Intérieur/Justice : « Je veillerai à avoir de bonnes relations avec Didier Migaud », veut rassurer Bruno Retailleau

A peine quelques jours après l’annonce du gouvernement, des divergences de vue se sont fait jour entre le nouveau ministre de l’Intérieur LR, Bruno Retailleau et l’ancien socialiste, Didier Migaud, nouveau garde des Sceaux. Présent à la réunion de groupe LR, Bruno Retailleau dément mais précise vouloir s’appuyer sur la légitimité « d’une majorité de Français de droite et de gauche ».
Simon Barbarit

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

C’est un attelage qui en a rendu dubitatifs plus d’un (lire notre article) samedi soir à l’annonce du gouvernement. Comment allait s’entendre le très droitier ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau et l’ancien socialiste, Didier Migaud à la Justice ? Dès lundi, le sénateur de Vendée a marqué son territoire, traçant un périmètre en dehors de son portefeuille. Sur TF1, il s’est élevé contre « l’inexécution des peines ». « Il faut construire des prisons. Ce n’est pas mon domaine mais j’en parlerai très librement avec Didier Migaud », a-t-il annoncé.

« Changer les lois, ce n’est pas atteindre à l’indépendance de la justice »

Au même moment sur France2, l’intéressé lui a rappelé « que la justice est indépendante dans notre pays et que c’est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie ». « Il faut redonner confiance, justement, aux citoyens dans leurs institutions, dans la justice aussi parce qu’il y a le sentiment parfois que la justice est lente ou ne condamne pas suffisamment, (mais) ça n’est pas toujours exact », a-t-il souligné.

A son arrivée à la réunion du groupe LR du Sénat ce mardi, (Bruno Retailleau est encore sénateur pendant un mois), le ministre de l’Intérieur a considéré que ce débat police/ justice « était un classique ». « Je veillerai à avoir de bonnes relations avec Didier Migaud. On s’est déjà parlé et on se verra très régulièrement », a-t-il promis, ajoutant que le garde des Sceaux « avait raison ». « Il faut rappeler que dans une grande démocratie, la justice est indépendante, le principe de la séparation des pouvoirs est un principe de l’Etat de droit ». « Il faut aussi rappeler que les juges prennent des décisions en fonction des lois », s’est-il empressé d’ajouter.

« Je ne m’interdis aucun levier »

Il a ensuite précisé que vouloir changer les lois, « par exemple sur la justice des mineurs », ce n’est pas atteindre à l’indépendance de la justice ». « On doit » aux policiers « qui sont allés au front que les sanctions soient bien exécutées ».

En matière d’immigration, sur Europe 1, Bruno Retailleau a indiqué aussi qu’il « ne s’interdisait pas de prendre, notamment par la voie réglementaire, un certain nombre de dispositions ». « C’est un point que je suis en train de voir avec mes équipes, que ce soit d’ailleurs sur l’ordre public que sur l’immigration », a-t-il confirmé. « Je ne m’interdis aucun levier. Certes, il n’y a pas de majorité à l’Assemblée mais il y a une majorité de Français de droite et de gauche qui veulent qu’on reprenne le contrôle de l’hyperviolence, de l’insécurité, du désordre migratoire ».

Enfin, il a répondu à la mise en garde de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui a dit craindre « un contournement du Parlement. « Pas de contournement du Parlement, dans la Constitution de Ve République, il y a différents articles qui renvoient soit au domaine législatif, soit au domaine réglementaire, il faut s’en tenir à cette distinction ».

 

 

 

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

France Far Right
2min

Politique

Marine Le Pen condamnée : la cour d’appel de Paris envisage une décision « à l’été 2026 »

Les recours déposés par Marine Le Pen et les autres personnalités du RN dans l’affaire des assistants parlementaires pourraient être examinés rapidement, en vue d’une « décision à l’été 2026 ». Un délai qui permettrait à Marine Le Pen, si l’exécution provisoire de sa peine d’inéligibilité est annulée, de se présenter à l’élection présidentielle de 2027.

Le

Intérieur/Justice : « Je veillerai à avoir de bonnes relations avec Didier Migaud », veut rassurer Bruno Retailleau
10min

Politique

Faut-il changer la loi après la condamnation de Marine Le Pen ?

Des voix s’élèvent pour demander une révision des textes, après la condamnation de Marine Le Pen qui l’empêche de se présenter en 2027. François Bayrou invite le Parlement à « la réflexion sur l’état de la loi », pointant « les décisions potentiellement porteuses de conséquences irréversibles, (qui) ne sont pas susceptibles d’appel ». Le sénateur LR et avocat Francis Szpiner soutient lui un changement, affirmant que « la loi pose problème, car elle vide de son sens l’appel ».

Le

SIPA_01206231_000017
7min

Politique

Inéligibilité de Marine Le Pen : existe-t-il encore des recours pour une candidature en 2027 ?

Après sa condamnation à 5 ans d’inéligibilité avec application immédiate, Marine Le Pen a dénoncé « une décision politique » destinée à l’« empêcher de (se) présenter et d’être élue à l’élection présidentielle ». Pour autant, il y aurait « un chemin juridique étroit » pour voir une candidature » de la présidente du groupe RN de l’Assemblée, a déclaré son avocat. Quel est-il ?

Le