Peut-on parler d’un regain de violence en France au moment où plusieurs cas de bagarres entre bandes ont fait l’actualité ces dernières semaines ?
« Pour nous policiers (…) cela fait plusieurs mois, plusieurs années, que nous avons déjà tiré la sonnette d’alarme » assure Stanislas Gaudon, secrétaire national du syndicat Alliance police nationale. « Nous avons constaté qu’effectivement sur le terrain, les jeunes étaient de plus en plus jeunes et de plus en plus violents (…) Ils n’ont plus peur du policier, ils n’ont plus peur de la justice. »
Pour le policier, la réponse pénale est trop faible et peu appliquée : « Comme il n’y a pas de places en prison, on prononce des peines qui sont extrêmement faibles, qui mettent beaucoup de temps à être exécutées, parce que tout le monde ne le sait pas, mais il y a entre 80 000 et 100 000 peines qui ne sont pas exécutées. C'est-à-dire que vous avez des personnes condamnées qui repartent chez [elles] (…) Du coup, vous avez cette jeunesse, complètement désinhibée, qui sait qu’elle ne risque rien. »
De son côté, Jean-Philippe Gautrais, maire (Front de gauche) de Fontenay-sous-Bois, estime que l’insécurité n’est pas grandissante en France : « Est-ce qu’il y a moins d’insécurité aujourd’hui, je ne le crois pas. Par contre, ce qui est certain, c’est qu’il y a moins de moyens. Moi, ça fait 38 ans que j’habite Fontenay-sous-Bois, j’y suis né, j’y ai grandi. J’y habite aujourd’hui toujours, dans des quartiers populaires. Avant, je voyais les gardiens de la paix, qui se baladaient partout. Aujourd’hui, on nous fusionne les commissariats, on se bat avec les policiers pour trouver les moyens nécessaires à la sécurité publique (…) Les territoires où les bandes agissent (…) sont souvent dans des territoires où les services publics sont en totale régression. Donc la question du service public est essentielle. »
Le sociologue Michel Fize, travaille sur ces questions depuis plus de 25 ans : « « Les bandes, c’est le propre de la jeunesse. Il y a toujours eu des bandes (…) il y [en] aura toujours. L’important c’est de contenir les bandes violentes dont le passage à l’acte peut effectivement conduire aux évènements que l’on a vus. (…) Ce qui est nouveau par rapport à il y a dix ans, c’est que l’on utilise des armes (…) plus lourdes qu’il y a une décennie, que le passage à l’acte est plus rapide. Je dirais même presque instinctif. »
Et il ajoute : « On est sur le même terrain social qu’autrefois, un terrain dégradé socialement et économiquement. Et en plus, ce qui peut expliquer les dérives actuelles, c’est une dégradation des mœurs, du bien vivre ensemble, des normes qui permettaient de savoir où était la barrière (…) On a l’impression d’une société qui vit sur le principe du rapport de force. »
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Territoires : un regain de violence ?