de loi constitutionnel, organiser un référendum, ou ne rien faire. (Lire notre article)

>> Lire aussi : IVG dans la Constitution : que va-t-il se passer après le vote du Sénat ?

« A un moment donné, le gouvernement doit sortir du bois. Il faut qu’il dise s’il veut un référendum ou s’il veut qu’on passe par le Congrès […] Pour un gaulliste comme moi, passer par le peuple est une voix parfaitement naturelle. Mais le président de la République le veut-il ? Il faut qu’il le dise et il faut qu’il s’engage à le faire si l’Assemblée nationale suit le Sénat », demande le questeur.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

IVG dans la Constitution : « Le gouvernement doit sortir du bois », appelle Philippe Bas
4min

Politique

Réforme des retraites : « La suspension est un leurre, elle sera retoquée en commision mixte paritaire », avertit Cécile Cukierman (PCF)

Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.

Le

Paris: Questions au gouvernement Assemblee nationale
4min

Politique

Budget : l’abandon du 49.3 va-t-il prendre les socialistes à leur propre piège ?

Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.

Le

Direct. Suivez la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu devant le Sénat
30min

Politique

Sébastien Lecornu accueilli froidement au Sénat : revivez les temps forts de la déclaration de politique générale

Le Premier ministre s'est exprimé devant les sénateurs pour sa déclaration de politique générale. Suspension de la réforme des retraites, décentralisation, budget...Le discours de Sébastien Lecornu était différent de celui prononcé à l'Assemblée la veille. Si l'ambiance était plus calme qu'au Palais Bourbon, l'accueil des sénateurs n'en était pas pour autant très enthousiaste.

Le

IVG dans la Constitution : « Le gouvernement doit sortir du bois », appelle Philippe Bas
9min

Politique

Budget : « Incertain » en 2029, le passage à 3 % de déficit arrivera « au mieux en 2031 », alerte Pierre Moscovici

« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».

Le