Il ne faut permettre aucune régression sur les questions environnementales, a estimé lundi l'ancienne ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, qui avait présenté en 2016 la loi interdisant les pesticides néonicotinoïdes.
"C'est logique: les lobbies cherchent à remonter au créneau", a-t-elle dit à l'AFP, interrogée sur la passe d'armes lundi, entre les ministres de l'Agriculture et de la Transition écologique, autour du sort de cette interdiction.
"Il ne faut pas lâcher ! Il faut donner le signal qu'aucune régression n'est possible sur quoi que ce soit. Sinon c'est une brèche ouverte" sur d'autres reculs, a-t-elle ajouté. "Cela montre que les combats environnementaux sont difficiles".
Les détracteurs de l'environnement avancent en général deux arguments, souligne-t-elle: le besoin de simplification et l'Europe.
"Mais sous couvert de simplifications, on pourrait aussi supprimer le code de l'environnement ! Il y a un vrai risque de rabaissement des normes", ajoute-t-elle.
Quant à l'idée qu'il faudrait attendre les règlements communautaires pour se mettre au diapason - argument des contestataires des mesures anti-néonicotinoïdes - "il faut bien des pays à l'offensive, les plus courageux et les plus consciencieux !"
"La France avance, face à l'inertie européenne. Si tout le monde s'attend, on a des catastrophes", ajoute Mme Royal.
Quant à l'idée de protéger les industries en levant le pied sur les questions environnementales, "c'est faux", dit-elle encore.
Renoncer à interdire les néonicotinoïdes serait "non seulement scandaleux pour la santé publique mais casserait aussi les industries qui veulent aller de l'avant" en investissant dans des alternatives à ces pesticides.