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Investitures RN aux législatives : l’objectif est bien « la majorité absolue », selon Andréa Kotarac, porte-parole RN

Si la liste définitive des investitures du Rassemblement national n’a pas encore été communiquée, les candidats déclarés affichent des profils divers
Hugo Ruaud

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Ils n’ont jamais été aussi proches de constituer la majorité des députés dans l’hémicycle. Après le score écrasant de Jordan Bardella aux élections européennes qui a conduit Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale, le parti à la flamme pourrait considérablement gonfler son nombre d’élus à la chambre basse, voire flirter avec le seuil des 289 députés – synonyme de majorité absolue – à l’issue des législatives anticipées. C’est dans cette optique que le parti d’extrême droite a dû choisir en vitesse – moins d’une semaine – les 577 candidats qui se présenteront sous sa bannière, ou à minima avec son soutien. Certaines circonscriptions sont évidentes, à l’instar de la 11e du Pas-de-Calais, fief électoral de Marine Le Pen depuis de nombreuses années. Le parti, longtemps en difficulté pour trouver des candidats au niveau sur l’ensemble du territoire s’est peu à peu professionnalisé, ne serait-ce qu’après l’arrivée de 89 députés à l’Assemblée nationale en 2022. Mais il souffre toujours d’un manque d’ancrage local, n’étant jamais parvenu à réaliser de véritable razzia aux scrutins locaux. Pour parvenir à aligner un candidat dans chaque circonscription, le RN sera aidé de la soixantaine de candidats investis à travers l’alliance passée avec le président des Républicains Eric Ciotti, décrits par Le Monde comme « un ensemble hétéroclite où les LR sont minoritaires ». La jeune garde des Républicains fait partie des plus fervents partisans de l’accord entre le parti gaulliste et celui fondé par Jean-Marie Le Pen, et fait donc naturellement partie du vivier dans lequel a pioché Eric Ciotti pour investir des candidats, à l’instar de Guilhem Carayon dans le Tarn, ou Théo Michel en Seine-et-Marne.

 

200 circonscriptions supplémentaires à conquérir

Andréa Kotarac, porte-parole du parti à la flamme, lui-même candidat dans l’Ain, croit à « une majorité absolue » pour le Rassemblement national au soir du 7 juillet. « On a l’opportunité historique de gouverner la sixième puissance mondiale tant les Français ont souffert sur le pouvoir d’achat, sur la sécurité », se réjouit l’élu régional. Le RN a le vent en poupe, et certaines régions lui semblent désormais acquises si l’on se fie aux résultats des différents scrutins territoire par territoire. Mais à l’échelle d’une circonscription, où l’incarnation des candidats et leur ancrage territorial peut leur permettre d’aller à contre-courant des scrutins nationaux, tout peut changer. C’est par exemple le cas pour les circonscriptions de François Ruffin, réélu en 2022 dans la Somme avec plus de 61 % des voix, dans une région pourtant largement acquise au Rassemblement National, tout comme Fabien Roussel dans le Nord. Or pour remporter la majorité absolue, le Rassemblement national devra gagner 200 députés supplémentaires, tout en comptant sur le fait que ses députés sortant seront tous réélus. Une gageure tant certains députés ont été élus en 2022 à quelques dizaines de voix près. En Dordogne, dans le Doubs, en Charente, dans le Nord, dans l’Eure… lors des précédentes législatives, plusieurs duels Nupes / RN ou Renaissance / RN s’étaient joués à moins de 0,2 % d’écart. La participation, qui s’annonce bien plus forte que lors des élections législatives, rend floue l’issue de nombreux résultats, malgré la traditionnelle prime aux sortants et la dynamique dont les élus RN devraient profiter. Mais la forte hausse de la participation n’inquiète pas spécialement Andréa Kotarac, pour qui c’est une « bonne nouvelle » pour le Rassemblement national.

Chroniqueurs de Cnews

Dans certaines circonscriptions perdues de justesse en 2022, le Rassemblement national a aussi renouvelé ses candidats. C’est le cas dans la Sarthe, où la sœur ainée de Marine Le Pen, Marie Caroline Le Pen se retrouve parachutée dans l’ancien fief électoral de François Fillon, où la candidate précédente du parti d’extrême droite avait échoué à remporter la circonscription à seulement 87 voix. Autre « nom » qui pourrait gagner l’Assemblée sous l’étiquette du RN, Jérôme Sainte-Marie, sondeur fréquemment invité des plateaux de télévision devenu en 2022 formateur pour les cadres du parti à la flamme. Mais le stratège aura fort à faire pour obtenir son siège au Palais bourbon : si le RN est arrivé en tête lors du scrutin européen du 9 juin, il était relégué à la troisième place lors des précédentes élections législatives, loin derrière la Nupes et la députée sortante, Pascale Boyer. Jérôme Sainte-Marie n’est pas le seul personnage médiatique à figurer parmi les candidats investis par le Rassemblement national. La chaîne CNews, propriété de Vincent Bolloré, fournit quelques-uns de ses chroniqueurs réguliers au parti de Marine Le Pen. Guillaume Bigot, essayiste habitué du plateau de Pascal Praud, est l’un d’entre eux. Le chroniqueur, parisien d’origine, est parachuté dans le Territoire de Belfort où le Rassemblement national est arrivé en tête le 9 juin.

Des accointances avec la Russie

De même, Pierre Gentillet, avocat et ancien membre de l’UMP, lui aussi familier des plateaux de CNews, est candidat RN dans la troisième circonscription du Cher. Passé par le mouvement de la droite populaire, il est régulièrement épinglé pour être un fervent soutien de la Russie de Vladimir Poutine et un relais des idées pro-russes dans les médias français. Président-fondateur du Cercle Pouchkine, association ayant pour vocation de « fédérer les jeunes pousses des milieux économiques, politiques, culturels et associatifs pour un rapprochement France-Russie », Pierre Gentillet mettait en doute la responsabilité russe dans les massacres de Boutcha. Ce n’est pas le seul candidat aux législatives à qui des liens plus ou moins étroits avec la Russie sont reprochés. Également pointé du doigt, Andréa Kotarac qui s’est rendu plusieurs fois en Crimée et dans le Donbass dénonce « des manipulations », et assure ne pas être « pro-russe ». Epinglé par le site fakeobservers pour avoir été observateur électoral lors d’élections à Donetsk en 2018, le candidat dans l’Ain explique y avoir été « avant tout pour aider des orphelins de guerre » et « alerter sur le danger d’une guerre à haute intensité dans ce territoire ». Mais l’élu régional reste confiant quant à l’impact, limité selon lui, des accusations qui visent le parti d’extrême droite sur la question des ingérences étrangères : « le meilleur thermomètre reste quand le peuple souverain parle ».

 

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